Expérimentation et atmosphères:
1er Octobre 1984: The Unforgettable Fire le quatrième album de U2 voit le jour sur le label Island Records. Une galette rendue plus belle encore à l’époque sur vinyle, grâce à sa splendide et mystérieuse pochette. Elle dévoile les ruines d’un château irlandais photographié par Anton Corbijn, trônant sur ton sépia sous un ciel déchaîné, le tout relevé par un fond de pochette aux couleurs fushia. De quoi alimenter l’univers onirique qui s’exhale des légendes romanesques et fantasmagoriques ancrées dans l’inconscient collectif d’une terre irlandaise portée par son âme.
Pour les irlandais de U2, la destruction du château de Moydrum par les Britanniques est un symbole manifeste de l’oppression anglaise et de la fermeté de la répression subie par le peuple irlandais. Le signe de l’engagement est encore une fois largement marqué. C’est encore pour U2, l’époque des grands idéaux et également des grands albums. Pride, In the name of love… Tout le monde connaît la chanson.
U2 – A Sort Of Homecoming
The Unforgettable Fire marque une profonde évolution dans la discographie du groupe. Le ton évolue depuis les productions de Steve Lillywhite sur les trois premiers albums. Deux non moins brillants producteurs sont cette fois-ci aux commandes. Brian Eno et Daniel Lanois, les incitent à développer une approche plus personnelle dans le processus créatif, visant à faire abstraction de l’air du temps.
Le résultat est d’ailleurs saisissant. Il suffit outre les tubes incontestés (Pride, Bad) de réécouter Wire, A Sort Of Homecoming, ou le puissant et lumineux The Unforgettable Fire pour admettre le succès de cette démarche. L’énergie rock dès débuts fait place à un sens plus aigu de la mélodie. U2 développe un son et une couleur musicale singulière et atypique. Ce nouvel univers les entraîne sur un versant créatif aussi abondant que prolifique, du moins jusqu’à… Joshua Tree.
The Unforgettable Fire est au fond un album expérimental porté par des ambiances chargées. Un disque d’où se dégage une âme, transportée par la voix déchirante de BONO… Il s’agît sans doute de l’heure des plus belles compositions de U2. Un groupe qui dirige alors avec une certaine magie, l’art de la retenue et de la montée en puissance, logée quelque part entre tension impalpable et lyrisme assumé: une vraie réussite.
U2 – The Unforgettable Fire
U2 enregistrera l’album du 7 mai au 5 août 1984 à Slane Castle, un ancien château irlandais. Rien à voir évidemment avec le château de Moydrum, en couverture de l’album, dont les ruines auraient eu bien du mal à accueillir le studio haut de gamme de U2. Notons également, la participation de Chrissie Hynde en guest pour certains chœurs et un titre d’album épique… Pourtant, rien à voir avec cette force attractive du feu. The Unforgettable Fire est inspiré d’une exposition de peintures organisée par les survivants d’Hiroshima et de Nagasaki.
Succès mérité pour ce disque: 6,5 millions d’exemplaires seront vendus à travers le monde. Pas mal pour un disque expérimental, qui plus est, attendu au tournant.
Auguste Marshal
[…] décide alors à contacter Chris Blackwell fondateur des disques Island ( Nick Drake, U2, King Crimson, Jethro Tull). Ce dernier suit son évolution depuis des années et […]