Nancy Sinatra à nu !

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Fille à papa… avec ou sans boots

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GIRLS-POWER

Toujours là malgré une absence de 30 ans au hit-parade

Le livre GIRLS POWER – LES FILLES A L’ASSAUT DU DISQUE ET DU CLIP – cliquer ICI   recense des centaines de chanteuses qui ont bouleversé le monde de la chanson, dont Nancy SINATRA

De son premier mariage avec Nancy Barbato décédée en juillet 2018 à l’âge de 101 ans, Frank Sinatra eut trois enfants, Nancy, Frank Junior et Christina dite « Tina ». Nancy était visiblement sa préférée (Frank Junior bouillait de jalousie) et, pour son quatrième anniversaire, il enregistra la chanson « Nancy ». Sans utiliser les contacts qu’elle aurait pu obtenir grâce à son père, elle commence au bas de l’échelle, son physique irréprochable l’aidant à décrocher des petits rôles dans des petits films. Puis elle se marie avec le chanteur-acteur Tommy Sands (dont elle divorcera en 1965).

Accompagnant son mari et un ami de son père (Paul Anka) qui tous deux tournent dans le film de Darryl Zanuck, « Le Jour le plus long », célébrant le débarquement du 6 juin 1944, elle se rend en Normandie en 1961. De retour au pays, elle enregistre ses premiers 45-tours qui, paradoxalement, marchent mieux en Europe et au Japon que dans son propre pays.

En 1962 elle publie “To Love Him Is To Love Him”, reprise d’une sublime chanson de 1958 qui avait été n°1 de part et d’autre de l’Atlantique interprétée par un trio américain, The Teddy Bears (littéralement, les Ours En Peluche) où s’illustrait Phil Spector. Hélas, lorsque Nancy l’enregistre, la chanson est encore trop présente dans les mémoires, sa version passe inaperçue.

Le succès se fait réticent

Nancy ne publie rien de particulièrement marquant entre 1962 et 1966… Et tout à coup, c’est le miracle avec « These Boots Are Made For Walkin’”. Son auteur-compositeur Lee Hazlewood devait l’enregistrer lui-même et cela aurait donné une chanson “macho”. Mais, comme l’expliqua Lee, « On ne peut pas dire non à un ou une Sinatra » et Nancy voulait l’enregistrer. Dans sa bouche, cela devint une chanson dans l’air du temps : la libération de la femme. Elle l’enregistre un vendredi 13, et le 45-tours sort au moment de la grande grève du métro new-yorkais, à un moment où des millions de gens, contraints à la marche à pied, sont touchés par cette histoire de bottines « faites pour marcher », comme l’explique le titre !

Nancy Sinatra – These boots are made for walkin’

Contre toute attente, le succès ne se limita pas à New York, il gagna tous les Etats-Unis. Le titre fut également n°1 dans de nombreux autres pays. La chanson fut rapidement adoptée par les GI’s qui arpentaient les chemins escarpés et dangereux du Viêt-nam comme on peut le voir dans « Full Metal Jacket », le film de Kubrick. Nancy, d’ailleurs, alla s’y produire pour chanter et encourager les soldats américains.

Seule ou en duo, les succès, ensuite, s’enchaînent…

En 1966, elle obtient deux hits, « Bang Bang », en concurrence avec la version de Cher, et « Sugar Town “.

Nancy Sinatra – Sugar Town

Elle enregistre ensuite “Somethin’ Stupid” en duo avec son père (ce slow distingué est n°1 en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis) et « You Only Live Twice », B.O. du film « On ne vit que deux fois » de James Bond, en 45-tours (11e en Angleterre, 44e aux Etats-Unis). En France, son succès fut occulté par la chanson qui occupait l’autre face du disque, son duo avec Lee Hazlewood, le vivifiant « Jackson » (6e en France à l’été 1967). Le thème de « You Only Live Twice » sera samplé en 1988 pour fournir matière au tube de Robbie Williams, « Millenium ». Ce même Robbie Williams qui enregistrera en 1997 en duo avec Nicole Kidman un autre tube de Nancy Sinatra, « Somethin’ Stupid ».

https://www.youtube.com/watch?v=DMr6JrMd25s

Au moment même où son père revenait au premier plan avec « My Way » (1969), Nancy, elle, était passée de mode. Elle se remarie en 1970 avec Hugh Lambert, dont elle aura deux filles, Angela et Amanda. Et puisque sa carrière continue à traîner la patte, Nancy se consacre principalement à sa vie de famille, à l’éducation de ses enfants.

En 1976 elle publie un 45-tours, « Kinky Love » qui sera interdit à la radio en raison de ses paroles trop suggestives. C’est donc un coup dans l’eau : on en parle, mais on n’achète pas le disque. Il lui faudra trouver autre chose pour regagner le cœur du grand public. Désespérée par l’impossibilité de faire redémarrer sa carrière discographique et même cinématographique (son dernier film remonte à 1968) Nancy accepte la même année d’ôter ses boots, puis tout le reste pour Playboy et redorer son blason de quinquagénaire encore attirante (elle est née en 1940).

Sa version de 1966 de « Bang Bang » se refait une jeunesse grâce à son utilisation dans la bande originale de « Kill Bill », le film de Tarantino (2003). Du coup la « nouvelle vague » découvre Nancy et plusieurs de ses chansons sont samplées ou retravaillées par des rappeurs, des interprètes de hip-hop ou des disc-jockeys de renom : Audio Bullys, Radio Slaves, Young Buck, etc.

Elle avait été absente du hit-parade pendant trente ans (1974-2004), elle y retourne grâce au célèbre Morrissey (qui, soit dit en passant, est son voisin à Los Angeles) avec un réenregistrement de « Let Me Kiss You ». S’étant refait une virginité artistique, elle se sent prête à enregistrer un nouvel album, « To Nancy with Love » avec les grands noms de la nouvelle école : Sonic Youth, U2, Jarvis Cocker de Pulp et Steve Van Zandt. Elle a enfin séduit, non seulement les jeunes, mais également la communauté homosexuelle après avoir enregistré la chanson “Another Gay Sunshine Day” pour le film « Another Gay Movie » en 2006

Difficile de déterminer précisément dans quelle mesure l’exposition de Nancy dans un magazine de charme a joué dans son retour au premier plan. En tout cas, personne ne s’est plaint ouvertement de la connaître un peu plus intimement.

Daniel Lesueur – Culturesco

 

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