Band of Gypsys la dernière expérience de Jimi Hendrix

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Même si compte tenu des faibles moyens technologiques de l’époque, le génie de Jimi Hendrix s’exprimait de manière plus incontestable sur ses albums studios, le live « Band of Gypsys » reste le témoignage le plus parlant de sa faculté à jouer de la guitare comme si cette dernière était faite de chair et de sang.

En 1969, le Band of Gypsys naît sur les cendres du Jimi Hendrix Experience. En effet, après trois albums et quelques centaines de concerts, le trio semble s’essouffler. Les dissidences entre Jimi Hendrix et son bassiste Noel Redding ont atteint le stade critique du silence. Les deux hommes ne s’adressent presque plus la parole et s’ignorent de manière ostensible durant les représentations.

Du côté des maisons de disques la pression s’accentue. Bien que le groupe surf encore sur le succès de Electric Ladyland sorti en octobre 1968, le manager Mike Jeffery réclame un quatrième album. Par ailleurs, en raison d’un démêlé juridique complexe avec la compagnie de son ancien imprésario, Jimi doit fournir un nouvel opus à Capitol Records

Ces derniers devront se contenter d’une compilation d’inédits (Smash Hits). Jimi Hendrix va produire un quatrième album totalement inattendu. Faute de pouvoir se libérer de ses obligations contractuelles, il va se servir de Band of Gypsys pour libérer sa musique. 

Jimi Hendrix & Band of Gypsys – Message to Love

Durant l’été 1969, il officialise la dissolution du groupe et commence à jammer au cœur d’une formation plus large. S’il maintient Mitch Mitchell derrière les fûts, il fait appel à son pote de régiment Billy Cox pour tenir la basse. Jimi embauche leur ami commun Larry Lee (guitare), ainsi que deux percussionnistes, Juma Sultan et Gerardo Velez. Le groupe est encore en phase d’expérimentation, lorsqu’il se produit le 18 août en clôture du Festival de Woodstock. Au début du concert, Jimi le présente d’ailleurs ainsi: “ just a band of gypsys” (rien qu’une bande de gitans). 

Jimi Hendrix Live at Woodstock – Ending Theme

Un mois plus tard, le divin gaucher décide finalement de tabler sur un combo réduit. Seul Billy Cox est conservé, auquel va s’ajouter la venue du batteur massif Buddy Miles ( The Electric Flag).

Band of Gypsys
Billy Cox, Jimi Hendrix et Buddy Miles

Même s’il n’a jamais exprimé de pensée communautariste, son choix de former un groupe avec deux musiciens de sa couleur n’est pas anodin. Dehors, la révolte noire gronde depuis l’assassinat du révérend Martin Luther King, et Jimi n’est pas insensible à leurs revendications. Ce choix aura une grande influence sur l’orientation musicale de l’album.

Jimi possède déjà un toucher groovy hérité de son apprentissage avec Curtis Mayfield. Soutenu par un bassiste de funk, son jeu va révéler une nouvelle palette sonore. Et même si Buddy Miles passe pour être un batteur anarchique, la rigueur et le style minimaliste de Billy Cox vont permettre à Jimi de déployer tout son talent dans un registre relevant plus du rythm & blues que du rock’n’roll. La voix soul, les impros-batterie, et deux compositions de Buddy Miles viennent renforcer cet aspect.

Jimi Hendrix & Band of Gypsys – Power of Soul

Si son manager réactionnaire voit d’un mauvais oeil ce regroupement communautaire, en assistant aux improvisations du trio en studio, Mike Jeffery comprend qu’un album live s’impose. D’ailleurs, l’excellent Who Knows ouvrant l’album avec son riff entêtant, n’est en fait qu’un prétexte aux impros de chacun…

Jimi Hendrix & Band of Gypsys – Who Knows

Mais l’alchimie est là, et Jimi semble avoir retrouver l’envie, ainsi qu’une certaine sérénité. Band of Gypsys se compose de six titres enregistrés sur quatre concerts donnés par le trio au Fillmore East de San Francisco, le 31 décembre 1969 et le 1er janvier 1970.

Un album qui par ses sonorités préfigure déjà le virage “jazz fusion” que comptait prendre le guitar-hero juste avant sa mort, et qui trouve en Machine Gun son dernier chef d’oeuvre. Un titre où Jimi délaisse une deuxième fois sa neutralité (après The Star Spangled Banner) pour fustiger la présence américaine au Vietnam, tout en adressant un message de soutien aux nombreux appelés. Dans le texte, il évoque également les récentes émeutes raciales et la répression policière qui sevit sur les campus et les lieux de manifestation.

Jimi Hendrix – Machine Gun

Band of Gypsys représente la quintessence saisie sur scène d’un artiste décidément hors normes. « Machine Gun » est pour l’instant le seul titre de l’album disponible sur le Net dans sa version originale, mais je ne saurais trop vous conseiller d’acquérir ce disque dans sa version vinyle ou CD. Evidemment, il est bien difficile d’expliquer le talent d’un tel virtuose en se servant de simples mots. D’ailleurs, si vous n’êtes pas convaincus par les miens, peut-être ceux du Loner sauront-ils trouver le chemin conduisant à votre fibre musicale…

« Pourquoi Jimi continue d’impressionner ? Il ne faisait qu’un avec son instrument. Personne n’avait amené la guitare électrique à ce niveau, et personne n’est allé aussi loin depuis. »

Neil Young

Serge Debono

 

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