1936 : LA REINE DES RESQUILLEUSES

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1936 : LA REINE DES RESQUILLEUSES

la reine des resquilleuses

Un film rare… qui mériterait de sortir en DVD

Un film que beaucoup aimeraient voir !

1936-reine

Synopsis

Victorine, une jeune chômeuse se fait passer pour un garçon (Victor) et obtient une place comme laveur de voitures.

La Reine des resquilleuses est, comme son titre le laisse prévoir, un film à tendances comiques. Un jeune milliardaire américain, victime d’escrocs, et une employée parisienne qui sait se travestir en sont les principaux personnages. Mais un grand nombre d’autres participent à l’action du film de MM. E. Raymond et Mario de Gastyne : laveurs de voitures, financiers véreux, et les interprètes sont Mmes Suzy Prim, Suzanne Dehelly, Jeanne Fusier-Gir, Mady Berry, MM. Max Dearly, Pierre Brasseur, Jacques Baumer, Palau, Aimos, Carette, Marcel Vallée, Charles Dechamps, Robert Pizani, Georges Flamant, Bosc, Cahuzac, Pitouto, Mariotti, Teddy Michaud, Pierre Finaly, etc.

Les hebdomadaires La cinématographie française et Pour vous nous permettent de suivre presque au jour le jour l’évolution du film qui fait l’objet de notre étude :

mai : « Pour la couronne » : Un producteur indépendant ayant annoncé la réalisation prochaine de La Reine des Resquilleuses avec la charmante Paulette Dubost dans le principal rôle, M. René Pujol, l’auteur du scénario du Roi des Resquilleurs, prit ombrage de la chose. Il se décide, après réflexion, à donner une suite au film de Milton en conservant, bien entendu, cette vedette.

Cette lutte courtoise pour la couronne est fertile en tours et détours, mais la situation de Bouboule ne paraît guère menacée.

juillet : Max Dearly vient d’être engagé par Max Glass.

août : La Flora-Films, qui s’était assuré l’exclusivité de Paulette Dubost, n’a pas renouvelé le contrat de cette artiste lors de son expiration. A la suite de cette décision, la Flora-Films nous prie d’annoncer qu’elle vient d’engager Suzanne Dehelly qui interprétera, dans LA REINE DES RESQUILLEUSES, le rôle primitivement prévu pour Paulette Dubost.

Suzanne Dehelly

“DEHELLY”… Ça fait penser à un pseudo comme “Hergé” (R – G). DEHELLY n’en est-il pas un, correspondant aux initiales D L I. ? Or son acte de naissance dans le 10e arrondissement de Paris est bien Suzanne Dehelly et son père se nomme Gaston Auguste Dehelly. C’est son vrai nom et non un pseudonyme !

Suzanne Dehelly

septembre : Au studio de Joinville dans un grand décor dessiné par Guy de Gastyne, celui-ci et Max Glass travaillent tous deux à la réalisation de ce film dont la distribution comprend Max Dearly, Suzanne Dehelly, Suzy Prim, Pierre Brasseur, Raymond Aimos, Carette, Marcel Vallée, Georges Dechamps, Fusier-Gir et Georges Flamant.

Un hall d’hôtel s’ouvre sur une terrasse, au fond on découvre les montagnes. Nous sommes en plein Tyrol, ainsi que l’indiquent les pittoresques costumes des figurants. Max Dearly et Pierre Brasseur, qui discutent avec animation, sont également vêtus de la traditionnelle culotte de peau de chamois et coiffés de l’amusant chapeau à plumes. Attendant le moment d’intervenir, voilà Suzanne Dehelly, en laveur de voitures : combinaison et bottes de caoutchouc.

Nous la verrons également dans ce film sous son véritable aspect qui nous surprendra agréablement, habitués que nous sommes à la voir se défigurer dans des rôles de composition.

19 septembre 1936 : le film touche à sa fin et sera terminé mardi.

Maintenir l’Esprit Français dans les Films Français tel est l’avis de MAX GLASS

Le metteur en scène Max Glass, qui dirige la société Flora-Films, productrice de La Reine des Resquilleuses, et qui a participé à la réalisation de nombreux films, se propose de donner à cette firme une nouvelle orientation. Il désire créer des productions de grande envergure qui, tout en conservant l’ambiance et l’esprit français, soient susceptibles d’être largement diffusées à l’étranger.

