Mike ANDERSEN – Raise Your Hand
Avec Raise Your Hand, parfois blues, parfois soul, ponctuellement country métissé folk, gentiment new orleans sur la chanson titre, Mike Andersen cultive l’intimisme. Un coup de pelle plus profond évoque Sting lorsqu’il avoue « It’s Probably Me » (1993), patte de Clapton inclue, ou Norah Jones susurrant les titres de « Feels Like Home » (2004). En matière d’impressions, de vue de l’esprit, des bougies allumées disposées çà et là dans le salon d’une gentilhommière, quelques amis installés au fond de fauteuils en cuir patiné, pieds nus plongés dans la laine d’un tapis en mohair, dégustent un verre de vieux porto en écoutant le bois craqué sous la morsure du feu dans l’âtre de la cheminée.
Mike ANDERSEN – What Can I Do
Une main enduite d’empois bleu, c’est peut-être en référence au ciel si elle s’élève à sa rencontre ? Ou bien tendre la main vers Dieu ? « I promise … » …
Les chansons de Mike Andersen racontent le quotidien, amours et désamours, caresse sur le poil soyeux du compagnon canin, espaces réduits ou grands ouverts vers la liberté, les essais plutôt que les regrets. Si ces thèmes sont universels, la musique qui les porte résonne d’accents américains. Étonnant de la part d’un Danois ? Depuis quand les frontières ont-elles affaire dans cet état-là : l’art du vent dans les arbres, le souffle de l’haleine sur la peau frémissante ? Depuis … jamais.
Next Time You Call
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Mike Andersen ne « croone » pas. Sa voix se rapproche de celle de Charlie Winston et présente, sur les passages davantage racontées que chantées, dans une tonalité médium, un phrasé qui rappelle celui de Lou Reed. Beaucoup moins cynique et désabusé que le newyorkais, il ne revisite pas les bordels peuplés de créatures androgynes, leur préférant l’intensité des « simples » relations humaines. Les trésors musicaux usent souvent de maquillage, il revient aux artistes de choisir la couleur des pigments, les effleurer d’une plume ou en éclabousser leurs partitions.
Mike ANDERSEN – Slamming The Door
Pour savourer les différentes nuances du disque, tel l’alpiniste envisageant un sommet, il faut pratiquer Raise Your Hand par toutes les faces qu’il propose. Cependant nul n’est besoin d’une glose pour en saisir l’attrait. Déjà, le butinant, on en perçoit l’aspect séduisant. En l’embrassant, on s’en éprend.
Raise Your Hand
La métaphore amoureuse vous surprend ? C’est que vous n’avez pas encore écouté l’album dans son entièreté. Ce Faisant, vous risquez fort d’opiner.
Thierry Dauge