DREAM THEATER – Images and Words
Le rock progressif, on connait : Yes, Marillion, Genesis… le heavy metal aussi : Judas Priest, Iron Maiden, System Of A Down … Mais le metal progressif, c’est à dire ? Il y a ceux qui pratiquent un des deux aspects de façon plus marquée et ceux qui les tressent. Et puis il y a ceux qui harmonisent les « genres » de telle sorte qu’on envisage davantage leur travail comme un « tout » plutôt qu’un assemblage de deux parties. Dream Theater œuvre dans cette catégorie. Leur musique associe technicité, brutalité, énergie et musicalité. Images and Words (1992) illustre parfaitement leur savoir-faire. Chaque musicien y délivre sa virtuosité au bénéfice de chansons ; les « collages » n’ont pas lieu de citer dans cet Lp.
DREAM THEATER – Pull Me Under
Le son reprend indéniablement l’agressivité nécessaire au qualificatif de métallique : des aiguilles de cristal, fusées intersidérales, viennent percuter le paysage urbain. Des émanations elfiques s’élèvent du sol. Concomitamment, des essences végétales aux arborescences verdoyantes et touffues prennent place sur la ligne d’horizon. Un vent d’enthousiasme souffle au cœur de la bataille qui génère des velléités guerrières où ne figurait que le gris poussiéreux de l’ennui. Que ce soit sur les parties chantées et/ou instrumentales, le désœuvrement laisse place à l’action. Lorsqu’on s’attend à de lénifiantes longueurs dépourvues d’intérêt, la surprise est de taille. Passionnant, l’album s’écoute d’une traite, de bout en bout. Il n’en sera pas toujours ainsi des enregistrements futurs.
Take The Time
La pochette d’Images And Words invite à la rêverie tout autant qu’il attise la curiosité. On trouve un ciel dégagé au-dessus du lit à baldaquin alors que, via les vitres de la fenêtre, un autre est troublé par des nuages noirs d’orage. Ce cœur enflammé suspendu dans l’espace rappelle celui de la chouannerie, la croix en moins, les flammes et les barbelés en sus, période guerrière où le Bretagne confrontait son esprit monarchique à celui de la république. Et puisqu’on aborde la royauté, la chambre où se tient l’enfant épouse une décoration assimilable à celle d’un château.
Au-delà de la beauté de cette construction visuelle, on perçoit le parti-pris des musiciens en faveur de partitions mêlant légèreté et climat pesant, grandeur / élévation puis retour sur terre. Perception vérifiée ?
DREAM THEATER – Another Day
Qu’on apprécie ou pas la musique à l’œuvre, on ne peut denier ses qualités mélodiques. Dream Theater s’y teint depuis ses débuts jusqu’à nos jours bien que, dernièrement, on puisse lui reprocher d’étirer exagérément ses développements instrumentaux, velléités correspondant à un désir de conceptualiser son discours.
A View From The Top Of The World (2021)
Depuis 1992, avec éloquence, Images and Words trône au firmament des albums réussis, de ceux dont on ne se lasse pas, que l’on joue et rejoue à satiété.
Thierry Dauge