ALICE COOPER From The Inside par C. Goffette
S’il reprend le titre de l’album du chanteur / groupe sorti en 1978, Alice Cooper – From The Inside, est bel et bien un ouvrage signé par notre ami Christophe Goffette. Celui-ci étant avant tout fan du « Croque Mitaine », on pouvait s’attendre à un plébiscite, un récit ventant exclusivement ses mérites. Droit dans ses bottes, règles déontologiques à portée de main – combien de modèles « à charge » ou « glorifiant » dans ce domaine – il n’en est rien ! L’œuvre d’Alice Cooper est évaluée pour ses qualités et ses défauts, l’intéressé lui-même reconnaissant les unes et les autres.
(À propos de l’album Love It To Death – 1971) Vous avez décroché le pactole avec votre premier hit, « I’m Eighteen ».
« Ce fut effectivement notre première réelle percée dans les charts. Nous représentions aux yeux des parents du monde entier tout ce qu’ils haïssaient et c’est très exactement pourquoi tous les gosses se sont précipités sur nos disques ».
ALICE COOPER – I’m Eighteen
Après une riche introduction retraçant l’histoire du groupe puis de l’artiste solo, ce dernier et les ex membres d’Alice Cooper (Group) apportant leur éclairage sur certains points, genèse du side project Hollywood Vampires en compagnie de Joe Perry et Johnny Depp compris, le « Goof » présente l’intégralité des dix interviews qu’il a menées en compagnie de Vincent Damon Furnier, l’alter ego « sociable » du sulfureux personnage : « Laisseriez-vous votre fille épouser Alice Cooper (Pour parodier Andrew Loog Oldham à propos des Rolling Stones) ? »
Billion Dollar Babies
Ces interviews couvrent une période de vingt-et-un ans, entre 1990 et 2011. Tous les albums sortis par l’intéressé, de Pretties For You (1969) à Welcome 2 My Nighmare (2011), ainsi que les enregistrements live, les coffrets collectors et les vidéos y sont abordés.
Alice / Vincent discourt précisément de son travail, ne néglige ni n’évite aucune question, utilise un vocabulaire élaboré pour décrire les processus à l’œuvre, à mille lieues de la goule sanguinaire à laquelle on pense avoir à faire. Lucide, il revient sur les périodes ô combien « compliqué » de sa carrière et, plus largement, sur sa vie.
ALICE COOPER – Gail / Roses On White Lace
Au-delà d’un éthylisme assidu maintenant résolu, Cooper a toujours écrit des textes intéressants, inspirés, laissant aux autres auteurs le loisir de garnir les leurs de néant. Parfois, s’il ne se souvient pas de la façon dont un disque fut enregistré – par exemple Flush The Fashion (1980) – ses commentaires sur ses chansons restent précis et explicatifs, d’où la richesse de ces interviews pour le fan comme pour l’aspirant adoptant l’artiste au présent.
(À propos de l’album Brutal Planet – 2000) La vision d’Alice, c’est un peu foncer à 200 à l’heure contre un mur de briques, non ?
« A minimum ! Quand je me suis mis à composer ce disque, il a fallu que j’écrive avec le point de vue d’Alice, c’est-à-dire avec davantage de théâtralité bien évidemment, mais aussi et surtout avec un pessimisme et une noirceur hors du commun ».
Brutal Planet (live)
Que cela se fasse au téléphone, dont un depuis son lit – c’est lui qui l’écrit ! – ou en face à face, CF celui de Phoenix, U.S.A., Christophe Goffette prépare ses entretiens de telle sorte que l’à peu près n’a pas lieu d’être, questions affûtées pour réponses ciblées susceptibles d’éclairer le lecteur sur les moteurs et motivations de l’artiste.
(À propos du premier deal discographique de l’Alice Cooper Group)
« Zappa m’avait dit de passer chez lui le lendemain… il ne s’attendait pas à ce que l’on débarque, à l’aube, avec tout notre matériel pour un concert impromptu… on a fait un tel barouf… Zappa d’hurler : ‘Arrêtez, arrêtez, je vous signe si vous arrêtez immédiatement ce boucan !’. Et il a tenu parole ».
ALICE COOPER – Ballad Of Dwight Fry (live Olympia 2017)
Étonnamment, car assurant de multiples tournées, Alice apprécie peu les enregistrements live. Sans conteste, le disque The Alice Cooper Show sorti en 1977, une véritable gabegie de l’avis de tout le monde, a corroboré son opinion. Complétant son avis sur le sujet, il explique que, son spectacle étant autant visuel qu’auditif, l’amputer d’un des deux aspects nuit à l’ensemble, à sa cohérence, divise par deux son attrait. Par chance, il existe depuis ce « ratage » de formidables témoignages audio de ses performances scéniques.
School’s Out (live Olympia 2017)
Outre pêcher des informations jusqu’alors ignorées sur l’artiste, lire Alice Cooper From the Inside entraîne le besoin compulsif d’installer un disques du « groupe » sur sa platine. Remercions Christophe Goffette pour ça, savoir nous exciter et aiguiser notre appétit pour l’Ogre de Detroit. Avec un tirage limité à mille exemplaires, hâtons-nous d’en profiter.
Thierry Dauge
C. GOFFETTE – ALICE COOPER From the Inside – Goof Prod – Tirage limité à 1000 exemplaires (lien disponible ci-dessous).
ALICE COOPER [FROM THE INSIDE]