Ludwig Van BEETHOVEN – La Pastorale
La 6ème Symphonie en Fa majeur op.68, dite « Pastorale », de Ludwig Van Beethoven est essentiellement connue du grand public pour son premier mouvement. Le compositeur a lui-même intitulé cette pièce : « Erwachen heiterer Empfindungenbei der Ankkunft auf dem Lande », soit, pour celles et ceux qui n’ont pas fait allemand première langue : « Réveil de sensations sereines en arrivant à la campagne », ou quelque chose d’approchant. Limpide, telle l’évidence, c’est exactement l’image qu’elle renvoie. Comment Ludwig Van s’y est-il pris pour créer de telles sensations via un assemblage de notes sur une partition ?
D’un point de vue « rythmique », ce premier mouvement est identifié « Allegro ma non troppo ». Cela se traduit par des montées inexorables à la rencontre du ciel, « allegro », en alternance avec des temps ouverts aux accalmies, « ma non troppo ». Où le compositeur expose tout son génie, c’est dans la répétition calculée de ces opposés. Nous passons du torrent courant sur les pentes d’un flanc montagneux à la paresse d’une eau languide ; des bourrasques de vents ascendants font place au souffle léger d’une brise alizéenne.
Ludwig Van Beethoven – 1er Mouvement de la Symphonie Pastorale
Essentiellement composée en mode majeur, l’essence joyeuse et guillerette qui caractérise cette symphonie se transmet à l’auditeur dès la première écoute. Écrite entre deux étés, de 1807 à 1808, elle loue les capacités de Beethoven à générer un maelstrom mélodique alors qu’il souffre concomitamment d’acouphènes ; et ce depuis 1796.
La musique transpire la nature de tous ses pores. Des coquelicots aux bouches offertes accueillent le vol gracieux des monarques, des champs de blé feulent sous le vent d’Ouest, les feuilles des tilleuls argentés bruissent de concert. Une rivière limpide clapote gaiement sur les galets qui jonchent son lit, la cime des ifs en mouvement rythme le sifflement des oiseaux.
3ème Mouvement de la Symphonie Pastorale
Plus jeune, Joseph Haydn prend Beethoven sous son aile. Le sentiment qu’exprime l’autrichien à l’égard de son élève allemand s’apparente alors à l’intrigue du film Amadeus (1984) de Milos Forman. Il manifeste une attirance / répulsion semblable à celle qu’éprouve Salieri pour Mozart. Haydn semble jalouser les dispositions es composition de Beethoven ou lorsque l’élève dépasse le maître. Qui est le meilleur ? Il se dit que la façon du premier transparaîtrait chez le second. La Pastorale, inspirée des Saisons d’Haydn ? La musique n’est pas une compétition.
Ludwig Van Beethoven – 1er Mouvement de la Pastorale en concert
En fonction du chef d’orchestre qui anime cette divine pièce introductive, elle s’étire sur plus ou moins dix minutes ; l’écart le plus marqué étant de quatre minutes (au total, entre neuf et treize minutes) ! Alors, suivant que vous appréciez une interprétation rapide ou plus lente, le choix vous est laissé. Seule importance, que vous la jouiez.
Thierry Dauge