Une revue osée dans la culture actuelle
Histoire de bien commencer cette nouvelle année, il s’agit d’être nouveau et original. Alors quoique de mieux que de parler de PERSONA, une revue trimestrielle originale qui s’abreuve autour de la musique mais pas que. Elle approche tous les arts possibles, s’en délecte et se veut la plus lisible et la moins hautaine possible. Bref, une sorte d’Inrockuptibles sans le côté «je me la pète », mais avec une mise en page et donc une envie d’en savoir plus remarquable.
MNNQNS – Full Circle Bak (Live – Paris – 30/06/2022)
Pour fêter son 21ème numéro en novembre dernier Frédéric Lemaître a réuni une belle brochette d’anciens et de futurs groupes qui vont réjouir les amateurs de new wave ou de chansons ambitieuses. Sans parler du reste. Pour en savoir plus, le mieux était de rencontrer le maître des lieux.
Comment est née l’envie de faire une telle revue ?
J’ai longtemps travaillé pour un fanzine qui a duré près de 35 ans : Abus Dangereux. Mais dans les derniers temps de ma contribution avec ce titre, je me suis souvent heurté à leur décision de ne pas parler de ce qui était trop « franco-français » comme Dominique A, voire trop expérimental comme les projets de Serge Teyssot-Gay et c’est là que j’ai décidé de voler de mes propres ailes. Je me suis alors dit que PERSONA n’allait pas parler seulement que de musique, mais aussi de littérature, de photographie, de graphisme, tout ce qui en fait m’a toujours nourri depuis des années.
Comment as-tu pensé sa conception et aussi sa durée de sortie (mensuelle, bimestrielle, annuelle, biannuelle) et comment t’es-tu organisé pour faire connaître Persona ?
Il était clair dès le début qu’il fallait prendre le temps de faire les choses. En faire un trimestriel semblait donc la meilleure option. L’idée dès le départ était aussi de ne mettre aucune publicité à l’intérieur et de choisir un beau papier afin de restituer au mieux le travail des artistes. Il était question aussi d’échanger un grand temps de parole avec tous ceux qu’on aime depuis des années et qui ont une œuvre déjà importante.
And Also the Trees – Slow Pulse Boy (live, 1986)
Faire connaître PERSONA est encore aujourd’hui une quête car la distribution est ce qu’il y a de plus difficile à organiser et nous ne disposons que de quelques points de ventes en France. Le plus simple aujourd’hui et le plus avantageux pour nous est de passer par notre site pour se procurer la revue.
https://www.personaedition.com
Comment as-tu recruté tes chroniqueurs ou intervieweurs, sachant, j’imagine, que c’est du bénévolat ?
Les différents chroniqueurs ou intervieweurs sont arrivés petit à petit. Certains travaillaient déjà dans Abus Dangereux et d’autres sur des Web Zine. Au fur et à mesure des sorties et des soirées consacrées à celles-ci, des personnes sont venues me voir et me proposer leur service. Aujourd’hui une douzaine de contributeurs participent à la richesse de la revue et c’est un grand honneur d’avoir toutes ces plumes. Effectivement tout le monde est bénévole car PERSONA n’a toujours aucune aide financière ni aucune publicité à l’intérieur et avec l’augmentation massive du prix du papier il est clair que la presse est dans un grand moment de trouble. La revue vit donc en auto-économie, indépendante jusqu’au bout, mais c’est dur, évidemment !
N’aurais-tu pas préféré faire un blog plutôt qu’une sortie papier, luxueuse qui plus est ?
L’idée de départ était vraiment de continuer à faire un travail à l’ancienne, sur du papier, qui plus est de bonne qualité, et de continuer à faire vivre cette presse indépendante. Ceci dit, aujourd’hui nous sommes tellement sollicités que nous postons aussi des interviews sur notre site et quelques chroniques de livres et de disques, mais nous sommes vraiment attachés au format papier et en ce sens c’est aussi pour ça que PERSONA se veut un bel objet.
Baroque Bordello – L’envie d’en finir (demo, 1982)
En même temps, tu te lances dans l’édition osée autour d’un groupe auquel tu tiens, je suppose, The Cure. Les deux premiers titres de la fameuse trilogie sont sortis et tu bosses sur le dernier, Pornography. qu’est-ce qui t’as amené à faire cela et penses-tu aller plus loin, par la suite, exemple Joy Division ?
Dans le numéro 6 de PERSONA, en 2018, j’avais déjà fait un hommage à l’album Pornography. Par la suite, pour les 40 ans de Seventeen Seconds, j’ai eu envie de replonger dans l’histoire de cet album intemporel, à la fois au niveau de la création, de l’enregistrement et de la tournée qui a suivi. L’ensemble est sorti dans un carnet de 40 pages au format A5. Devant son succès, j’ai donc eu envie de poursuivre avec l’album d’après, Faith et forcément par extension avec Pornography pour ainsi traiter de l’ensemble de la trilogie, qui pour tout fan de Cure est un trésor incommensurable.
Par la suite, effectivement d’autres carnets sont prévus, mais pas seulement musicaux, certains seront dédiés à la photographie et d’autres à la littérature.
En tout cas c’est un plaisir immense de se replonger dans une œuvre et d’aller y dénicher des anecdotes rares, voire méconnues du grand public.
The Cure – Play For Today (Vidéo officielle, 1980)
PERSONA dans sa globalité a toujours envie de proposer une vision neuve et originale de tous les Arts qui nous émeuvent. Espérons que le plus grand nombre puisse s’y intéresser également.
PERSONA – revue Trimestrielle – 12€
https://www.personaedition.com
Patrick Bénard