Christophe GOFFETTE – Iggy POP / Conversations
Christophe Goffette nous propose un recueil des conversations qu’il a tenues vingt-six années durant, entre 1990 et 2016, avec le « survivant », l’inégalé, l’inénarrable Iggy Pop.
Si Iggy est connu de toutes et de tous (?), figure centrale du milieu rock à la sulfureuse réputation, Christophe mérite qu’on se penche sur son impressionnant CV. Entre autres, il passe par la case rédacteur en chef chez BEST, mettant aussi bien Brian May, qu’Axel Bauer ou Sharleen Spiteri (Texas) en couverture. Puis il tient les rênes de Fluide Glacial, celui-ci étant à la BD irrévérencieuse ce que l’autre est au rock. Lui-même auteur, scénariste ou traducteur, CF l’excellent Tout Bowie présenté dernièrement sur le site, il est surtout le « père » de la revue CROSSroads dont le dernier numéro (102#) sorti au mois de mars dernier se présente sous 4 couvertures différentes, rien que ça ! Quand on aime …
Iggy Pop, c’est cette icone qui arpente torse nu les scènes du monde entier, les pectoraux saillants, la plaque de chocolat abdominale proéminente, des veines noueuses telles des racines courant sur ses avant-bras. La paille de cheveux raides et longs de part et d’autre d’un visage sculptural, les yeux d’un bleu minéral transperçant l’entourage, il trône, dernière figure d’une rébellion rock en déconfiture. Mais l’Iguane est plus qu’un amuseur public. Ses gesticulations, sa réputation déglinguée cache un être bien plus subtil qu’il n’y paraît, que ce soit avec les Stooges ou sous son propre nom. Pour le découvrir, encore fallait-il qu’on lui pose les bonnes questions. Dans ce domaine, Sieur Goffette semblait tout désigné.
IGGY & The STOOGES – Search And Destroy
Les conversations entre les deux hommes abordent tout autant le contenu des disques que l’état d’esprit et les sentiments qui ont concouru à modeler ce qu’ils sont devenus. Quant à la considération accordée par le Stooges en chef aux « pontes » qui gouvernent le microcosme rock, extrait choisi :
CG : « Aimes-tu l’idée de quasiment jouer ta vie, ou peut-être un fragment de cette vie, dans un enregistrement ? »
Iggy : « Mais ouais, c’est exactement ça ! Faut que ce soit vital pour que de ma caboche soit extrait un jus de cerveau avec un quelconque intérêt pour quiconque d’extérieur à ce qu’est cette vie, ma vie, mais aussi que ce soit une baston, pour ne jamais baisser la garde. C’est un monde impitoyable. Si tu fais preuve de mollesse une fois, même sur un malentendu, ils sont tous là en embuscade à vouloir en profiter, pour leur unique et propre intérêt ».
Et ainsi de suite.
Soumis à la « question » par l’auteur, James Ostenberg se livre au-delà de tout ce qu’il a pu dire ailleurs. Dans Iggy Pop par Christophe Goffette, il se confie, il se met encore un peu plus … à nu. Pour qui l’a pratiqué sur scène, les formes intimes de son anatomie expliquent implicitement son hétérogamie. Dans cet ouvrage, en parallèle au stage diving, le Saurien slame sur son âme.
Iggy POP – Gardenia
Et pour notre plus grand plaisir, en fin d’ouvrage, tous les enregistrements de l’américain passent sous la loupe du français. Comme Christophe est un fan avant tout, mais sans complaisance, on s’en met plein les yeux … et les oreilles. Lorsque la musique de l’écriture fait naître des sons, c’est que la partition, loin des fausses notes, connait la chanson.
Alors, pour cette tablette de Rosette « Iggy-ienne », nous permettre ainsi d’approcher / décrypter les mécanismes à l’œuvre sous le « bonhomme », merci Mr Goffette. Sans oublier, comme il l’écrit lui-même : « Many fuckin’ thanks, Iggy ! ».
Thierry Dauge
Christophe GOFFETTE – Iggy POP – Nouveau Monde éditions – 270 pages – 18€90
Web Site : www.goofprod.com