Importée d’Espagne et impropre à la consommation
« Fraise en hiver, cancer en été » !
Ceux qui ont pris l’habitude depuis des années de consommer des fruits et légumes sans saveur et à la consistance sans rapport avec celle des fruits et légumes que nos grands-parents et certains d’entre nous (MOI !) cultivent et cultivaient dans leurs potagers ont certainement perdu ce sens qu’on appelle «le goût». Les autres se font piéger, notamment par ces fraises qu’on peut consommer (pardon, acheter) même l’hiver. Une fois qu’on y a croqué, on se demande si on n’a pas pris par mégarde un jouet en plastique dans la dinette de la petite dernière. Le goût, en revanche, est loin d’être dérangeant puisqu’il est aux abonnés absents. Comme dirait Jean-Pierre Coffe, «ça se mange pas, ça se bouffe»; et, hélas, ça se bouffe à la tonne : sur une production annuelle de 330 000 tonnes de fraises espagnoles (chiffre 2006), 25% sont destinés au marché français (source douanes et Interfel).
La France importe 71% de fraises d’Espagne, soit 83 000 tonnes (chiffre 2006) et consomme annuellement 130 000 tonnes de fraises.
Une fois la barquette achetée, direction la poubelle ?
Hélas on n’a pas toujours le courage de jeter une barquette qu’on a pu payer entre 4 et 6 €. Pourtant, on devrait !
La solution consiste à accommoder le mets ignoble en salade de fruit. Coupé en morceau, avec un jus de citron, recouvert de sucre en poudre, on pourrait presque se régaler… s’il n’y avait pas, justement, dans le délicieux jus sucré, ces ignobles morceaux durs auxquels on donne le nom de fraise.
Fraises espagnoles… Attention, danger pour la santé
Il ne s’agit pas d’incriminer en vrac toutes les fraises espagnoles. Certaines sont très certainement excellentes. Surtout pour les Espagnols eux-mêmes, car lorsque la fraise espagnole a fait un périple de 1.000 à 1.500 kilomètres en camion réfrigéré, elle devrait (normalement) être nettement moins attractive pour le consommateur français.
A dix tonnes en moyenne par véhicule, ils sont 10 000 par an à faire un parcours valant son pesant de fraises en CO2 et autres gaz d’échappement. Car la quasi-totalité de ces fruits poussent dans le sud de l’Andalousie.
Ignoble au goût mais juteuse pour le distributeur
La fraise espagnole est extrêmement séduisante pour les étals de grandes surfaces puisque payée nettement moins cher qu’une fraise française.
Et c’est justement les distributeurs qu’il faut responsabiliser dans leur politique d’achat, car l’impact des cultures de certaines catégories de fraises espagnoles sur l’environnement est catastrophique.
« Fraise en hiver, cancer en été » !
Faudra-t-il lancer des slogans à la Coluche pour que le Français se décide à consommer de façon réfléchie ? Il n’est pourtant pas épuisant d’attraper un dictionnaire et de vérifier que la fraise arrive début mai. Et d’en déduire qu’une fraise en hiver, fût-elle originaire d’Espagne, est aussi suspecte qu’un poulet doté de quatre cuisses originaire de Tchernobyl ou qu’un sushi fluorescent de Fukushima.
Les fraises espagnoles sont en vente en France de début janvier jusqu’en avril ; c’est pas bien naturel, comme calendrier !
D’où viennent-elles ?
Le WWF a publié cette information : « C’est autour du Parc de National de Doñana, inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco, que 95% des fraises espagnoles sont produites, sur une surface de 5.000 hectares. Avec une biodiversité exceptionnelle, cette zone humide de 100 000 ha, haut-lieu des migrations d’oiseaux, accueille la dernière population de lynx (20 individus).
Or, depuis les années 80, les sites de production se multiplient de façon anarchique et pèsent lourdement sur l’environnement: utilisation massive de produits chimiques pour la préparation du sol, cultures sur sable et sous plastique, consommation massive d’eau pour l’irrigation, occupation des sols en toute illégalité ».
Après l’impact sur l’environnement, celui sur la santé « Pour donner des fraises hors saison, les plants produits in vitro sont enfournés en plein été dans des frigos qui simulent l’hiver pour avancer leur production.
A l’automne, la terre sableuse est nettoyée, stérilisée, la microfaune détruite, avec du bromure de méthyl et de la chloropicrine. Le premier est un poison violent interdit par le protocole de Montréal sur les gaz attaquant la couche d’ozone signée en 1987 (dernier délai en 2005) ; le second, composé de chlore et d’ammoniaque est aussi un poison : il bloque les alvéoles pulmonaires en entraînant de violentes douleurs. Il a longtemps servi de gaz de combat et a été utilisé pour la dernière fois par Ali Hassan Al-Madjid dit « Ali le Chimique », au Kurdistan, contre les Chiites et contre les Iraniens pour le régime de Saddam Hussein, ce qui lui a valu en 2006 une condamnation à la peine de mort.
La plupart des producteurs de fraises andalouses emploient une main d’œuvre marocaine ou roumaine, des saisonniers ou des sans-papiers sous-payés et logés dans des conditions précaires, se réchauffant le soir en brûlant les résidus des serres en plastique qui recouvrent les fraisiers au cœur de l’hiver. Un rapport de la FIDH rendu public dénonce des « violations des Droits de l’Homme » envers les travailleurs marocains dans la récolte des fraises en Espagne
Un écolo de la région raconte l’explosion des maladies pulmonaires et de affections de la peau. Les plants poussent sur un autre plastique noir et reçoivent une irrigation goutte à goutte qui transporte les engrais, des pesticides et des fongicides » (Politis du 12 avril 2007). Pour en savoir plus, lire cet article (cliquer ICI).
Après ça… Bon appétit !