WHITESNAKE – L’épopée du Serpent Blanc

0
262
POP CULTURE RADIO La Culture POP a enfin trouvé sa RADIO !
Genres : radio
La culture se partage !

WHITESNAKE – L’épopée du Serpent Blanc

Whitesnake

La genèse

Whitesnake

Juillet 1976. Les membres de Deep Purple Mark IV se séparent, c’en est fini du groupe. En décembre, l’inévitable se produit, Tommy Bolin, dernier guitariste en date du combo, succombe de son addiction. « O combien de marins, combien de capitaines … », Captain Coverdale, sorti de l’anonymat grâce au Pourpre Profond, vole de ses propres ailes.

Beaucoup on eut du mal à se faire à sa voix « éraillée » ; chant à gorge fermée. A l’issue des aventures du merveilleux combo anglais, quasiment l’égal de Led Zeppelin, les tympans s’y sont faits. Ça n’est pas tant qu’elle est « vilaine », c’est qu’après l’organe d’une surpuissante clarté de Ian Gillan, un fossé béait. Trois Lps plus tard : Burn (1974), Stormbringer (1974) et Come Taste The Band (1975), il s’est comblé.

DEEP PURPLE – Comin’ Home (live 1975)

Réputation de chanteur acquise, David doit trouver les musiciens qui sauront le servir et, surtout, un guitariste à l’image de la musique qu’il compte produire, à savoir, un hard rock bluesy. Bonne pioche ! Ce sera Micky Moody, un gentleman es six cordes sur le circuit depuis une dizaine d’années. Qu’il œuvra jusque-là en seconde division, le rendant ainsi plus ou moins « malléable », convient à Coverdale comme une veste à fleurs.

David COVERDALE – Lady (1977)

Pour le reste de la formation, Whitesnake proprement dit, un line up « solide » se constituera au fur et à mesure des albums. Pour l’heure, le chanteur sort ses deux premiers enregistrements sous son nom, le bien nommé White Snake en 1977 puis North Winds en 1978. Comme escompté, on y trouve un hard rock traditionnel incluant de splendides parties de guitare slide. « Evidemment », l’ensemble est parsemé de balades « sexuées » où notre séducteur adopte les feulements requis. De fait, on perçoit sa respiration entre chaque sous-entendu, ce souffle sensuel dont il est dépositaire.

Northwinds (1978)

L’ascension

Whitesnake

Bien que les chansons différent un tant soit peu de ce que produisait son ex groupe, Coverdale obtient un franc succès auprès des mêmes fans. Pourtant, cet état ne le satisfaisait pas. Au sortir des bacchanales « purple-iennes » où il consommait des groupies telles des huîtres, par douzaines, il décide de créer une « franchise ». Comme on apparente souvent le titre de son premier Lp solo au nom d’un groupe, ce sera : Whitesnake. Formation à géométrie variable, il demeurera le seul Maître à bord.

WHITESNAKE – Ready N’ Willing

Pour la première mouture en tant que collectif, il garde le fidèle lieutenant Micky Moody. Il lui associe un second bretteur, Bernie Mardsen, ex Babe Ruth, Neil Muray à la basse, future à peu près tout le monde, et Jon Jord, le fantastique claviériste du Purple ; ici « employé », plutôt « faire valoir » que décideur. C’est dans cette configuration que sortent Trouble (1978) et Lovehunter (1979). Pour l’album suivant, une nouvelle « ancienne » recrue arrive à la batterie, le brillantissime Ian Paice. Ainsi, Whitesnake compte-t-il maintenant trois ex Deep Purple dans ses rangs. Ready an’ Willing (1980) en bénéficie, qualifiable d’excellent !

