STARS and GUESTS en Concerts
Combien de concerts : Combien de Stars confirmées, parties joyeuses à l’idée de rencontrer leur public, se sont faites laminer par leurs invitées, leurs Guests, leurs premières parties de tournée ? Combien de Stars confirmées ont-elles permis à de moins fortunés de croiser un public qui les ignorait, mais reparti conquis par ce nouvel attrait ? Combien de Stars confirmées se sont vues précédées par un horripilant fond de cuvée ? Combien de Stars confirmées, toutes à leur sujet, assurent antipasti et menu d’un même élan, d’un même jet ?
Pour cette 500ème publication sur Culturesco, le chroniqueur revient sur ses émois, son vécu en concerts, shows, prestations live, diverses et variées, qui l’ont laissé heureux, sourire aux lèvres, ou dépité, dents serrées.
Commençons par ceux qui assurent seuls leurs prestations, sans imposer à leurs fans une interminable attente, leur faire subir la prestation d’un guest lénifiant et/ou inintéressant.
QUEEN – En 1978 et 1979, au Pavillon de Paris, point n’est besoin à Queen de quiconque pour ravir le public via un show au cordeau, drivé d’instruments de maître par des musiciens au sommet de leur art. Mercury à son mieux, avant la moustache, un répertoire dépourvu de pop, only du rock à la sauce hard. Pas moins de vingt-huit chansons offertes en 1978, vingt-neuf en 1979, sans temps morts ni trompettes, tout juste un passage acoustique afin de rafraîchir les esprits et corps surchauffés par l’assaut brillamment orchestré. Flamboyant souvenirs !
QUEEN – Live 1979
SPARKS – Septembre 2006, Sparks se produit à l’Elysée Montmartre après une désertion de vingt-cinq longues années (dernier concert parisien au Palace en 1981). Pour cette tournée promouvant la parution de Hello Young Lovers, l’album est joué en intégralité en « ouverture », seuls les frères Mael étant visibles sur scène, « leurs » musiciens jouant derrière un drapé semi-transparent. Un entracte est alors programmé avant que tout le monde ne revienne, tel un véritable groupe cette fois-ci.
Dans cette seconde partie, Sparks enquille ses « tubes », ses médailles, remontant jusqu’à 1974 et son incontournable hit : « This Town Ain’t Big Enough For Both Of Us ». Un pur régal concentré sur le fruit de notre désir : réentendre des morceaux bigarrés qui font le son et la particularité de Sparks.
Par contre, lors du second contact en 2013, à l’occasion du Two Hands One Mouth Tour à l’Alhambra, qu’elle plaie en ouverture… !
SPARKS – Live 2006
Ils sont pléthores ces concerts où la première partie gave le public, sans compter ceux qui promettent une star montante en amuse-bouche, décommandée au dernier moment, laissant la place à un fond de tiroir.
David Lee ROTH – après que Diamond Dave ait quitté Van Halen, il produit un EP typé crooner puis s’associe à des pointures pour élaborer son premier véritable album en solo. Rien moins que Steve Vai à la guitare et les frères Bissonette à la basse et à la batterie, Matt étant rapidement remplacé par le monstrueux Billy Sheehan (à la quatre cordes). C’est sous cette forme que David Lee passe au Zénith de Paris en 1988. Véritable show man, il déroule un set formidable d’énergie, de musique et d’humour, allant jusqu’à réunir ses musiciens autour d’un long solo de steel pan (ou steel drum) mémorable : prestation sensationnelle.
Par contre, la première partie fait figure de plaisanterie. Great White aux abonnés absents, reste les français de JINX. Ils ratent l’occasion (trop de pression ?) de séduire un public tout sauf favorable. Pas de lights, peu de son, des chansons ? La mayo ne prend pas : « P…de M… ! C’est qui ceux-là ?! ».
