… Et trésor oublié de 1984.
SO LONG ROB !
Pour Siouxsie And The Banshees, 1984 représente encore une année de bouleversements. Après l’excellent double LP Live Nocturne, le hit Dear Prudence, plus un album fantasque, Hyaena, et des dates mémorables, Robert Smith, le guitariste stagiaire en alternance, quitte la formation anglaise en Mai pour assumer pleinement The Cure. En bons termes ? Pas si sûr quand on lit les entretiens des deux Stars de la New Wave. Pour résumer : « Il m’a piqué mon rouge à lèvre et mon khôl ! » dit l’une, « Sans mes idées, ils étaient paumés… » raconte l’autre. Retenons quand même que cette période 1982 / 1984 a été l’une des plus riches pour l’un comme pour l’autre.
Siouxsie And The Banshees – Hyaena (Extraits) Live (1984)
JOHNNY GUITARE
Les Banshees redeviennent un trio : la Belle, son batteur tribal, Budgie, et Steven Severin, bassiste grondant.
Il faut maintenant trouver un guitariste. Car si Susan n’a jamais supporté les guitar heroes, elle a toujours su recruter d’excellents musiciens, créatifs et originaux : le décapant John McKay (1977/1979), l’esthète magnifique John McGeoch (1980/1982), et l’inimitable Robert Smith (1982/1984). Finalement le trio débauche John Valentine Carruthers, 6 cordes du gang indus punk Clock DVA. Un choix pertinent, le gars manifeste un jeu riche et innovant, mélangeant arpèges complexes, accords dissonants, chorus imaginatifs avec une palette d’effets sonores à faire pâlir un vendeur de chez… (A vous de combler les guitaristes !)
LE PROJET DU EP
Et puisque le petit nouveau doit intégrer le répertoire de ces Dames Blanches, pourquoi ne pas en profiter pour sortir un disque de vieilleries jouées par la nouvelle formation ?
Dont acte avec ce EP 4 titres !
C’est effectivement l’une des raisons évoquées. Ensuite, The Ice Queen veut à nouveau intégrer une section de cordes, des vraies, pas du synthé, comme elle l’avait déjà inauguré dans Slowdive sur A Kiss In The Dreamhouse, le single Fireworks, et l’ouverture d’Hyaena, le fameux et spectorien (La réverbération !) Dazzle.
Siouxsie And The Banshees – Dazzle (1984)
D’ailleurs, elle avait déjà essayé un trio violons / violoncelle lors de performances qu’ont pu suivre quelques rares chanceux. Oui, c’est bien le Robert presque caché derrière un rideau…
Siouxsie And The Banshees – Overground Live (1982)
Les titres ont aussi évolué avec l’arrivée de Budgie à la batterie. De plus, le chant de Siouxsie elle-même a progressé, avec une étendue plus large, mieux maîtrisée, à la fois plus puissante et plus sensuelle.
Enfin, la production du disque doit bien sûr contribuer à dépasser les versions originales.
ENGLISH ROSES
Le EP sort en Octobre 1984. Intitulé The Thorn, Il comprend Overground, un rappel du premier opus des Banshees The Scream, puis Voices une ancienne B side. Au verso, Placebo Effect, évocation du second LP, le terrifiant Join Hands, suivi de Red Over White, autre ancienne face B de single.
Et c’est une merveille ! A l’image de sa pochette…
Le son tout d’abord, l’un des plus beaux sons de la carrière des Banshees, clair, puissant, tout en restant original. Le choix du format maxi 45 tours en vinyle participe bien sûr à cet embellissement de par une dynamique supérieure au 33t.
Siouxsie And The Banshees – Overground – The Thorn EP Version (1984)
Voix et instruments ont fait l’objet d’un enregistrement et d’un mixage perfectionnistes par Mike Hedges. Par exemple, la batterie de Budgie. Le gars est l’un des meilleurs percussionnistes du Rock, impérial en concert. Mais sur disque, il a souvent été sous mixé. Là, il tambourine enfin dans tout le spectre sonore !
De même, l’interprétation par Siouxsie et ses trois bonshommes, dont J.V Carruthers : au sommet !
Siouxsie And The Banshees – Placebo Effect – The Thorn EP Version (1984)
Enfin, les cordes – The Chandos Players – partout présentes. Elles illuminent et prolongent les thèmes : influences hispaniques pour Overground, slaves pour Placebo Effect, évoquant le travail de Bernard Herrmann, le compositeur d’Hitchcock, pour les délires effrayants – du gothique psychédélique – de Voices et Red Over White.
Siouxsie And The Banshes – Red Over White – The Thorn EP Version (1984)
Alors certains penseront encore : le jeu en vaut-il la chandelle car il s’agit quand même de redites, d’autoreprises ? A chacun de juger, par exemple en réécoutant les originaux comme cet extrait de Join Hands…
Siouxsie And The Banshees – Placebo Effect – Join Hands (1979)
Depuis 1984, The Thorn EP n’a pas été vraiment réédité à l’unité, à l’exception de son insertion dans le coffret CD Downside Up, difficile à trouver et quelque peu onéreux…
Pour les initiés qui possèdent ce 4 titres ou les connaisseurs, il s’agit bien d’une des meilleures réalisations des Banshees. Un somptueux bouquet d’épines.
Siouxsie And The Banshees – The Thorn EP (Full With Lyrics ) (1984)
Ps : Le guitariste émérite John Valentine Carruthers enluminera ensuite l’album tempétueux Tinderbox et le LP de reprises Through The Looking Glass, hommage aux idoles du groupe cette fois… Il finira par quitter les Banshees en 1987.
Bruno Polaroïd