La Belgitude Rock : dEUS – 1re partie

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HAPPENING

Photo de dEUS en 1994 / 1995
dEUS en 1994 / 1995

Un soir de 1994, Lille. A l’Aéronef, l’une des meilleures salles de concert de France à l’époque. Des copains de Roubaix, le groupe Soleil Flexible, jouent en 1re partie d’un nouveau combo belge. Concert de promo gratuit. Bonne prestation des potes. Voyons les p’tits Belges, des gars d’Anvers. Ils arrivent, ils sont très jeunes, sauf peut-être le batteur. Look vaguement arty mais pas poseurs. Tiens, y’a un violoniste… Et là, vlam ! Le choc !

Le quintet balance un mélange improbable de références : Captain Beefheart, le Velvet Underground, Sonic Youth, même du flamenco… Le tout avec une incroyable aisance instrumentale, une cohésion impressionnante. Et quel travail sur les voix : en solo, en chœurs, en réponses, chuchotées, hurlées, trafiquées. Par moment, ça frise le happening, avec de l’improvisation. Des fortes personnalités ! Leur nom ? dEUS !

dEUS – SUDS & SODAS LIVE (1995)

WORST CASE SCENARIO (1994)

Formé donc en 1991 à Anvers autour de Tom Barman, dEUS version 94 est constitué de Tom (Chant, guitare), Stef Kamil Carlens (Basse, chant), Rudy Trouvé (Guitare, chant, création des pochettes), Klaas Janzoons (Violon, claviers, chant) et Jules De Borgher (Batterie). Leur nom, immodeste, serait une allusion au même titre des Sugarcubes, le groupe originel de Björk.

Pochette de l'album Worst Case Scenario
Worst Case Scenario

Cette formation enregistre le premier LP Worst Case Scenario, qui paraît en Septembre 1994. Un album de tous les possibles. La pochette tout d’abord, une création picturale de Rudy Trouvé. A l’écoute ensuite, on comprend vite que les gars n’ont pas de limites. C’est inventif, déconcertant, riche de styles et d’influences, mélodique et dissonant.

Les cing sont en effet capables de la plus grande douceur mélancolique comme de la dinguerie intégrale. Une école de l’antinomie qui sera toujours la marque des Anversois, ainsi le titre Suds & Sodas – qui deviendra l’hymne du groupe et un air emblématique des 90’s -, ou Hotellounge (Be The Death Of Me).

dEUS – HOTELLOUNGE (BE THE DEATH OF ME)

De ce patchwork sonore se détachent deux figures : Tom Barman, la voix éraillée à la fois puissante et fragile, qui n’est pas sans rappeler J.J Cale – qu’il vénère – et Stef Kamil Carlens, bassiste à fleur de peau, dont la voix plus aigüe complète et répond à celle de Tom, comme deux faux frères.

Ce premier opus est un véritable succès critique et public, du moins en Belgique.

Mais après la tournée et un EP quasi expérimental, My Sister = My Clock, le guitariste Rudy Trouvé part fonder d’autres projets, le plus connus étant Dead Man Ray. L’écossais Craig Ward le remplace. Son jeu de guitare moins marqué par les explosions de fuzz et son travail sur les voix vont commencer à imprégner le son de dEUS pour la création des LP suivants.

IN A BAR, UNDER THE SEA (1996)

Pochette de l'album In A Bar, Under The Sea
In A Bar, Under The Sea

Intitulé In A Bar, Under The Sea ( Septembre 1996), encore illustré par Rudy, ce 2e volume des Anversois s’affiche tout aussi aventureux mais moins rugueux car mieux produit et plus mélodique. Par contre, toujours imprévisible. Avec dEUS, on ne sait jamais comment va évoluer un titre, dans son écriture, ou un album dans sa progression. Ainsi, le disque s’ouvre sur un délire Disco-Hard Rock que l’on pouvait à peine imaginer.

dEUS – FELL OFF THE FLOOR, MAN (1996)

Plus loin, un sample de Charlie Mingus (Far Wells, Mill Valley) sert d’ossature à une narration bizarroïde sur lit de guitares à la James Bond, accompagnée de montées de cuivres et de percussions. Le tout permettra à Tom Barman de réaliser une vidéo hommage à John Cassavetes, filmée à Paris, avec Seymour Cassel – acteur fétiche du Johnny – accompagné par l’un des amis danseurs de l’équipe…

dEUS – THEME FROM TURNPIKE (1996)

Vers la fin du disque, le titre For The Roses, avec sa boucle obsessionnelle de violon, de basse, et de guitares saturées, deviendra l’archétype des morceaux les plus épiques de dEUS.

dEUS – FOR THE ROSES (1996)

On pourrait aussi citer la folie douce de Little Arithmetics ou la langueur jazzy de Wake Me Before I Sleep etc… Ce 2e opus est une vraie merveille.

Les concerts de la tournée sont incandescents, tout baigne ? Non. A nouveau, la bougeotte gagne l’un des fondateurs de la bande, le bassiste et second chanteur, Stef Kamil Carlens. Ces gars-là n’arrêtent pas de jouer, il a déjà un autre projet parallèle, Moondog Jr, vite rebaptisé  Zita Swoon. Il finit par quitter dEUS, suppléé par un copain, Danny Mommens

THE IDEAL CRASH (1999)

Troisième chapitre, Mars 1999. Du changement, photo en une, pas d’œuvre de Rudy Trouvé. Un probable accident, le crash du titre ? Au verso, un autre cliché avec le groupe sur scène, vu des coulisses, au milieu de danseurs et de cracheurs de feu : happening…

Pochette de l'album The Ideal Crash
The Ideal Crash

Dès l’ouverture, on a compris : on écoute sans doute le meilleur album de dEUS. La production d’abord, superbe, puissante et fine. Tout est magnifié, les instruments, notamment guitares et basse, les voix bien sûr, et tous ces sons arrivant par surprise : larsens, cuivres, bidouillages de synthés, mellotron… Ensuite, beau travail d’écriture, les mélodies sont à tomber – Sister Dew, The Magic Hour, Magdalena…-, de même que les arrangements.

On frôle la perfection maniaque mais sans quitter l’originalité et l’inventivité. Comme pour Instant Street. Au début, une ballade avec une ritournelle au banjo, rythme sud-américain, des échanges de voix Barman – Craig, une superbe chanson digne de McCartney, puis alors que semble se développer un solo, arrive un brutal changement de ton, guitares déchaînées et boucle hypnotique en crescendo, ce qui donnera au gang l’un de ses meilleurs moments scéniques.

Le clip du morceau en version courte, tourné à Anvers avec  chorégraphie du quintet et d’amis danseurs / danseuses tournera dans le monde entier, leur assurant une reconnaissance internationale, une première pour un groupe belge.

dEUS – INSTANT STREET (1999)

De même, l’éponyme The Ideal Crash, et sa ligne de batterie démente, le genre de titre qui vous emporte dans son énergie et son déferlement de bonnes ondes.

dEUS – THE IDEAL CRASH (1999)

Le montage du LP s’avère également exemplaire, de par une alternance et une progression des compos remarquables.

Cette fois, compliments des critiques et accueil du public sont à l’unisson, à tel point que pour beaucoup, c’est l’Album Rock Indé de cette dernière année du XXe siècle, et pour d’autres, le disque le plus important de l’Histoire du Rock belge.

dEUS – INSTANT STREET LIVE (2012)

A suivre, La Belgitude Rock : dEUS – 2e partie

Bruno Polaroïd

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