THE DIRT, le biopic irrévérencieux et atypique de Mötley Crüe

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The Dirt (2019), réalisé par Jeff Tremaine. Avec Douglas Booth, Machine Gun Kelly, Daniel Webber et Iwan Rheon.

The Dirt

The Dirt est un biopic consacré à Mötley Crüe. Un film à leur image, original, irrévérencieux, et ne se prenant jamais trop au sérieux. Un film, évidemment, aussi décrié que le groupe.

The Dirt – Premier Concert

Malgré leur statut de plus grand groupe de metal américain des années 80, les Mötley Crüe sont plus réputés pour leur goût du chaos que pour leur intégrité. C’est pourquoi en 2001, pour rédiger leur biographie, The Dirt : Confessions of the World’s Most Notorious Rock Band, personne ne s’étonne qu’ils fassent appel à Neil Strauss, un célèbre coach en séduction… Logiquement, 17 ans plus tard, Jeff Tremaine, présentateur truculent et réalisateur de la saga Jackass, est choisi pour le tournage du biopic.

Comme pour leur biographie, Nikki Sixx, Tommy Lee, Vince Neil et Mick Mars supervisent le tournage, allant jusqu’à investir leur propres deniers dans le projet. Une fois passée l’enfance difficile de Nikki Sixx, on comprend très vite que ce sera une oeuvre décalée. Un peu à l’image du faux biopic Spinal Tap.

Filles, défonce, bastons et chambres d’hôtel transformées en champs de bataille seront le nerf de The Dirt. Le ton est léger, les acteurs talentueux et charismatiques, et les gags plutôt drôles. Si bien que malgré un manque de sérieux évident qui pourrait nous détourner du sujet, on plonge aisément dans cette reconstitution aux décors et costumes hauts en couleurs mais pas dénués d’authenticité. Une manière d’épouser la trajectoire incroyable de cette “bande bordélique” (comme son nom l’indique), sans ressentir la gène du ridicule.

The Dirt – Live Wire

Princes de tous les excès, ces quatre garçons dans la tempête nous entraînent dans un tourbillon de poudre, de sexe et de fous rires. Vivant chaque jour leur célébrité comme si elle devait prendre fin.

Et si l’immoralité règne en maître, hormis l’enfance difficile de son leader livré à lui-même dès son plus jeune âge, le film ne leur fournit aucune excuse pour justifier leurs actes.

The Dirt – Nikki Six’s Childhood

Il ne fait que présenter une époque où la starification à outrance atteint des sommets d’indécence et d’absurdité. Le show bizz commence alors à générer des revenus démentiels, octroyant à de jeunes célébrités souvent issues de milieux défavorisés, des privilèges démesurés qu’ils n’ont jamais appris à gérer.

Pour le coup, compte tenu de l’atmosphère anarchique et légère du film, on ne peut qu’apprécier que Jeff Tremaine ait pris le parti de forcer le trait des personnages tout en opérant un casting de qualité. D’autant que la suite des évènements réserve quelques surprises plus sombres… Et oui, la vie finit par reprendre ses droits, plongeant nos héros dans la tourmente, mais révélant au passage une solidarité insoupçonnée. Et même si l’idée est simple, la notion de famille rattachée au concept de groupe, rappelle qu’une formation rock est aussi très souvent un refuge pour sales gosses délaissés.

End Scene

Au final, The Dirt est une production Netflix que l’on devine ultra-romancée, malgré ses allures de faux biopics. C’est un choix assumé des Mötley Crüe. Ils ont sans doute préféré laisser le soin à d’autres de débusquer la réalité une fois leurs existences achevées.

En attendant, on se contentera d’un Nikki Sixx, sous les traits de Douglas Booth. Leader ténébreux et charismatique rongé par l’héroïne.

The Dirt

Un Tommy Lee (Machine Gun Kelly) toujours hilare et d’une naïveté déconcertante.

The Dirt

Un Vince Neil (Daniel Webber) bondissant, attachant, et obsédé par la chose.

Et un Mick Mars (guitare) incarné par Iwan Rheon jouant les anciens, blasé, sentimental, mais doté d’une répartie minimaliste et imparable.

Cerise sur le gâteau, une apparition alléchante du Prince des Ténèbres, Ozzy Osbourne (Tony Cavalero).

Bande Annonce VOSTFR

Si on aime Mötley Crüe, c’est pour leur immoralité spontanée, combinée à un talent certain pour composer des standards de rock. Il existe souvent deux lectures possibles de la vie d’un rocker. Le fantasme du héros magnifiant la star, et nourrissant le mythe. Ou alors, l’approche réaliste mettant en exergue les aspects peu reluisants et souvent glauques d’une vie décousue. En marge de ces deux méthodes, Mötley Crüe a opté pour un délirium frisant parfois le cartoon, et restituant peut-être plus une folle époque, que la carrière du groupe. Pourtant, The Dirt est en parfait accord avec l’esprit de ces sales gosses dégénérés. Aucune quête de rédemption, juste le besoin de nous dire combien ils se sont marrés.

Motley Crue

En conclusion, j’ajouterai que pour une fois qu’un biopic fait la part belle à l’ensemble des membres du groupe, tout cela sans trop abuser du gag, ni du mélodrame. On ne peut que se laisser contaminer par le rythme agréable du film, et l’insolence de ces têtes brûlées. Pour plus de plaisir, lire l’ouvrage dont il est tiré, The Dirt : Confessions of the World’s Most Notorious Rock Band.

Serge Debono

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