The Bikeriders – Comme un western mécanique

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The Bikeriders – Comme un western mécanique

Bikeriders

                           — Dis Johnny, contre quoi tu te rebelles exactement ?
                          — Contre ta connerie mec !

La réplique a fusé…

… à travers la lueur blafarde de la télévision. C’est vrai qu’il a de la gueule le Brando, sanglé dans son blouson de cuir noir. L’Équipée Sauvage. Les motards sans dieu ni maître. Putain de film. Devant son poste, une binouze en pogne, il cogite le Johnny. Un autre Johnny. Fan de bécane lui aussi. Mais lui c’est pas Marlon. Il aimerait bien. Mais sa vie ne tourne pas vraiment en cinémascope dans de folles virées sur l’asphalte surchauffé. Une femme, des gosses, un boulot de chauffeur routier. Quelque part dans le Midwest. Plutôt classique. Rangé. Trop. Alors c’est décidé, il va la monter sa bande le Johnny. Il a déjà le nom, les Vandals. Ca jette…

Marlon Brando

Pas trop de mal à recruter…

… Ca se bousculerait presque. Dans le coin ça ne manque pas les types en mal d’aventure, coincés dans des vies ternes ou dans des ambiances familiales glauques. Pas que des gonzes d’ailleurs. Des filles aussi qui voudraient bien échapper à l’avenir de bobonne à la maison qu’on leur fait miroiter. On est en 1965. Le féminisme, en pleine Amérique profonde, c’est pas gagné…

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Alors, attention…

… en ville, les Vandals arrivent. Plutôt hétéroclite la meute. Des motos de toutes marques, toutes cylindrées mélangées. Retapées par un des gars du gang, mécanicien à la démerde géniale.
On part, on roule, on se sent libre, on picole, on se marre. La vie quoi. Assez bon enfant tout compte fait. De temps en temps des coups de gueule, des rivalités. Deux trois bourre-pifs plus loin on se rabiboche autour d’une roteuse bien fraîche. Rien de bien méchant.

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Benny

Il a intégré le groupe presque depuis le début. Jeune. Taciturne. Beau gosse. Il entraîne souvent sa Kathy dans les virées, bien que celle-ci aimerait qu’il lâche un peu de temps en temps. Qu’ils vivent leur truc à deux, loin des virilités motorisées. Johnny, lui, il se sent vieillir. Le doyen de la bande mine de rien. Il voudrait bien faire de Benny son héritier. Lui seul aurait l’étoffe de tenir ce putain de ramassis de lascars. Mais Benny il s’en fout. Loup solitaire dans le genre. Born to ride. Jusqu’au bout.

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The Bikeriders – Kathy et Benny

Les années passent…

… Johnny fait avec. De plus en plus dur le rôle du chef et, un peu quand même, du papa de substitution. Surtout que l’époque change. Les sixties se meurent et une certaine ambiance avec. Ca devient plus âpre, plus rude. Des jeunots se pointent, arrogants, qui voudraient bien que ce vieux con débarrasse le plancher. C’est qu’ils ont de l’ambition ces mômes. Des idées de grandeur. Développer la bande  en “chapitres” (Jargon bécaneux) dans d’autres régions. Des projets côté portefeuille aussi. Bien gentil les escapades mais faudrait peut-être que ça rapporte. Parce que aller taffer en esclave comme les parents, niet.

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The Bikeriders – Au premier plan, Johnny

Largué Johnny…

… Il ne se reconnaît plus dans cette nouvelle génération. Tous les ingrédients sont là pour que ça tourne vinaigre. Insidieusement la violence s’insinue vers un point de non retour inévitable…

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The bikeriders – Johnny et Benny

Je mets le projo sur « Off ». Je ne vais tout de même pas vous dévoiler le fin mot de l’histoire. Ce serait mal…

Danny Lyon

C’est un livre de photos qui a inspiré à Jeff Nichols l’idée de son sixième film.
C’est en effet en 1968 que Danny Lyon, photographe journaliste et lui-même biker, décide de shooter la vie quotidienne de ces bandes de motards qui se forment un peu partout aux États-Unis. Le bouquin sort sous le nom “The Bikeriders”, titre que Nichols va conserver.

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Kathy

C’est Kathy (jouée par Jodie Comer), la petite amie de Benny (Interprété par Austin Buttler), qui sera la narratrice, le cinéaste introduisant, well done Jeff, un journaliste photographe, à n’en pas douter Danny Lyon himself, venu auprès d’elle pour l’interviewer sur ces bikers qu’elle a bien connu avant de tourner la page une bonne fois pour toutes.

Bikeriders

Avec The Bikeriders…

… Jeff Nichols ne s’en tient pas à la simple radiographie d’une bande à moto, bien que les ambiances et la reconstitution de l’époque, les années 60, soient parfaitement rendues.
À travers leur histoire, les Vandals sont les témoins et quelque part aussi les victimes d’un monde en plein chamboulement. Certes ce ne sont pas vraiment des enfants de choeur, ce serait parfois un chouille borderline vis à vis du code pénal… Mais on ressent bien chez Johnny, magistralement campé par un Tom Hardy tout en sobriété, l’attachement à un code d’honneur « à l’ancienne » où amitié et loyauté sont à ne pas prendre à la légère. Au fur et à mesure du récit son personnage assiste impuissant à l’effondrement de ces valeurs pour lui incontournables.

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Photo du livre de Danny Lyon – Crédit : Danny Lyon

Les autres Vandals…

… ne sont d’ailleurs pas en reste. Beaucoup ne sentent pas ce virage à l’approche qui promet une sale gamelle dans les décors. Au passage on peut noter d’excellents seconds rôles comme Michael Shannon qui offre sa stature imposante à un personnage un brin imprévisible et doux dingue.

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Photo du livre de Danny Lyon – Crédit : Danny Lyon
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Photo du livre de Danny Lyon – Crédit : Danny Lyon

Jeff Nichols élargit également…

… le cadre à l’environnement de la bande. Le début des seventies voit l’arrivée de drogues plus dures. Dans les gangs de bikers s’invitent des types de retour du Vietnam rendus asociaux et ultraviolents par la guerre. Violence qui ne fait que renforcer le rejet de la majeure partie de la population déjà convertie depuis belle lurette au « motard/loubard ». Spirale sans fin qui ira jusqu’au dérapage ultime sur fond de glauqueries mafieuses.

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Photo du livre de Danny Lyon – Crédit : Danny Lyon

Sans atteindre le niveau…

… d’un « The Wild Ones » ou d’un « Easy Rider », Jeff Nichols aborde le thème de l’innocence perdue, thème déjà largement exploité au cinéma, certes, mais avec le regard original d’un solide « motorcycle movie » sur fond social.

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Photo du livre de Danny Lyon – Crédit : Danny Lyon

Pour conclure un petit focus sur la B.O, impeccable, jugez plutôt : Shangri-Las, Sonics, Muddy Waters, Stooges et j’en passe. Bons compagnons de route. So, let’s ride !

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Photo du livre de Danny Lyon – Crédit : Danny Lyon
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