Saints an’ Sinners

Come and Get It (1981) et Saints &’ Sinners (1982) rutilent du savoir-faire de cette « équipe » pour une continuité musicale souvent jouissive. Mais nul ni rien ne saurait durer. A l’occasion de la livraison suivante, Coverdale remanie ses troupes. Si Moody et Lord en font toujours partie, Mardsen s’en va et Mel Galley, ex Trapeze où il combinait ses six cordes à celles de Glenn Hugues (Tiens tiens …), entre en jeu. A la batterie, on passe de Paice à Cozy Powell, entre autres ex Ritchie Blackmore’s Rainbow (Oh oh …), métronome tant « forgeron » que subtil. De fait, Slide It In (1984) amorce un tournant dans la musique du groupe, arbore un costume moins typé « blues », plus (raisonnablement) heavy FM, de quoi plaire aux radios californiennes.

WHITESNAKE – Slide It In

La Mondialisation

Whitesnake

Tygers Of Pan Tang (1980-1982), Thin Lizzy (1983), quel est donc ce garçon qui fait sonner sa Les Paul Custom tel un quatuor de guitaristes électriques ?! John Sykes ? Embauché ! On lui adjoint Don Airey (Vous avez dit Rainbow puis Deep Purple ? Décidément…) et Ansley Dunbar, batteur qui compte un CV plus long que l’Ancien Testament. Sous cette forme, l’alliance hard rock / heavy Blues est rompue, on garde la mention « heavy », on maquille AOR, et on envoie le bois !

Straight For The Heart

Concomitamment, David Coverdale se « trouve » une voix qui grimpe étonnamment dans les aiguës, s’envole tel un zeppelin vers Robert Plant ; il n’y a pas de hasard. On ne lui connaissait pas cette tessiture et on imagine la férocité des cours de chant qu’il a dû subir pour en arriver-là. Toujours est-il que le « magnificent » 7 ou Whitesnake (1987), en un seul mot, arrive sur le marché : un monstre de puissance et de sonorité !

WHITESNAKE – Still Of The Night

Les titres extraits du disque tournent en rotation serrée sur MCM. Des larmes de diamant et de platine pleuvent sur David et sa « Chose ». C’est fait ! Graal atteint, le Mont Olympe offre son sommet à la concupiscence de la nouvelle icone. Insatiable, il veut monter encore plus haut, décrocher une place aux côtés des « Intouchables », dont celui qui, pour lui, illumine la Voie Lactée : Jimmy Page. Il y parviendra en 1993 pour un Coverdale . Page de grande lignée, chacun profitant de l’autre.

COVERDALE . PAGE – Shake My Tree

Pour l’heure, notre chef d’entreprise doit envisager un « 8 » tout aussi clinquant que son 7. Rien de mieux que d’engager des mercenaires afin de maintenir un territoire sous coupe. Outre le maintien d’Airey au clavier, le choix se porte sur Tommy Aldridge aux fûts, Rudy Sarzo à la basse et Adrian Vandenberg à la guitare. Manque de chance, ce dernier souffre de tendinites aux mains. Du coup, David tape un cran au-dessus et invite le sémillant Steve Vai tout droit sorti d’une étreinte « exotique » en compagnie de l’inénarrable David Lee Roth. Le « Lucky Luke » du manche (une Ibanez à sept cordes porte sa signature) répond présent. Résultat ? Un album doré sur tranche, flirtant avec les grands espaces, un heavy progressif quasi symphonique : Slip Of The Tongue (1989).

Sailing Ships

Et que vogue le navire sur des océans mainte fois parcourus, que ronronne la Rolls sur des routes entendues. Par la suite, David et son vaisseau amiral resservent les plats à satiété, on ne change pas une formule qui gagne … jusqu’à pourtant y perdre l’intérêt du grand public.

Whitesnake narre l’épopée d’un homme, David Coverdale, à la recherche de reconnaissance, non seulement du public mais également de ses pairs. Acharné, il y est parvenu. Reste un musicien au visage parcheminé qui suit à présent le fleuve tranquille de sa renommée. Vous connaissez ? Vous découvrez ? Dans un cas comme dans l’autre, voilà bien du plaisir d’écoute en perspective. On vous la souhaite bonne et échevelée.

Thierry Dauge

Did you enjoy this article?
Inscrivez-vous afin de recevoir par email nos nouveaux articles ainsi qu'un contenu Premium.

Laisser un commentaire