David Lee ROTH – Live 1988
TRUST – Voir Trust en 1997 ? Leur summum est atteint en 1983 avec l’album IV surnommé Idéal. Dès 1984 et l’album Rock’n’Roll, si ce n’est se gâter, les choses stagnent voire périclitent, fans déçus par son contenu moins métallique.
En 1997, le groupe tourne pour promouvoir un « anti » best of compilant des titres de leurs cinq premiers opus, plus deux morceaux enregistrés live ; dont un fusionnant « Problem Child » et « Live Wire » d’AC/DC. S’immerger à nouveaux en leur compagnie dans des morceaux devenus quasiment des classiques, qui plus est de visu, promet un moment inoubliable. Mais l’ambiance n’y est pas. Bernie semble peu impliqué, batteur et bassiste ne sont pas ceux de la formation originale, le son de Nono est « petit bras ». Malgré cela, on est trop heureux d’être-là. Par contre, la guest star… FOU, une guest « anti » star pour faire écho au Best Of ? La misère, le dépit, l’ennui.
TRUST – Live Problem Child / Live Wire
Au-delà des moments à somnoler en attendant nos stars préférées, il y a parfois d’excellentes surprises. Mieux, de superbes découvertes, des groupes de first part méritant de figurer en tête d’affiche.
PRETTY MAIDS – Ce 11 octobre 1985, Saxon a décidé de nous exploser les tympans. Pourtant habitué aux prestations scéniques de métallurgistes aguerris : Judas Priest, Accept et consort, le volume sonore déployé par Saxon ce soir-là est à la limite du supportable, gâchant d’autant le plaisir de les rencontrer « vivants ».
Par contre, en matière de plaisir, cette première rencontre avec les Danois de Pretty Maids qui ouvrent pour les Anglais invite à instaurer une relation suivie. Ils ont publié Red, Hot And Heavy l’année précédente et proposent donc des titres qui en sont extraits tout en reprenant de formidables chansons heavy mélodiques issues de leur premier EP éponyme (1983). Si l’on subit parfois des premières parties, cette fois-ci, on là plébiscite.
PRETTY MAIDS – Live 1985
PAGANINI – Mars 1986, Mötley Crüe vient relever les compteurs en France sur la tournée promouvant l’album Theatre Of Pain (1985). Les musiciens n’étant pas encore trop érodés par leurs addictions respectives, le show est formidable d’intensité. Il l’est d’autant plus que tout a bien commencé, le « chauffe plat » invité ce soir-là, contrairement à l’annoncé TNT, se trouve être PAGANINI, combo du Suisse Mark Paganini, ex chanteur de Viva. Des chansons interprétées « à la culotte », heavy et mélodique, permettent de se projeter vers l’album Weapon Of Love (1985), une vraie réussite. Belle découverte que ce groupe, hélas dissout trop vite.
PAGANINI – Faux live 1985
SKUNK ANANSIE – THERAPY? Vient de publier l’album Infernal Love qui fait suite à Troublegum (1994), opus qui les a installés sous les projecteurs. Le Infernal Tour 95 est mis sur pied pour essaimer la bonne parole à ce propos. L’Olympia est prêt à vibrer sous les assauts du trio. Surpris par le groupe d’ouverture, la réponse du public sera moins enthousiaste qu’espérée. En effet, SKUNK ANANSIE, inconnu jusqu’alors, défend sur scène son premier essai, Paranoid And Sunburnt, album le plus heavy groovy que le quatuor ait jamais produit. La prise de pouvoir par ce guest survitaminé essore le public, prestation étonnante de puissance et d’originalité. Atout majeur, Skin au chant, une panthère noire faisant la nique à Grace Jones, capable de feulements tout autant que de rugissements. Ou comment adhérer / adopter un nouveau groupe en un tour de chant.
SKUNK ANANSIE – Live 1997
Pour clore ce « tour » des concerts, après avoir aborder ces moments magiques où le hasard fait bien les choses, où l’on découvre de glorieux « petits » nouveaux, abordons les binômes incongrus où les formations d’ouverture sont parfois plus connues que les têtes d’affiche elles-mêmes.
