The Rolling Stones – L’affaire de Bruxelles

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The Rolling Stones – L’affaire de Bruxelles

The Rolling Stones

Le 17 octobre 1973, les Rolling Stones se produisent dans la capitale européenne. A Strasbourg ? Non, à Bruxelles. Pourtant, dans l’idée, ce concert est destiné au public français. Explication …

A la sortie de l’enregistrement d’Exile on Main St. (1972), séances musicales en sous-sol ponctuées de bacchanales à la Villa Nellcote, du côté de Villefranche sur Mer, Keith Richards et Anita Pallenberg héritent du chef d’inculpation suivant : « Usage et trafic de stupéfiants ». Forcément, à faire les cacous en ville … (lire : Exile on Main Street – Une saison en Enfer avec les Rolling Stones de Robert Greenfield). Par conséquence, les Stones ne peuvent se produire en France. Comme ils débutent en septembre une tournée sur le vieux continent, une idée germe dans l’esprit de Jean-Bernard Hebey, homme de radio.

Éminent spécialiste es musique contemporaine, concomitamment aux Nocturnes de Georges Lang, il anime Poste Restante, l’incontournable plage musicale pop et rock sur RTL. Son projet consiste à organiser un concert expressément réservé au public françaisen Belgique ! Il contacte les bonnes personnes et obtient une interview exclusive de Mick Jagger où ce dernier annonce l’évènement ; et en français s’il vous plait ! Un train est affrété qui, de Paris, se rend directement à Bruxelles. Le billet est fixé à 70 Frs, concert compris. Evidemment, le tortillard affiche complet en un clin d’œil.

The ROLLING STONES – You can’t always get what you want

La veille du concert, le 16 octobre, Richards et sa compagne sont fixés sur leurs sors. Le jugement tombe : des « pépéttes » et du sursis ! Sacré Keith

En ce qui concerne la musique, L’Affaire de Bruxelles, bootleg préalablement sorti « officiellement » en 2011, et en anglais, sous le titre Brussels affair, témoigne sur ce que Mick Taylor apportait aux Rolling Stones. Rompant ses chaînes, sa Les Paul enlumine tous les coins et recoins des chansons. Aux doigts et au bottleneck, il lâche des solos déliés et cruciaux, somme de notes échevelées aux fragrances précieuses. En rythmique, il s’accorde merveilleusement aux claviers, ceux de Billy Preston et de Ian Stewart, le pianiste de l’ombre. Le sixième Stones ? En réalité, historiquement parlant, le deuxième après Brian Jones (les « vrais » Stones seraient donc morts ?!).

Rip this joint

Cimentant le tout, Mick Jagger, même s’il « mâche » certaines syllabes, ne met pas une note à côté. On l’imagine arpentant la scène, reins cambrés, adoptant la position du paon qu’il affectionne tout particulièrement. Quant à ce « vieux » Charlie Watts, que l’on pensait « mono rythme », il adopte un jeu de batterie virevoltant aux accélérations et roulements redoutables. Certes, c’était en 1973 …

The ROLLING STONES – Midnight rambler

Pour un bootleg, et du live, le son est plus que « propre ». Une exception : enregistré depuis le public, à coup sûr via un petit magnétophone posé sur des genoux (tout le monde n’est pas debout ?!), « Star star » git au sortir des enceintes telle une « bistouille » marécageuse.

Et le père du Pirate, me direz-vous ? Il tricote sa Telecaster énergiquement, à des lieux de ces états post morphiniques où l’absorption d’héroïne le laisse parfois. Richards chante même le troisième titre de l’album, « Happy », avec un engouement et une hargne qui étonnent l’auditeur, celui qui, jusque-là, ne le croyait capable que d’open tuning.

The Rolling Stones

Bobby Keys ayant été débarqué pour « excès » (au cœur d’une bande de « cramés » pareils, il fallait le faire !) c’est Trevor Lawrence qui astique royalement son saxophone pour des prises de « paroles » remarquables et remarquées.

Côté basse, l’ami Bill Wyman lie ses notes « proprettes » aux autres, bassiste inamovible et imperturbable, plutôt concentré sur les premiers rangs de la fosse à repérer celles qui pourraient le visiter en soirée. Au-delà de ces préoccupations concupiscentes, son apport reste essentiel aux mélodies développées par la guitare rythmique, comblant les creux et les bosses laissés par le Boss.

All down the line

« Jumpin’ Jack flash » occupe l’avant dernière piste du CD. En ce qui concerne son interprétation, pour les aficionados du rock, Johnny Winter sur le Live and (1971) fait figure d’étalon. Est-ce que les créateurs parviennent à sortir de l’ornière où l’individu blasé pense les trouver ? A l’entame du morceau, ça n’est pas gagné. A mis parcours, les orteils commencent à s’animer. Et puis les musiciens s’emballent en un tourbillon qui les amène à rivaliser avec le bretteur des hauts sommets, ce fabuleux Soliste de Neige.

Johnny WINTER And – Jumpin’ Jack flash

The ROLLING STONES – Jumpin’ Jack flash

L’amateur de passage ou le fan invétéré se doit de considérer ce CD comme valant le détour. Allant plus loin, certains affirment sa nécessité ! Pour les empreints de scepticisme, précisons que même les titres de Goat heads soap (1973), de « Dancing with Mister D » à « Angie », prennent une ampleur resplendissante. Et puis, cette fin de concert ! Passant la démultipliée, les Cailloux ne roulent plus leur répertoire, ils le dévalent, kayak incandescent pris dans un fleuve pyrotechnique, terminant le feu d’artifices sur un « Street fighting man » démentiel !

Street fighting man

Le chroniqueur, pas plus fan que ça des Rolling Stones, plébiscite pourtant l’acquisition de ce trésor. D’ailleurs, se refusant à conclure, il laisse ce plaisir à Mick J : « You can’t always get what you want, but if you try sometime … you get what you need ».

We needed, Mick, we needed it.

Thierry Dauge

Label : Acid Project

Titres : CF quatrième de couverture … enfin … dos de CD.

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