RIVAL SONS – Darkfighter / Lightbringer live

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RIVAL SONS – Darkfighter / Lightbringer live

Rival Sons

Photo :©DOMGILBERT

En 2023, comme ses glorieux aînés dans les années 70, Deep Purple, Kiss et Queen en 1974, par exemple, Rival Sons publient deux albums studio : Darkfighter et Lightbringer. Darkfighter, son côté sombre, Lightbringer son côté lumineux ? Après écoute des deux « opposés », on peut en émettre l’hypothèse. Mais surtout, sur l’un et l’autre, le combo fait preuve d’une évolution tangible dans le sens où il sort de son créneau musical post zeppelinien habituel, morceaux au format « resserré » de quatre minutes autour d’un riff central, pour expérimenter des textures plus progressives.

Si les variations s’amorcent sur Darkfighter, avec des titres comme « Rapture » ou « Bright Light », le phénomène s’amplifie sur Lightbringer, CF « Darkfighter ». En outre, cet album contient des chansons « briquet allumé », ces morceaux en forme de power ballade « U2-esque » dont les refrains invitent le public à les reprendre en cœur dans des stades.

RIVAL SONS – Mosaic

En juillet, nous avions préalablement chroniqué Darkfighter. Nous attendions son frère jumeau et le concert que le groupe devait donner en octobre à l’Olympia pour compléter notre point de vue sur l’ensemble. L’amour ne devant pas rendre sourd, moment venu, qu’en est-il du deuxième volet vinylique et de la prestation live des Fils Rivaux ?

Côté Studio

L’exagération ne menant nulle part, précisons que Lightbringer, s’il insuffle des velléités acoustiques et progressives au hard rock initial de Rival Sons, ne transfigure pas pour autant sa dynamique. « Mercy » et « Sweet Life », sont là pour témoigner de la continuité dans le « changement ». Les riffs typiquement made in 70 qu’y lâche Scott Holiday reproduisent ce que le groupe propose depuis son premier enregistrement.

Mercy

Nonobstant, ce qu’on remarquait déjà sur l’avant dernier album, se vérifie, amplifié, sur celui-ci. Jay Buchanan, le chanteur à la voix d’airain, participe davantage aux compositions. Concomitamment, une guitare acoustique, plus présente, apporte une once de délicatesse au son sursaturé de son homonyme électrique. Sur disque, ça passe très bien, et sur scène, Jay se charge lui-même de l’instrument la plupart du temps.

La véritable évolution musicale, comme nous la situons plus haut, correspond à cet aspect progressif. Les titres enchaînent plusieurs parties parcourues de ruptures, tant dans l’alternance douceur / brutalité, que dans celle du rythme, lenteur / mid-tempo.

RIVAL SONS – Darkfighter

La paire d’albums Darkfighter / Lightbringer célèbre donc Rival Sons comme un groupe en mouvement, assurément digne d’être qualifié de « majeur » dans un contexte concurrentiel plutôt linaire. La formation prend donc enfin la place qu’elle mérite en termes d’incontournabilité, de maître es hard rock, de chef de meute, d’Alpha du rock contemporain.

Côté Scène : Olympia – le 27 octobre 2023

Après L.A. Edwards, première partie insipide et lénifiante, versus Eagles ou Tom Petty – non pas que ces artistes soient négligeables et négligés, mais ce n’est pas ce que nous étions venus écouter – les hommes de Rival Sons prennent amicalement possession de la scène. En son sein, le nouvel arrivant au clavier profite quasiment du même éclairage que ses compagnons. Malgré cela, s’il se fait discret tout au long du show, ce n’est pas le cas de Michael Miley, avec raison. Ce monumental batteur présente un jeu de fûts et grosse-caisse qui figure au plus près de celui d’un certain John Bonham.

Intro du show 2023

Parcourue de groove et d’entrain, la première demi-heure d’un show éruptif promeut l’envie de danser, chose dont personne ne se prive dans la fosse. Puis, progressivement, suite à ses morceaux plus longs, très beaux mais cisaillés d’introspection, et ses solos de batterie et de guitare dispensables, les jambes et les têtes ralentissent leurs mouvements.

Ce n’est pas une question d’interprétation ou de qualité, juste que les corps astraux un temps en symbiose avec la musique rejoignent leurs enveloppes terrestres. On se retrouve debout dans la salle à « écouter », plus qu’à « vivre » la musique. Et lorsque les musiciens remettent « les gaz », on y retourne mais sans ressentir le frisson initial.

RIVAL SONS – Keep On Swinging (Olympia 2023)

Jay Buchanan, même s’il avoue rencontrer des problèmes de voix, que l’on perçoit ponctuellement, assure dignement les hurlements et montées dans les aigues qui le caractérisent. Aux six cordes (une Gibson Firebird ou le fruit d’un luthier), Scott Holiday tresse ses glissandos, arpèges ou riffs meurtriers sans en rajouter, au service du groupe et des chansons. Dave Best, quant à lui, grand ordonnateur des basses, articule parfaitement le parcours de ses doigts à celui des baguettes de son comparse rythmique.

Pressure And Time

À l’identique de tous les concerts du groupe auquel le chroniqueur a assisté, Rival Sons livre une prestation solide regorgeant d’un heavy rock platiné, un zest southern par nature. Et même si le show aurait gagné en compacité via le choix d’un répertoire plus « direct », moins enluminé, le plaisir est bien au rendez-vous – l’avis du chroniqueur relève de ses goûts, facteur d’appréciation qui ouvre à tous les possibles.

Au final, après deux heures de concert, au sortir de la salle, les sourires des spectateurs imagent le sentiment de satisfaction générale. Et s’il n’y avait qu’un seul souhait à émettre, ce serait que le groupe revienne très vite, qu’on puisse à nouveau communier de concert.

Thierry Dauge

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