LINKIN PARK – From Zero

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LINKIN PARK – From Zero

Une rapide comparaison entre la musique à l’œuvre sur Hybrid Theory (2000), premier galop discographique de Linkin Park, et From Zero, son dernier né, montre une disparition du « scratching », moins d’esprit « rap » – davantage de spoken word à mon humble avis –, des guitares moins aiguës / agressives mais plus lourdes / plombées, ainsi qu’un son de batterie épaissi. Évidemment, la disparition tragique de Chester Bennington, chanteur originel du groupe, suicidé par pendaison en 2017 – quelques mois après le suicide identique de Chris Cornell, chanteur de Soundgarden et ami – figure en autre changement majeur.

Emily Armstrong prend la place du défunt chanteur associée à Mike Shinoda ; n’est pas le plus puissant des deux celui qu’on croit. Dame Armstrong « envoie le bois », n’hésite pas à s’écorcher la voix sur les refrains, parallèle à Brody Dalle, hurleuse au sein de The Distillers.

LINKIN PARK – The Emptiness Machine

Une classification du genre musicale à l’œuvre variant en fonction des avis, on parle de nu metal saupoudré de metal indus ou alternatif… Des influences ? Qu’on veuille l’entendre ou non, Depeche Mode rode, comme chez Deftones ou Paradise Lost. Par endroit, saisis au vol alors que défile l’album, des sons rappellent Nine Inch Nails, Marilyn Manson ou encore Pantera, des adeptes de « douceurs » monstrueuses, expressions sonores imageant un mode de penser commun au service d’individualismes identitaires.

La noirceur ambiante synonymise le visuel de From Zero, univers inquiétant bardé d’échantillonnages, plaines d’espaces apaisés traversées de scories incandescentes où, frontalement, seuls la batterie et le chant subsistent.

Two Faced

Pour le néophyte, tout n’est qu’agressivité, bruit et fureur. En réalité, Linkin Park permet à ses fans d’expurger leurs pulsions assassines. Au travers l’éther de ses compositions, soluté corrodant les humeurs tant dépressives qu’extraverties, le groupe véhicule la possibilité d’un repentir auquel adhérer. Plutôt qu’énerver l’auditeur, les particules noyées dans ce solvant brutal apaisent, dissolvent les vicissitudes du quotidien.

LINKIN PARK – Casualty

Bien bel album, From Zero exprime un retour, celui du groupe, dans un contexte quelque peu modifié, celui de son nouveau line-up. Des critiques s’élèvent ça et là, similaires à la vieille guéguerre opposant Bon Scott et Brian Johnson chez AC/DC : « C’était mieux avant, avec Chester au chant ! ». Pour le chroniqueur qui daigne enfin écouter sérieusement Linkin Park, cet opus est recommandable au titre qu’il en exsude de réelles qualités. Maintenant, rien n’empêche personne d’aller transpirer ailleurs…

Opération mercantile ? En 2025, From Zero ressort au format « deluxe », agrémenté de trois titres inédits…

Let You Fade

… auxquels sont adjoints cinq versions live de morceaux préexistants. Si les inédits sont bienvenus, car bien plus que des « chutes » de studio, les live n’apportent rien. Souvent, « grâce » aux maisons de disque, les fans voyagent léger, les poches essorées…

Thierry Dauge

LINKIN PARK – From Zero – Label : Warner Records – Déjà disponible.