WE HATE YOU PLEASE DIE – Kids are Lo-Fi
Si l’on remonte le temps, parcourant ainsi les courants d’un fleuve underground jusqu’à Rouen, on découvre que WHYPD sort son premier Lp en 2018, Kids are Lo-Fi. Au sortir des enceintes, la musique embaume la poudre. Délaissant celle de « perlimpinpin », de « coco » ou de fond de teint, la fragrance pique, versus cordite. Par place, le chant saccadé oriente la pioche vers un insaisissable poisson, un B-52’s, puis l’hameçon s’ouvre et la musique qu’on croyait dompter s’évade, sinuant vers ce garage où des punks expriment des frustrations électriques.
Coproduit par le leader de MNNQNS, autre rouennais, la formule quasi identifiée prend soudain, comme celle pratiquée par son voisin, les traits déroutant de l’originalité. Du coup, l’étiqueteur étriqué ne sait plus à quelle case musicale l’attribuer.
Et puisque présentée ci-dessous, sans plus tergiverser, précisons qu’il s’agit de « Figure it out » qui bénéficie d’un magnifique habillage imagé. Jusqu’alors « youtubée » derrière le visuel de Kids are Lo-Fi, le relookage est saisissant. On pense à Druillet, Moebius, un plein de couleurs « sciencefictionnisées ». Maelstrom d’une toile en mouvement associant Cézanne à Van Gogh, Sisley à Dali, le graphisme contemporain assène des formes « allumées », kaléidoscopiques, pétrifiantes pour des pupilles inexorablement captivées … Psychédélique !
WE HATE YOU PLEASE DIE – Figure it out
https://www.youtube.com/watch?v=WmzWPFNrsPQ&feature=youtu.be&fbclid=IwAR19x6_v-nwBS9Om7_60pQN9-_uv2jKG0OX01XhAu7KoONBCn9-XKdDD7RA
Côté son, architecture et sensations, on pense aux Smashing Pumpkins de Mellon coolies and the infinite sadness (1995) brassé du Jane’s Addiction de Nothing’s shocking (1988), une pointe des canadiens de Black Mountain versus Wilderness heart (2010) flirtant sur quelques passages. Une alternance d’hiératique beauté et de fuzz sur vitaminée donne à la chanson sa place sur notre table de chevet. Good compagnie !
Good Cie
https://www.youtube.com/watch?v=sO2AYsXFV3o
Après leur premier long format, le quatuor produit un EP : Waiting room (05/2020), trois titres qui rue dans la branche Art.
Le titre « Good Cie » démarre comme « Mr Blue Sky » d’Electric Light Ochestra … et ce sera tout dans ce registre-là. Tout de suite après, on plonge chez Stinky Toys teinté Stooges. Une nouvelle fois, WHYPD invoque des mélodies transcendées par le « bruit ». La voix féminine qui anglicise les paroles invite une rêverie concupiscente avant de défricher le mur du son, pas en vitesse mais en fracas, hurlant à gorge déployée un explicite mal être sociétal : le nôtre.
WE HATE YOU PLEASE DIE – Coca collapse
Taquinant les deux minutes au chrono, le propos se minimalise pour un essentiel. Équarrissant le superflu et l’ennui, il concentre son énergie en direction de la cible à lacérer. Contrat rempli, si les tympans y restent c’est qu’ils nécessitaient d’être endurcis. Les voilà servis ! « Coca collapse » accorde ses guitares pour affronter l’œil du « oï » au centre d’une tornade rock. La claque rougit la joue jusqu’à la violacer.
Support your local liars
Dead Kennedys, vous avez pensé Dead Kennedys ? Le parallèle semble estimable.
Nous n’en écrirons pas plus à ce sujet. Votre curiosité fera le reste.
We Hate You Please Die, deux garçons et deux filles de chez nous qui chantent en anglais des airs sans masque et sans frontières. Nous l’espérons, bientôt en bonne place dans les discothèques du monde entier.
Thierry Dauge