L’amour et son absurdité
La rencontre d’un beau trio de personnalités
Il s’agit d’une nouvelle histoire du fameux triangle amoureux : quelqu’un aime une femme qui en aime un autre et avec qui elle vit. Mais là, ces trois personnages authentiques ne sont pas n’importe qui, ni dans n’importe quel contexte.
Commençons par la jeune femme, jeune mannequin devenue réputée par sa beauté son élégance et son coté rock. Elle s’appelle Pattie Boyd. Nous sommes en plein milieu des sixties. Autant dire que les rencontres au cours d’une soirée sont aussi faciles que de dire bonjour gentiment à n’importe qui.
Donc elle rencontre le plus discret des Beatles : George Harrison. Ils deviennent vite amoureux, indispensable l’un à l’autre et se marient très vite.
Un troisième larron débarque et une belle amitié se forge entre George et celui qu’on appellera quelques années plus tard : The God. De la guitare, of course, à savoir Eric Clapton. Il vient de quitter les Yardbirds et s’apprête à former Cream. Une paille.
En prime, ce fut une évidence, il tombe raide dingue de Pattie Boyd, la femme de George, donc.
Dès lors va s’enchaîner les tribulations qui les amèneront à ce que l’on sait pour ceux qui connaissent l’histoire officielle de ces trois personnages.
George Harrison – Something (live)
Jérôme Attal s’attelle à raconter tout cela avec moult détails et précisions implacables qui force à concevoir l’amour comme inexorable et parfois inatteignable… ou pas. Voici tout l’enjeu de ce drame enjoué, malgré tout, qui va aboutir à la création de deux chefs d’oeuvre : « Someting » du côté d’Harrison, déjà presque séparé des Fab Four, trop timide pour franchir l’ultime étape et « Layla », l’immortel titre de Clapton que tout le monde peut encore fredonner dans sa tête aujourd’hui.
Eric Clapton – Layla (Live)
Pattie a tout compris. Troublée, de quel côté va-t-elle se tourner ? Le seul faux suspense puisqu’on trouve la réponse en feuilletant la page Wikipedia qui en parle. Mais ce n’est pas le but de ce livre, d’où l’intérêt remarquable du nouveau ouvrage de Jérôme : au final, c’est quoi l’amour ?… Albert Camus a écrit beaucoup là-dessus, entre autres, bien sûr. Il aboutit, là encore, à une belle démonstration de l’absurdité du monde et de la vie. La Ballade de Pattie, George et Eric en forme une nouvelle belle preuve, avec douceur et panache sans jamais se renier quitte à faire des conneries. Un superbe reflet aussi des années soixante dans le swinging London.
Jérôme Attal – La Ballade De Pattie, George Et Eric
Le Mot Et Le Reste – 192 pages – 20€
sortie le 22 septembre
Patrick Bénard