TRUST – Marche ou crève

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TRUST – Marche ou crève

Trust

Pour Trust, tout au long du parcours, ça a été « Marche ou crève ».

Trust

L’Elite (1979)

« L’élite est entrée sans prévenir ! ». Le 26/03/1980, l’élite audiovisuelle, le prince des jeux télévisés, le sémillant Guy Lux en personne prend un méchant ramponeau dans les dents. Le responsable? Trust avec « L’Elite ». La calotte décalotte les calottes crâniennes, atomise l’écran cathodique, pulvérise ce que, jusqu’alors, vous aviez de plus cher : vos groupes préférés. Dorénavant, Trust sera votre seule icone. Et ce contact énergisant vous transformera d’avantage encore ! Il vous délivrera d’un labeur aliénant : « Bosser huit heures » ? Basta !!!

TRUST – Bosser huit heures

Jouvence ! La voix fustige sur une éjaculation de bruit blanc. L’intégralité du premier Lp de Trust emporte l’auditeur sur cette fureur verbale baignée d’électricité. « Préfabriqués» tacle sous la ceinture pendant que, sept titres plus loin, l’esprit frondeur parallélise police et milice. Et que dire de cet édifice, cette forteresse imprenable qui introduit la Face B ? « L’Elite » foudroie l’auditeur comme il décapsule le « soviétisme » totalitaire.

Sur tous ces titres, la rapière de Norbert Krief tranche des riffs comme « à Rungis on tranche le lard », paume de la main droite bloquant les cordes puis les libérant à la cadence d’un HK 416 F, le dernier fusil d’assaut de notre ex Grande Armée.

L’Elite

La Cry-baby et l’Overdrive boxent des Marshall, soutenue par une rythmique basse-batterie made in bulldozer. Indéniablement, à cette époque, la révolte gronde. Qu’en est-il par la suite ?

Idéal Trust
Trust antisocial

Répression (1980)

« Antisocial tu perds ton sang-froid … ». Trust n’abdique en rien et poursuit son fustigeant chemin en tartinant un hard rock qui ratatine les vieux schnocks. «M. Comédie» apprécie-t-il « Les sectes » qui résident à « Saumur » ? « Que veux-tu que je sois dans cette société là ? » (B. Lavilliers) : « An-ti-so-cial ! » (B. Bonvoisin). Plus fort que « L’élite », un tube indéboulonnable, une chanson capable de traverser les décennies sans prendre une ride … et sans que quiconque ait pu prédire qu’il en serait ainsi. Lors du concert des anciennes gloires du Top 50 au Stade de France, Star 80, deux titres de heavy rock sont repris : « Highway to Hell » et … « Antisocial » !

TRUST – Antisocial

Nonobstant, un début de polémique voit le jour avec « Le mitard », chanson dont le texte est de J. Mesrine, ex ennemi public n°1. Pourtant, lorsqu’on écoute « Saumur », c’est surtout les saumurois dont l’humeur aurait pu, du (c…) être défendue. Et que dire de « M. Comédie » ! Depuis, on en a vu se faire zigouiller pour moins … Au-delà des avanies stériles, Bernie lâche ses mots comme d’autres leurs colères, sans langue de bois. En cela, encore une fois, la cavalcade plombée sur laquelle il s’appuie thésaurise ses notes au seul bénéfice de son chanteur.

Les sectes

On en a vu plus d’un s’essouffler au troisième essai. Trust est-il capable de durer ?

bernie bonvoisin

Marche ou crève (1981)

« Partout où règne torture et vomissure Répression ». A boulets rouges, Trust livre ses chansons comme au sortir d’un canon. Les guitares sont rugueuses, basse et batterie virevoltent, Bernie continue d’affûter ses rimes pour saigner l’immoralité. Pourtant, le single extrait de Marche ou crève hérisse la critique. On trouve que le texte est moins saignant, on le qualifie de « quelconque » ; assez obscur en fait. Aux yeux des fans, seule certitude, il dynamite leur solitude.

