L’ esprit dissident
Patti Smith : Horses
Au milieu des années 70, Patti Smith est sans nul doute l’un des personnages précurseurs de l’esprit contestataire qui va surgir du mouvement Punk. Même si sa musique ne renvoie pas initialement à la violence brute et sèche des Ramones, Sex Pistols ou du Clash, son premier album est un disque fondamentalement annonciateur de la déferlante à venir.
Sorti en 1975, Horses fit l’effet d’une petite secousse sismique…
La volonté de Patti est alors de faire un album dissident. Une fusion de fougue et de violence à la fois fiévreuse et contenue, sur des textes admirablement poétiques, alliant sensibilité et révolte.
Patti, c’est la superbe. A l’époque, elle se sentait comme elle l’avouera elle-même, investie d’une mission. Le Rock avait perdu ses égéries magnifiques. Jim Morrison, Jimi Hendrix ou Janis Joplin n’étaient déjà plus de ce monde, et l’envie de rallumer la flamme brûlait en elle comme le feu sacré.
« A l’époque de Horses, le rock se fourvoyait (…) Je voulais ranimer la flamme ».
Patti Smith – Horses
Un premier disque fondateur
Mission réussie ! Nul n’oserait aujourd’hui remettre en cause l’aspect fondateur de ce premier disque, qui jeta un véritable coup de pied dans la fourmilière. Malgré de fortes dissidences avec son producteur John Cale, cet album réussit parfaitement à traduire à la fois l’inspiration urbaine du Velvet Underground, l’aspiration poético-folk de Dylan et l’attirance de Patti pour la culture poétique. Ces inspirateurs : Verlaine, Rimbaud et William Burroughs, poète et écrivain de la beat génération, personnage qu’elle admire par ailleurs profondément. Patti sur l’album Horses s’adonne uniquement à la force de son chant. Elle est d’ailleurs entourée d’excellents musiciens! Richard Sohl au piano, Lenny Kaye à la guitare, Ivan Kral à la basse et guitare, et Jay Dee Daugherty à la batterie.
« À mon arrivée à New York, les gens se fichaient de mon attitude. La police ne m’arrêtait plus en me demandant si j’avais de la drogue sur moi, alors que je n’en avais jamais pris de ma vie ».
France Inter, 2015
Patti Smith Horses : album culte?
De l’énergie de la musique jusqu’à l’esthétique, l’album entier est une réussite. Même cette somptueuse pochette cultive cet esprit marginal et indépendant. Une iconographie anti Flower Power, à des lustres des clichés psychédéliques des 70’s, sur laquelle Patti affirme fièrement son masculin féminin et sa liberté d’être. Elle y déploie ce charisme infaillible qui la porte encore aujourd’hui au rang des artistes inclassables.
A l’époque, le disque est une révélation pour beaucoup et l’accueil médiatique est dans l’ensemble chaleureux. Même le NME se targue de cet encensement inhabituel:
« Des coups d’essai comme celui-ci, il n’y en a pas un sur mille. Meilleur que le premier Beatles, que le premier Stones, que le premier Dylan, que le premier Roxy Music. Aussi bon que le premier album des Who, des Doors et de Jimi Hendrix… »
Auguste Marshal