« Je pense, nous dit-il, que, pour exporter un film dans de bonnes conditions, il faut s’éloigner de la formule dite internationale qui, dépourvue de tout cachet d’origine, risque d’être trop impersonnelle. Je crois qu’un film d’ambiance et d’esprit français, sur un scénario habilement construit, sera mieux accueilli à l’étranger auquel il apportera le caractère propre à une nation.

Quels seront les premiers films auxquels vous comptez donner cette orientation ?

Après La Reine des Resquilleuses, que je viens de terminer, je réaliserai Palais Royal, une importante comédie interprétée par les artistes sous contrat à Flora-Films : Max Dearly, Larquey, Suzanne Dehelly et Pierre Brasseur. Ensuite je tournerai une production d’atmosphère dramatique, qui sera traitée avec beaucoup de vie, de mouvement et d’émotion ; puis un autre film d’aventures dans une ambiance élégante. Je compte mettre en scène moi-même les sujets les plus importants ; mais, de toute manière, je participerai toujours personnellement à toutes les productions de Flora-Films. »

Octobre : Si nous vous jurions que ce film a pour objectif d’élever vers de hautes spéculations l’esprit des masses, vous auriez tort de nous croire. Aussi bien n’est-ce point, quant à présent, ce que les masses demandent. Elles veulent être amusées et distraites ; l’accueil qu’elles ont fait à La Petite Sauvage et plus chaleureusement encore à La Rosière des Halles prouve que la formule adoptée par Max Glass plaît au plus grand nombre. Il a donc décidé de poursuivre dans une voie qui le conduit sans accroc vers son but. Et il met en scène lui-même, avec un soin tout particulier, secondé pour la partie technique par Marco de Gastyne, cette Reine des resquilleuses qu’incarne Suzanne Dehelly.

Un millionnaire — ou un milliardaire ? Pourquoi pas, à tout prendre ? — américain, Pierre Brasseur, est visé par un syndicat de très mauvais garçons incarnés par Charles Dechamps, Marcel Vallée, Georges Flamant, Palau ; il ira — nous ne vous raconterons pas pourquoi ni comment, où serait plus tard la surprise ? — s’amuser dans le garage que tient Suzanne Debelly, où Raymond Aimos et Julien Carette sont laveurs de voitures. Nous verrons Max Deariy en valet de chambre, Maddy Berry en clocharde, Pizani en marquis, Jeanne Fusier-Gir en logeuse et Jacques Baumer en M. Legrand. Mais nous verrons aussi Suzy Prim en aventurière, Suzy Prim que, sous le nom pas plus compromettant ni plus rassurant que ça, de comtesse Véra, les vilains bonshommes vont lancer sur Woolson-Brasseur.

suzy

« Dis donc, il a une bonne petite gueule sur sa photo, le jeune Woolson ! »

C’est Suzy qui parie, de sa voix étrange, à la fois nonchalante et si j’ose dire bien éveillée. Que parle-t-on toujours de sex-appeal ? L’appel émouvant d’une voix, qu’en fait-on ? On l’ignore ? Celle de Suzy Prim, voix parisienne sans être faubourienne, n’est certainement pas payée son prix.

« Minute, minute ! Ne mélangeons pas le sentiment et les affaires ! »

C’est Charles Dechamps qui fait la leçon à l’inflammable.

« Ne sois pas tendre trop vite. Pour tenir sûrement le poisson, il faut lui laisser le temps de bien se prendre a l’appât.. »

C’est à peine si Prim relève la tête, et pourtant un regard ambigu passe dans ses yeux clairs frangés de noir ; elle se redresse mollement, empoigne par un coin sa cape de renard :

« Ne t’en fais pas, le petit poisson ne sera pas ferré tout de suite… »

Elle part, traînant derrière elle la fourrure… A la place de Charles Dechamps, je me méfierais : cette voix nonchalante, ce détachement ostensible… la comtesse Véra ne fera peut-être pas exactement ce qu’il attend d’elle.