TRUST – Certitude solitude

Au-delà des dires des adorateurs ou des malfaisants, cet album racle le peu de chair qui reste encore sur les os après que les deux premiers Lps les aient équarris. En Amérique du Sud, il pourfend les juntes, en Angleterre, il « déthatcherise » Miss Maggie bien avant Renaud, en France, il désacralise des urnes devenues sottes. Joli programme électoral !

« La grande illusion ». En choisissant ce titre, initialement celui d’un film de Jean Renoir (1937), Bernie révèle-t-il déjà son appétence pour le grand écran ? En tout cas, le texte se savoure tel un alcool fort. L’écouter loin d’un flamme, ou gare à la déflagration !

Troisième livraison, troisième carton. Il n’y a donc rien pour stopper la « bête ».

nono

IV (1983)

« La Pologne est à l’Est, une gangrène, la Pologne est à l’Ouest, un embarra … », ou comment lâcher des mots qui blessent les autruches.

La Face B, ou « Face du Diable », du IV de Trust, à l’image d’un album conceptuel, raconte l’histoire d’un type qui vend son âme au Malin afin de se vautrer dans les terrestres, « La luxure » en tête de gondole. L’homme est faible. Sa volonté plie face à l’érectile jouissance que lui procure son membre dressé. Pour créer un équilibre idéal, guitare, basse et batterie déverse un torrent de lave, un maelström de sons meurtriers. Du hard rock niché au sein de ce que l’on nomme de « l’art ».

TRUST – Le pacte

Seulement voilà, il y a des chœurs opératiques qui viennent gêner les amoureux du Metal pur et dur, les fanatiques de l’antisociale élite. Et puis, en Face A, on oit du saxophone dans « Idéal », un morceau au refrain pop ! Sacrilège ! Pour ces deux particularisme perdus dans un océan bercé de déferlantes, le disque ne fait plus l’unanimité. Sans compter « Les armes aux yeux » : « C’est quoi cette ballade ?! ». Et voilà. Le plus abouti des disques de Trust, le plus cher également, renvoie ses concepteurs aux attentes de la plèbe. D’ailleurs, la tournée qui suit, baptisée Les cent jours, n’ira pas à son terme, minée par des ventes insuffisantes de billets. Pourtant, elle était jolie mon guide, « Varsovie ».

Varsovie

Le groupe de rock français qui a le mieux réussi hors de ses frontières, allant jusqu’à s’offrir un tour anglais en tête d’affiche, parviendra-t-il à se relever de cette réussite artistique et, tout relatif qu’il soit, échec commercial ?

Trust

Rock’n’Roll (1984)

« Paris, héro populaire ». Tout est dit dans le titre. To rock and roll ! Oui mais … et encore une objection : « Trust, c’est du Metal ! Pas du gloubi-boulga ! ». Ou lorsque Casimir s’invite dans la conversation, formidable hors sujet. Ça swingue dans le sillon, ça mouille les caleçons de transpiration, du haut en bas de la raie des fesses. Les chansons se dansent sans retenue : ou tu mouilles le maillot, ou tu sors !

TRUST – Paris

Le succès relatif de cet album associé à l’usure des tournées provoquera bientôt la séparation du groupe. C’est le vie qui vient, c’est la vie qui va …

Reste des morceaux écrits au cordeau pour un enregistrement injustement décrié : « Chacun sa haine », « I shall return », « Serre les poings », « Mongolo’s land » sont loin d’être des compositions bâclées. Il s’agit de pièces de rock royalement barbelées qui méritent qu’on y reviennent, malgré les synthétiseurs et les trente-six ans qui nous séparent de leur création (déjà !).

Chacun sa haine

Jugé trop consensuel sur la fin, tournant quasi power pop, adieu le groupe, bye bye l’élite.

Mais il n’est de guerriers qui ne revêtent à nouveau leurs armures un jour ou l’autre. Du côté de 1988, le thrash Metal band US Anthrax provoquera la première reformation de Trust en reprenant « Antisocial ». « Qu’on me donne l’envie … » …

Si le passé relève de l’Histoire, le futur aussi. Promesse de Yves « Vivi » Brusco, bientôt …

Thierry Dauge

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