De Malice à The Cure
De la Folie à la Gloire
Il y a parfois des moments intenses et forcément convaincants qui forment une osmose comme une parfaite dégustation d’un Corton Charlemagne ou d’un Romanée Conti. Parce que l’écriture d’un livre sur un des groupes les plus essentiels de ce quasi demi-siècle dernier mérite une belle descente de cave et donc une lecture attentive avec éventuellement la musique en fond.
En 1978 qui aurait mis une pièce sur The Cure quand leur premier 45 tours sort, mettant en avant un titre que tout le monde croit provocateur parce qu’il s’appelle « Killing an Arab » ? Qui pouvait songer en pleine période d’after punk qu’un post-ado anglais nommé Robert Smith s’intéressait à Albert Camus et son livre « L’Etranger » ?
The Cure – All Cats Are Grey (Live, Royal Albert Hall, 2011, with Lol Tolhurst)
Après mille tours de passe passe, The Cure et son maître à penser est toujours bel et bien présent au sortir d’une énième tournée mondiale intitulée, comme une chant du cygne peut-être, sans doute même, « Songs of a Lost World », titre d’un potentiel prochain album que tout le monde attend depuis… 2008.
The Cure – Sinking (Live, 1986)
Entre temps, le groupe et Robert Smith ont vécu des années épiques, tourmentées à l’instar de la période qui court jusqu’à fin 1982 et son indiscutable et inoubliable chef-d’oeuvre Pornography (la fameuse trilogie), de la période pop légère mais sans jamais se renier qui s’ensuit, de l’immense Curemania pendant une dizaine d’années entre 1983 et 1993, de l’hésitation sur les sentiers de la gloire construits entre albums alternant le côté clair et sombre comme un Dr Jekyll et Mr Hyde de la fin et du nouveau siècle. Il suffit d’écouter les cinq nouveaux titres joués live au cours de la dernière tournée qui, logiquement, doivent figurer sur cet album fantôme pour l’instant.`
The Cure – Disintegration (Live, 1990)
Philippe Gonin, qui connaît le groupe par cœur et a déjà publié pas mal d’ouvrages sur leur cas, comme il s’est attaqué précédemment aux Pink Floyd (si, si, il existe une relation entre les deux groupes, cherchez bien, c’est facile à trouver). Il décortique soigneusement, avec avidité, l’histoire et ses multiples anecdotes du Remède à prendre et surtout à écouter pour résoudre tous vos maux. Rien n’est oublié, de Malice, le premier nom, jusqu’à février 2023.
Bref, inutile de rajouter que ce livre est absolument indispensable même si les puristes sauront être taquins, parfois à tort, mais c’est le tort justement de ne plus être objectif. A ben si, finalement c’est dit.
The Cure – Endsong (Paris, 2022) – Inédit
Philippe Gonin – The Cure
Le Mot Et Le Reste – 285 pages – 23€
Patrick Bénard
P.S.: les trois premiers titres sont issus de la playlist du livre de Philippe Gonin. Le dernier illustre ce qui pourrait être un beau chant du du cygne du groupe.