Ian McCulloch, Will Sergeant, Pete de Freitas et Les Pattinson
Echo and the Bunnymen :
Certaines musiques dégagent un étrange parfum de mélancolie douce amère, au de-là même de leur interprétation. Elles semblent dévoiler l’émanation du « mystère »… délivrant des sonorités lumineuses, teintées de romantisme et de spleen, sans jamais sombrer dans la fadeur des artifices insipides. Fruit d’une symbiose de la période post punk, quelque part entre new et cold wave, la musique d’Echo and the Bunnymen, est largement portée par la présence, la personnalité et le lyrisme vocal de leur chanteur. Ian McCulloch, un personnage lunaire, porté par ses inspirations naturelles :
« J’adore les orages. Les arbres qui s’agitent, le vent qui souffle, l’eau, la mer, l’océan, les grandes vagues… je ne suis pas un grand nageur. J’aime les éléments fantastiques et puissants, les choses qui me font peur. La lune aussi… »
Interview Rolling Stone de Ian McCulloch
Ocean Rain : Echo and The Bunnymen
1984, le groupe Echo and the Bunnymen originaire de Liverpool sort son quatrième album Ocean Rain. Celui que l’on considère généralement et à juste raison, comme le plus abouti de leur carrière. Et pourtant, l’accueil par la presse est à l’époque assez mitigé, avec notamment des critiques assez peu élogieuses du NME et du Rolling Stone américain. Heureusement, la presse anglaise dans son ensemble saura reconnaître le brio de cette petite perle. Véritable pépite qui domine par son mystère et son évidence la production discographique du groupe.
Évidemment, on a tous en tête l’incroyable ballade romantique et ténébreuse The Killing moon. Un bijou servi dans son écrin qui porte brillamment la quintessence du style cold et lyrique des Bunnymen. Une composition parfaite portée par une atmosphère sombre et émouvante, des mots d’amour tendrement désespérés sous un ciel étoilé où la lune se meurt… La tension est palpable et l’orchestration nous entraîne dans le mélo romantique, enivré par cette voix aussi mélancolique qu’exaltée.
Echo and the Bunnymen : The Killing Moon
« The Killing Moon a été écrite en 1983. Aujourd’hui, la ‘lune tueuse’ me semble beaucoup plus proche. C’est la mort, je crois… J’avais aussi envie de ralentir cette chanson, ajouter du piano et des cordes, des solos, pour donner une autre ambiance. Je l’aime bien comme cela. »
Ian McCulloch à propos de la nouvelle interprétation de The Killing Moon (2018 LP : The Stars, the Océans & the Moon)
L’ensemble de l’album est soutenu par un orchestre de cordes, et nous délivre 9 titres parfaitement aboutis. Le tempo est quant à lui assez linéaire. On navigue dans l’univers trouble et brumeux d’Echo and the Bunnymen, à l’image de cette pochette crépusculaire où le groupe semble égaré sur une barque, voguant sous un ciel nocturne violacé.
On rapproche très souvent les accents lyriques de la voix si particulière de Ian Mc Culloch des envolées vocales de Jim Morrison. Et pourtant, elle n’est pas sans rappeler les accentuations plaintives de Morrissey des Smiths, l’emphase d’un Michael Stipe (R.E.M.), ou les arcanes des vocalises de Robert Smith (Cure).
Pourtant, malgré toutes ces analogies élogieuses, l’identité absolue du groupe réside dans la voix unique de Ian Mc Culloch. Servie sur ce disque par des compos et des arrangements d’une très grande finesse, cette voix emprunte de mystère dégage les sensations des profondeurs enivrantes. Les guitares de Will Sergeant sont cristallines et hypnotiques, la rythmique en roulements de Pete de Freitas et la basse tendue de Les Pattinson soutiennent l’ensemble de cordes dans une homogénéité efficace. On notera également d’autres morceaux d’une parfaite facture tels Silver, Crystal days ou encore Seven Seas.
Echo and the Bunnymen : Seven Seas
Ocean Rain est en quelque sorte l’album de l’apogée, le sommet de leur carrière. En 1987, en panne d’inspiration et de motivation, Echo and the Bunnymen enregistrent un album éponyme dont ils auraient sans doute pu se passer. La magie d’Ocean Rain n’est plus au rendez-vous. Défaillance des envies, perte des repères du groupe, malgré la participation de Ray Manzarek des Doors, le disque est un échec.
L’année suivante, Ian Mc Culloch quitte le groupe pour se lancer dans une aventure en solo. Les autres membres, déterminés à continuer recrutent le chanteur Noël Burke, mais le batteur Pete de Freitas décède tragiquement dans un accident de moto. Les résistants sortiront encore un album, avec une formation qui n’a plus rien à voir avec celle des débuts. Ni le public, ni la critique n’apprécient : Echo and the Bunnymen se sépare en 1990.
Reformation étonnante :
A noter une surprenante re-formation en 1997, après une réconciliation entre Ian Mc Culloch et Will Sergeant. Une seconde vie du groupe, parfaite pour ceux qui auraient manqué cette première époque, l’alchimie des débuts en moins…
Auguste Marshal
Albums studio Echo and the Bunnymen
1980 : Crocodiles
1981 : Heaven Up Here
1983 : Porcupine
1984 : Ocean Rain
1987 : Echo & the Bunnymen
1990 : Reverberation (album) (en)
1997 : Evergreen
1999 : What Are You Going to Do with Your Life?
2001 : Flowers
2005 : Siberia
2009 : The Fountain
2014 : Meteorites
2018 : The Stars, The Oceans & The Moon