Bauhaus et Metallica : Pop and Rock 1983
Juillet 1983
Étonnant qu’un groupe présumé « gothique », avec les clichés qui s’y rattachent : sombreur, froideur, noirceur, sorte un album en plein été. Bauhaus choisit pourtant le mois de juillet pour envoyer Burning from the inside. Titre prémonitoire, le groupe s’auto consume concomitamment, splittant dans la foulée. A l’opposé, Metallica débute une carrière prometteuse avec son ode au thrash metal : Kill ‘em all. En 1983, la vitesse d’exécution des chansons associée au son brut qui leur est accordé (où sont passées les basses ?!) sort du rang. Apprécie ou rebuté, Kill ‘em all a pour mérite de bouter l’indifférence.
BAUHAUS – Burning from the inside
METALLICA – Hit the lights
Avec Bauhaus, l’écoute évoque une barre métallique insérée dans le rachis, la chambre froide d’un équarrisseur, d’un tueur en série. Pour Metallica, on verse plutôt dans la tronçonneuse, avec fumée d’essence cramée au sortir des tuyères et braise de barbecue dans les gouttières : il pleut des météorites !
Burning from the inside se localise dans le même gouffre abyssal qu’Unknow pleasures de Joy Division tout en louvoyant entre les partitions de Siouxsie and The Banshees. L’ambiance est cold wave, plutôt polaire, la face cachée de la Lune, un trou noir, spectral. Kill ‘em all initie un genre poursuivi par des groupes comme Slayer, du heavy metal survitaminé prétexte au headbanging effréné, bonheur et richesse des ostéopathes. Évoquant d’avantage une centrale nucléaire que des engelures, il « lave » les tympans ou l’album de Bauhaus les glace.
METALLICA – Motorbreath
BAUHAUS – Antonin Artaud
Dans l’actualité, Arnold « Terminator » Schwarzenegger devient citoyen américain. Toisant ses ex compatriotes autrichiens, il aurait dit : « Je reviendrai ». Louis de Funes tire sa révérence au moment même où le premier Compact-Disk conquiert la France. Sortie du comique et du CD concomitante, coïncidence ?
Côté musique, l’an 1983 invite-t-il à rire ? David Bowie – Let’s dance, R.E.M. – Murmur, U2 – War, Black Sabbath – Born again, Billy Idol – Rebel yell et Renaud – Morgane de toi. Année plutôt éclectique que rigolote. Pas vraiment de quoi rivaliser avec nos deux chevaux de course.
BAUHAUS – Honeymoon croon
METALLICA – The four horsemen
Bauhaus en Angleterre et Metallica aux USA proposent des réinterprétations déformées de leurs influences respectives. L’amateur de rock en profite pour en prendre plein les mirettes et les oreilles. Livrant une large palette de sons, les deux groupes apparaissent comme des remèdes à la lassitude. Et pour celles et ceux qui se réclament d’un genre musical unique, les recalés de l’imaginaire, quelle brillante leçon ! « Oreille éduquée n’a point de frontière ».
Thierry Dauge
[…] majestueux et souvent ignoré, ayant influencé The Cure, Siouxsie & The Banshees, et le groupe Bauhaus. Certes, l’instrumental n’est pas représentatif de l’album. Son atmosphère en […]