The ROLLING STONES – Goats Head Soup

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The ROLLING STONES – Goats Head Soup

The Rolling Stones

Il se dit que, sympathiquement pour le Diable, les Rolling Stones lui auraient vendu leurs âmes après Exile On Main St. (1972). Imaginons qu’un minot ou un poulbot découvre le groupe en 1973 avec Goats Head Soup. Aborderait-il l’album comme une denrée périssable, un quignon de pain ou, pire, une crotte d’yeux ? N’y verrait-il pas plutôt le souffle d’un dieu du rock ? « Dancing With Mr. D. », « Doo Doo Doo Doo (Heartbreaker) », « Angie » ou « Star Star » seraient des chansons kleenex, jetables, au titre qu’elles négligent le blues originel, fondation sur laquelle la formation s’est bâtie ? Vade retro satanas ! On y danse avec le Malin !

The ROLLING STONES – Dancing With Mr. D

Bien sûr, l’album contient des balades qui ne pissent plus leur rasade de sueur vitriolée au sortir d’un boui-boui louisianais, type « I Got The Blues ». A la place, sur galets fumants, les Cailloux nous servent « Coming Down Again », « Winter » et « Angie ». Avouons que ce brelan a du jarret, le genre de « slow » capable de rapprocher les âmes quel que soit le garage où les ados les jouent pour jouer à « papa-maman ». Et puis, en 1973, période où la pornographie « internet-isée » n’existe pas, la pochette de « Angie », versus 45-Tours, suscite bien des émois dans les jeans de ces jeunes gens ; Attention ! Sticky Fingers à l’horizon.

Angie

En face, il y a les « torridités », ces morceaux qui détruisent les chaises au profit de stations verticales agitées. « Doo Doo Doo Doo (Heartbreaker) », « Star Star » ou « Silver Train » en font parties. Riffs décapants, pédale wah-wah, Billy Preston, Stu ou Nicky Hopkins aux claviers, et que roulent les pierres, et que tournent les danseurs. N’oublions pas les cuivres rutilants sur « Heartbreaker » et les solos de slide de Mick Taylor, qui scelle en passant ses dernières notes au sein du combo.

The Rolling Stones

Hormis ces morceaux phares, que reste-t-il ? « 100 Years Ago », « Hide Your Love » et « Can You Hear The Music ». Si on peut les qualifier « moyens », ces morceaux sont loin d’essuyer la vindicte populaire. Ils comptent même des adeptes qui les adoubent. Il est vrai, Black and Blue (1976) et Some Girls (1978) mis à part, qu’à l’écoute de ce qui suivra …

The ROLLING STONES – Doo Doo Doo Doo (Heartbreaker)

En 1973, live, la playlist des concerts comprend « Star Star », « Dancing With Mr D » et « Angie ». Pour se rendre compte, il existe un CD capté lors d’un show donné à Bruxelles (CF L’affaire de Bruxelles sur ce même site) alors que Keith Richards, sous le coup d’une inculpation pour usage et trafic de stupéfiants, ne peut plus se produire en France. L’occasion permet d’évaluer l’efficacité de ces trois titres servis tout chaud. On l’aurait parié, ils décontaminent les conduits auditifs, provoquent des poussées ondulatoires, dépotent leur « race », démontrant, par là-même, toutes leurs qualités.

Goats Head Soup, à n’en pas douter, renferme son lot de classiques rock’n’rolliens, de confitures au gingembre, de soupes au tabasco. « Chèvre », vous avez dit chèvre ? Les mauvais coucheurs sont priés d’aller bêler ailleurs.

Star Star

Les Stones, des Stars ? C’est celui qui dit qui y est !

Thierry Dauge

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