BLUE ÖYSTER CULT – Soif musicale : envie d’un BÖC ?

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BLUE ÖYSTER CULT – Soif musicale : envie d’un BÖC ?

Blue Öyster Cult

Pratiquer le Blue Öyster Cult pendant vingt-cinq ans, entre 1974 et 1998, est-il susceptible d’étancher la soif des amateurs de hard rock : « Envie d’un BÖC » ? Il y a fort à parier.

Pour en affirmer d’avantage, le médecin légiste propose d’autopsier transversalement le Culte de l’Huitre Bleue en disséquant Secret Treaties (1974), Fire Of Unknown Origin (1981) et Heaven Forbid (1998), trois traités assurément associés au corps de son succès. Scalpel cheminant dans les tissus, découpant les notes aux fonds des sillons, l’anatomopathologiste ressort sa lame pour revenir vers l’enveloppe et étudier ce qu’il peut en tirer : les pochettes. Examinons son rapport …

Secret Treaties (1974)

Blue Öyster Cult

Mais oui ! Il s’agit bien d’un Messerschmitt, le premier avion de chasse à réacteur ! Nationalité ? Allemande. Utilisation ? A la fin de la seconde guerre mondiale. Et « vlan ! », les deux pieds dans la provoc. Ça porte bonheur ? Pourquoi ne pas avoir sélectionné un Lockheed Lightning américain ou un Supermarine Spitfire anglais ? Non, un chasseur de la Luftwaffe … Encore un coup de Sandy Pearlman, l’âme invisible et damnée du groupe ! Pour la musique, rien à redire, bien au contraire !

BLUE ÖYSTER CULT – ME 262

Hormis cette chanson culte, après réécoute de Secret Treaties, il est étonnant comme Blue Öyster Cult sonne quasiment à l’identique d’un autre groupe US, Texan celui-là : Bloodrock. Ce dernier sort deux Lps en 1970 et deux autres en 1971 sans connaître le succès de son « voisin » New Yorkais. Pour jouer ce genre de hard rock parfois atmosphérique, il faut croire que la côte Est des Etats Unis s’avère plus favorable.

Broderie de guitares signées Buck Dharma, voix si « space-ifique » d’Eric Bloom, assise rythmique hyper dynamique, textes ésotériques, the BÖC touch !

Flaming Telepaths

L’album a-t-il vieilli ? Pas du tout ! Pourquoi cette question, un doute ? C’est que le son de Secret Treaties, s’il était « in » en 1974, est plutôt « straight », sans une once de gras, sans effets surréalistes sur les six cordes ou les claviers. Comparé aux deux albums qui suivent, c’est étonnant d’entendre comme le Blue Öyster Cult a évolué, pas vraiment d’un point de vue technique, surtout en « épaisseur ». Le freluquet nerveux et musculeux du début des 70’s devient cosmique au début des 80’s puis bodybuildé à l’aube des 2000. En musique, est-ce à ce prix qu’un groupe subsiste, par « l’adaptation » ? Certainement ! Et grâce au talent …

BLUE ÖYSTER CULT – Harvester Of Eyes

Fire Of Unknown Origin (1981)

Blue Öyster Cult

Le Culte de …? L’Huître Bleue ! Bas, voilà ! CQFD. Enfin une pochette où l’objet « cultivé » s’affiche librement au vu et su de tous ! Pour souligner l’intérêt porté à la mutation du mollusque bivalves moult adeptes en habits d’apparats exposent sa coquille et son contenu devenu cyan. En termes d’ostréiculteurs, versus sectaires, on pourrait tout aussi bien penser qu’il s’agit d’extraterrestres ; ambiguïté et science-fiction, les deux fonds de commerce du groupe. Côté chansons, l’album livre un festival de couleurs et de sons, peut-être son plus beau tableau musical.

Joan Crawford

S’il existe des 33-Tours dont-il ne vous reste pratiquement rien une fois écouté, lorsque Fire Of Unknown Origin expose son contenu, ils s’incrustent en vous pour toujours. La chanson éponyme, « Burnin’ For You », « Joan Crawford », « Veteran Of The Psychic Wars », « Sole Survivor » ou « Veangeance (The Pact) » participent au cramponnage. Les partitions foisonnent d’originalité, de ponts, de breaks inattendus, les musiciens culminent à leur plus haut niveau d’interprétation, la production est claire, nerveuse et précise … Parle-t-on d’un « incontournable » ? Non seulement au sein de la discographie du groupe mais également au niveau du rock mondial.

BLUE ÖYSTER CULT – Vengeance (The Pact)

Si l’album précédent, Cultösaurus Erectus (1980), provoquait déjà l’appétence, celui-ci nous repaît, nous laisse satisfait comme au sortir d’une table étoilée. A part Imaginos (1988) et la chanson « Take Me Away », sur Revölution By Night (1983), les enregistrements qui vont suivre manqueront cruellement de plats raffinés, de safran, de préciosités, pour le moins, jusqu’à Heaven Forbid (1998) et sa savoureuse première « face ». Un tel visuel, ne pouvait qu’y conduire …

Fire Of Unknown Origin

Heaven Forbid (1998)

Blue Öyster Cult

Cette pochette nous plonge en plein film d’horreur. Située dans un studio d’enregistrement ou dans les cintres d’une salle de spectacle, la scène horrifique évoquait le Fantôme de l’Opéra ou son pendant anglophone, le divin Phantom Of The Paradise.

Au format CD, l’intérieur du livret propose une autre image plus en rapport avec le titre de l’album : une Déesse partiellement drapée, brandissant le logo du groupe au bout d’une lance, sorte de Ankh égyptien, siège ennuagée : le Paradis perdu ? Lors des traductions, méfions-nous des faux-semblants. « Heaven Forbid » = « à Dieu ne plaise ». Pour le vinyle (sorti seulement en 2020), pas d’échappatoire à cette gueule abîmée.

Musicalement, la fougue et l’originalité sont au rendez-vous. Ça faisait longtemps que les fans attendaient ça.

BLUE ÖYSTER CULT – See You In Black

Avec six titres aurifiés, la première Face d’Heaven Forbid réjouit tant les nouveaux que les anciens adeptes. Les récents parce que le ton est différent de ce que le Cult a proposé jusqu’alors, un soupçon plus métallique dans le son des guitares, étonnement rythmé via son nouveau batteur. Il enchaîne les double, triple, voire quadruple croches comme les bijoutiers enfilent les perles d’un collier et son travail à la double pédale démultiplie les coups de grosse-caisse. Les anciens avec des mélodies originales, des ruptures et tournures d’accords qui les ravissaient, entre autres sur Cultösaurus Erectus.

Damaged

Encore jamais abordé, avec « Damaged », qui clos la Face A, le BÖC envoie un « fonk rock » digne d’Extreme sur Pornograffitti (1990). Ultime embellie ? Vinyle retourné, il faut patienter jusqu’à l’antépénultième titre pour retrouver une ardeur communicative. Le dernier morceau, acoustique, termine en douceur ce qui nous a dynamités d’entrée. Heaven Forbid permet donc au Blue Öyster Cult de clore dignement le millénaire, de se positionner en survivant avec lequel il faudra compter. Il n’y a guère que les in-cult qui en doutaient.

BLUE ÖYSTER CULT – X-Ray Eyes

Alors, convaincus ? Soif de musique lettrée : « Envie d’un BÖC »? C’est demandé si gentiment …

Thierry Dauge

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