Mano Negra : Puta’s Fever ! Pourquoi ce titre ?

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Mano Negra : de Patchanka à Puta’s fever

Mano Negra – Puta’s Fever : Pourquoi ce titre ? Réponse simple et efficace signée Manu Chao:

“Le tout s’appelle «Puta’s Fever» parce qu’en Amérique du Sud ça veut dire « la chtouille ». C’est un pied de nez à tous ceux qui disent que l’on est un peu les vendus du mouvement. C’est la fièvre des putes… les putes c’est nous”.

La Mano Negra – Longueur d’Ondes, 1989

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La genèse du collectif Mano Negra

L’année 1988 nous avait permis de découvrir La Mano Negra grâce à la sortie de l’excellent album Patchanka, un groupe français venu à priori de nul part avec un son et un concept à contre-courant. L’histoire avait débuté un an auparavant avec l’idée des deux frères Chao de monter un groupe à l’esprit cosmopolite, sans se soucier des étiquettes du genre musical. Manu Chao officiait auparavant au sein des Hot Pants, son frère Antoine jouait avec Los Carayos. Les premières ébauches de la Mano Negra prennent naissance en compagnie d’une autre figure de la scène rock : Alain, le contrebassiste des Wampas.

Patchanka : un premier album étonnant

puta's fever - manu chao

Le style de Patchanka, fusionne des rythmes rock, reggae et latino, orchestrés par un groupe qui est devenu au fil des rencontres un véritable collectif. On y retrouve entre autres le batteur Santi, qui officia au sein des Kingsnakes et des Hot Pants. Tonio Chao des Chihuahua et des membres des incontournables Casse-Pieds (Philippe Teboul, Daniel Jamet et Jo Dahan), soit un sacré melting-pot de la scène rock alternative française de l’époque. Le tout est chapeauté par Boucherie Production, le label de François Hadji Lazaro. Patchanka est le premier album et c’est une petite bombe, notamment grâce au succès imprévisible de Malavida. Rolling Stone magazine placera l’album au rang des 32ième plus grands albums de rock français. On annonce à l’époque environ 50000 exemplaires vendus.

Alors, lorsqu’on démarre sur les chapeaux de roue, on est généralement plus ou moins attendu au tournant. Et pour la Mano Negra, c’était effectivement le cas. Changement de maison de disque,  Virgin signe le groupe avec qui il sera convenu de conserver une certaine indépendance. La Mano a ainsi le luxe de choisir les titres de l’album et du single destinés aux radios, le marketing, les affiches, la promotion, et même celui de ne pas avoir de producteur.

Mano Negra : King Kong Five

Mano Negra : Puta’s Fever

Puta’s Fever, le second album de la Mano Negra, sort le 1er septembre 1989 et c’est une véritable explosion de créativité. Dix huit titres gravant le métissage des cultures avec des textes en français, anglais, espagnol et arabe. Un éclectisme musical qui leur sied à merveille. King Kong Five est à la limite du Dub sur un vocal anglophone proche du rap, et une énergie héritée du punk rock.

Pas assez de toi, ballade énergisante en français, rythmée, colorée, tellement mélodieuse et contrastant avec cette prose aussi violente que succulente. Une chanson qui sera un véritable carton médiatique sur les ondes FM. On ne passera pas non plus à côté des rythmes punk latins endiablés de Soledad. Sans oublier l’une des chansons les plus surprenantes et réussies de l’album: Sidi’h’Bibi. Cette magnifique création hybride combine avec classe l’énergie du punk rock et les mélodies orientales, Manu Chao cédant d’ailleurs exceptionnellement sa place de chanteur au percussionniste Philippe Teboul.

Mano Negra : Pas assez de toi

Manu Chao – Citation

“La chanson française, je l’ai découverte sur le tard. Quand j’étais ado, je n’écoutais que du bon Rock’n’roll anglais ou américain des années 50-60. Puis il y a eu le punk et des groupes de rock français, mais le texte ne passait pas. Le jour où j’ai vu à la télé un concert de Brel, j’ai vraiment pris la claque de ma vie. Je me suis dit : Lui, c’est un punk, un vrai, tout en noir, tout en sueur. Oui, la claque de ma vie!”

Puta’s Fever est au final un album hétéroclite, foisonnant d’idées fécondes, classé cette fois 8ième meilleur album rock français par Rolling Stone magazine. Un exemple réussi de métissage des cultures musicales et linguistiques avec pour corollaire le bonheur de figurer au panthéon des albums à visée thérapeutique anti-stress. D’un bout à l’autre, il s’en dégage une énergie absolument jouissive.

Auguste Marshal

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