FOREIGNER / JOURNEY – 2011, Foreigner et Journey servis sur un plateau ! Une occasion à ne pas manquer, même si la période où ils côtoyaient les étoiles est désormais derrières eux. Question : après Nono et ses potes qui dépoussièrent la scène avant eux, comment l’ordre de passage de l’un par rapport à l’autre a-t-il été décidé ? Toujours est-il que c’est Foreigner qui ouvre le banc, assure la « première partie ». Chez les musiciens, comme partout ailleurs, les egos étant démesurés. Mick Jones et sa bande ont-ils décidé de coller une raclée à celle de Neal Schon ? Dans les deux formations, le personnel originel a bien changé. En 2011, ne reste que Mick Jones chez Foreigner, Neal Schon et Ross Valory (basse) chez Journey. Si Journey sort un nouvel album cette année-là, Foreigner n’a sorti qu’un best of en 2009. D’où, peut-être l’ordre de passage, l’un ne repassant que ses hits, l’autre en défendant de nouveaux. Au final, Foreigner cartonne où Journey, par manque de cohésion, peine à séduire. Comme pour les Stars and Guests, parfois ce n’est pas celle ou celui annoncé comme favori qui remporte la bataille.
FOREIGNER – Live 2011
LYNYRD SKYNYRD / DEEP PURPLE – Zénith de Paris, an 2003. Don Airey et Steve Morse sont aux côtés des piliers Ian Gillan, Ian Paice et Roger Glover chez Deep Purple. Ils viennent de sortir Bananas, drôle de titre plutôt humoristique pour un très bon album tout ce qu’il y a de sérieux. La surprise vient de la première partie : Lynyrd Skynyrd ! La plus populaire des formations de southern rock, reconnue au même titre que Deep Purple et son « Smoke On The Water » avec des hymnes comme « Free Bird » ou « Sweet Home Alabama ». Qu’est-ce que cette pointure vient faire en guest alors qu’elle truste en vedette les scènes du monde entier ? Certes, un nouvel album, Vicious Cycle, est dans les bacs, mais quand même, Lynyrd En first part !
LYNYRD SKYNYRD – Live 2003
Il reste que sous cette forme, avec l’ex Blackfoot Rick Medlocke à la guitare et au chant, la sauce prend gentiment alors que Deep Purple nous cuisine un soufflé, tout un repas, moulinant talentueusement leurs vieilles épées, emballant brillement leurs derniers nés. Eu égard à la qualité de leurs prestations respectives, ce soir-là, les anglais étaient les rois.
DEEP PURPLE – Live 2003
Que faut-il retenir de tout ça ? Faut-il en conclure quoi que ce soit ? De fait, en 2025, la question est ailleurs que dans l’homogénéité des groupes associés sur une même affiche. Elle concerne bien davantage le prix des places de concert.
Deux cent euros pour se tenir debout sur une pelouse, les lilliputiens, tout là-bas sur la scène, s’activant à générer le son d’un pet de lapin. Abusif, prohibitif, scandaleux lorsqu’il s’agit d’ajuster le prix des billets en fonction de la demande – n’est-ce pas Oasis ? –, sans surprise par le haut, ne reste plus qu’à l’amateur à se rendre dans les « petites » salles écouter les formations moins en vue. En France, Emerald Moon, Little Odetta, Jessie Lee & The Alchemists, Red Beans & Pepper Sauce et j’en passe, propose de formidables shows à proximité du public, des concerts aussi bons que ceux de leurs glorieux ainés.
Contrairement à ce que John Lennon insinua un jour, à des kilomètres d’un vin Britannique discutable, le rock français égale en qualité celui des anglais… ou des américains. Et lorsque, live, nos « froggies » se présentent à deux sur l’affiche, cela annonce un feu d’artifices !
LITTLE ODETTA – Live 2024
Bordel ! Il est trop long mon 500ème papier ! Mais quel plaisir j’ai pris à le rédiger.
Thierry Dauge