Interview de Suzy Prim :

Pour le théâtre et surtout pour le cinéma, j’aime les toilettes drapées, dont les plis « vivent », qui font paraître {dus longue et plus souple qu’on est. Dans La Reine des resquilleuses, j’ai une toilette de maroquin bleu ciel qui m’a fait perdre patience chaque fois que je l’ai mise parce que c’est toute une histoire d’y entrer, de suivre l’enroulement et de respecter la place de chaque pan. Et puis, quand je m’y trouvais, tout était si harmonieux et si simple, la chute des plis était si naturelle, leur déplacement si gracieux, que j’oubliais la patience qu’il avait fallu déployer pour en arriver là. C’est une chose absolument essentielle et que je vous recommande de ne jamais perdre de vue : les efforts ne doivent, je ne dis même pas paraître, mais seulement se deviner, il faut que le résultat donne une grande impression d’aisance. Je garde quelque rancune au diadème d’argent qui accompagnait cette robe parce qu’il n’a jamais voulu tenir solidement, qu’il m’obligeait à penser à lui ! Et que rien n’est pus insupportable qu’un ornement — ou un vêtement — qui se rappelle à vous. Pour être naturelle, il faut pouvoir oublier ce que vous portez comme vous oubliez votre foie ou votre estomac si vous êtes en bonne santé.

14 novembre : Max Glass a terminé cette semaine l’enregistrement de la partition musicale et des chansons écrites par le compositeur Ralph Erwin.

Le jeudi 17 décembre, à 10 heures, au Marignan, la Flora-Films présentera La Reine des Resquilleuses, une grande et luxueuse comédie réalisée par Max Glass et dont l’interprétation très brillante réunit les noms de Max Dearly, Suzanne Dehelly, Suzy Prim, Pierre Brasseur, Aimos, Carette, Jacques Baumer, Jeanne Fusier – Gir, Charles Dechamp, Marcel Vallée, Georges Flamant, Mady Berry, Palau, Pizani.

Des situations vaudevillesques au succès éprouvé et amenées avec habileté font de La Reine des Resquilleuses une comédie-vaudeville bien rvthmée aux effets comiques certains, qui a pour brillants meneurs de jeu un quatuor d’excellents artistes comme Max Dearly, Pierre Brasseur, Suzy Prim et Suzanne Dehelly.

SCENARIO. Une bande d’aigrefins a décidé d’exploiter dans tous les sens du terme un jeune milliardaire américain de passage à Paris. Une jeune femme, qui se fait passer, selon les circonstances, pour un homme ou pour une jeune fille, sauve le milliardaire des griffes des bandits après une suite de péripéties mouvementées. Elle aura désormais la confiance du jeune homme qui a également gagné l’amour de l’aventurière placée sur son chemin par ceux qui en voulaient à sa fortune.

TECHNIQUE. Quoique certaines scènes paraissent un peu longues – surtout les scènes d’ivresse — l’action se suit sans à-coups et sur un rythme assez vif. Quelques décors font impression, comme la reconstitution d’un immense garage international. Le son et la photographie sont excellents. Le dialogue est amusant dans l’ensemble et agréablement léger.

INTERPRETATION. — Dans son double rôle – masculin et féminin — Suzanne Dehelly est d’une cocasserie irrésistible ; Suzy Prim est une « vamp » qui a beaucoup d’allure; Pierre Brasseur fait preuve de fantaisie dans le rôle du fils à papa milliardaire, et Max Dearly tient avec une bouffonne dignité le personnage du valet de chambre. Les autres rôles, même les plus petits, sont remplis par des comédiens de valeur.

Décembre : Les Six-Jours de Suzy

Ne pas confondre avec La semaine de Suzette ! Quand elle eut terminé La Reine des Resquilleuses, Suzy Prim disposa de six jours francs avant le début du film nouveau.

« Je vais, proclama-t-elle avec une conviction magnifique, prendre des vacances : j’en ai bien besoin ! »

Une semaine plus tard, on la retrouve sur le plateau du Chemin de Rio.

« Alors, Suzy, comment va ?

Je suis claquée !

Et ces vacances alors ?

Ne m’en parlez pas ! On est parti en auto, on a couché à Avignon un jour, on a couché à Monte-Carlo deux jours. Il fallait prévoir deux jours pour le retour, ce qui faisait quatre. On a donc passé deux jours à Monte-Carlo, avec excursions en voiture et casino… Charmant d’ailleurs tout cela, mais… »

Un instant de songerie, puis :

« J’aurais dû le prévoir… « Les Six-Jours, n’est-ce pas ? ça n’a jamais reposé personne… »

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