KEVIN COYNE : Shangri-La

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Vol au dessus d’un nid de coucous

Kevin Coyne
Kevin Coyne

Qui se souvient de Kevin Coyne, poète déglingué des asiles et des mauvais retours de bars ? De la fin des sixties aux débuts des années 2000, cet ancien infirmier psychiatrique anglais raconte son blues dans une quarantaine d’albums, d’abord avec son groupe Siren puis en solo, vite remarqué pour sa voix rugueuse, son jeu de guitare acoustique plutôt personnel et ses textes sensibles et écorchés : citons au moins les recueils Strange Locomotion, Case History, Marjory Razorblade, Millionaires And Teddy Bears, Babble (Avec la chanteuse Dagmar Krause), Politicz

Kevin Coyne – Marlene – Marjory Razorblade (1973)

Également écrivain et peintre, Kevin Coyne est l’auteur d’une demi-douzaine de livres, créera la plupart de ses pochettes et participera à plusieurs expos.

Une oeuvre de Kevin Coyne
Peinture de Kevin Coyne

Sur scène, seul ou avec d’autres musicos, son attitude théâtrale parfois proche du delirium tremens, trouble et convainc le public, emporté par son vol au dessus d’un nid de coucous.

Having A Party – Millionnaire And Teddy Bears – Live at Cologne (1979)

PARADIS SECRET

En 1976, Kevin Coyne sort le LP Heartburn, accompagné par son excellent groupe de scène, un opus considéré par les esthètes comme son disque le plus accessible.

Heartburn

Sur la pochette pour une fois réalisée par la fameuse équipe de graphistes d’Hipgnosis, une photo du Kevin en couleur, au premier plan. Anecdotique ? Derrière lui, un immeuble so british, et en tout petit, l’on devine une silhouette qui saute du haut de ce bâtiment… Humour noir à l’anglaise !
En fin de 1re face se cache une merveille d’émotions et de nostalgie avec à la guitare slide un certain… Andy Summers, bien avant la descente de Police ! Effectivement, le guitariste accompagnera le bluesman iconoclaste pendant environ deux ans, avec un jeu et un registre d’ailleurs méconnaissables. Citons également l’excellent Zoot Money aux claviers / chœurs et  l’exemplaire section rythmique : Steve Thompson à la basse et Peter Woolf à la batterie. C’est sans doute le meilleur gang qui ait entouré le Kevin.

Dans ce titre, Coyne évoque un paradis secret, Shangri-La, où flottent les spectres de ses idoles des années 50 : Frankie Laine ou Johnnie Ray. On ne peut qu’être touché par son interprétation vocale, la qualité du texte, et l’excellence instrumentale de la bande, magnifiée par la production feutrée du sieur Norman Smith, un ancien collaborateur des Beatles et de Pink Floyd. Les Doo Doo Doo Doo Doo du refrain rappellent évidemment le Walk On The Wild Side de Lou Reed.

Shangri-La – Heartburn (1976)

As I was walking through dusty streets, I heard some voices singing
Old and familiar tunes, I heard their voices ringing
Frankie Laine and Johnnie Ray, the old heart throbs singing
Then my girlfriend she squoze my arm, she said, « Son, you must, you must be dreaming »

Shangri-La is a million miles away, you might see it on a clear blue day
Over the hills and far away
Over the hills and far away
They’re singing out…

Memories, sweet memories, let them flow down your way
Open up your lonely heart, open up your doorway
Frankie Laine and Johnnie Ray, the old heart throbs singing
Then my girlfriend she squoze my arm, she said: « Son, you must, you must be dreaming…

DUSTY STREETS

Le cheminement artistique de notre bonhomme ne suivra pas une route balisée, conflits avec sa maison de disques, bouderies des médias, albums moins réussis… De même que son parcours intérieur abîmé par la dépression et l’alcoolisme. Dans les années 90, débarrassé de ses démons, installé en Allemagne, admiré par John « Public Pistols » Lydon, les Mekons, Andy Summers bien sûr, Sting, Arno, ou Will Oldham, et entouré par ses deux fils, il retrouvera plus de sérénité.

Kevin Coyne est parti pour son Shangri-La en Décembre 2004. Il avait 60 ans.

Anecdote finale : il a un temps été pressenti pour remplacer… Jim Morrison dans les Doors ! Mais comme Kevin Coyne disait : “Vous savez les pantalons en cuir, ce n’est pas trop mon truc”.

 

Ps : Et l’on ne confondra pas avec cet autre chef d’œuvre de Pop et de dérision des Kinks

The Kinks – Shangri-La – Arthur (1969)

Bruno Polaroïd

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