CROCODILE CANDY – Enjoying The Moment
Une guitare, une basse, une batterie et une voix féminine, du rock straight, roots, sans concessions. C’est dans cette configuration que Crocodile Candy nous sert Enjoying The Moment.
Livraison ? Avril 2021. Le sujet ? Croquer à pleines dents les accords tailladés de Dr Feelgood (Malpractice – 1975), la nervosité de The Jam versus In The City (1977), le terreau heavy blues rock d’un combo américain quasi obscur et obsédé par Aerosmith, l’ambivalent Faster Pussycat (« Bathroom Ball » – 1987). Sur « Asking For More », le Reptile convoque également R.E.M., contexte Accelerate (2008).
L’odeur de cordite te sied ? Les détonations d’un médiator scalpant des cordes au tirant tyrannique attisent ta « mélomanie » ? Sans même encore te décrire la voix de Margot Cassila, cet album est fait pour toi.
CROCODILE CANDY – Music is the Life
Manu Castillo dénoyaute amoureusement une Gretsch et une SG survoltées, Ganxtah Da Magnificient tresse et torsade les quatre torons de sa basse, Christophe Gaillot « métronomise » la chair de poule de ses peaux et Margot Cassila, donc, appose délicatement ses lèvres sur la grille du micro. Sa façon d’élaborer des mélodies calleuses tout en les susurrant évoque Sheryl Crow lorsqu’elle branche le courant.
Au cœur de certaines apostrophes ou virgules, se dessine également la chanteuse des Cardigans, Nina Persson. Fragrances subtiles dans la palette doucereuse qui caractérise la française et sa voix. Au final, seule juge en son château, la femme au chapeau, altière, règne sur sa propre façon de livrer les notes qu’elle a composées.
Enjoying The Moment
Ralentir le tempo n’est pas céder à la facilité (CF. « Black Out » et sa basse vaudou). Le combo s’y prête pour imprimer un climat humide, de ceux croisés sur le delta du Mississippi ou au fond des bayous parcourus de brumes évanescentes. Alors, outre scalper le sextuor de cordes métalliques, le médiator cité plus haut associe des glissandos : Mi, La, Ré, afin de lier les instruments, les unifier.
Même si la voix est plutôt mixée sur le devant, tous jouent leurs rôles dans ce cocktail aussi féminin que puissant. Puissance à la sortie des amplis : cuirs et pointes griffues qui les lacèrent, féminin dans l’esprit qui dompte les fauves à son profit. Et lorsque le Croco envoie « Unhappy End », il expose son côté Kinks du temps où ceux-ci lâchaient « All Day And All Of The Night » (1964).
Jouant une musique qui traverse les décennies, Crocodile Candy l’ancre dans son temps.
CROCODILE CANDY – Buying Junk On Line
Imaginer qu’en France on destine le rock à colmater des sceaux percés, à décoller les fonds de caramel du cul cramé de vieilles gamelles, correspond à se carrer profond une mèche de perceuse dans le confiturier. Crocodile Candy imprime ses quenottes affûtées sur ces scléroses présupposées. Son épée, Enjoying The Moment, n’a pas fini de vous tailler les oreilles en pointes pour mieux scarifier leur momification « covidée ».
« Tu fais quoi en avril ? Découvre-toi d’un fil avec, pour seul leitmotiv, « Profiter de l’instant » ».
Thierry Dauge