BEAU DOMMAGE – La Complainte du Phoque en Alaska
La chanson démarre par une guitare acoustique « renaissance » qui brode au point de croix une mélodie moyenâgeuse. Une flûte traversière vient lui tenir compagnie puis un theremin (des ondes Martenot ? Un synthétiseur ?) apporte un pointillisme, un pizzicato de sons « glissants » intersidéraux. Beau Dommage amorce donc « La Complainte du Phoque en Alaska » (1974), son one hit wonder, sous des auspices pour le moins originaux. Le refrain ne dément pas cette impression avec des chœurs harmonisés, certes usités, mais suivis d’une partie centrale instrumentale tant touffue que ciselée.
Les sonorités s’apparentent à une BO de François de Roubaix (La Scoumoune – 1972), une valse lente brodée de piano, de mélodica et d’orgue de barbarie ; et l’auditeur de se laisser surfer sur cette vague aux fragrances nostalgiques.
BEAU DOMMAGE – La Complainte du Phoque en Alaska
Contrairement à la plupart des chanteuses et chanteurs québécois qui perdent leur prononciation si typique en chantant, exception faite de Linda Lemay qui conserve une pointe d’accent, la chorale de Beau Dommage conserve sa « langue ».
Piqué par la curiosité, la tentation d’en écouter un peu plus se fait jour et le 33-Tours ne tarde pas à atterrir sur la platine. Dès l’entame de la Face A, une bouffée de « déjà-vu » remonte du fond des années. « Mais, mais … je connais ! ». En effet, en 1975, le temps pour le single d’arriver « chez nous », « Tous Les Palmiers » et son air de samba passe également sur les grandes ondes radiophoniques sans toutefois atteindre la renommée de son aînée.
Tous Les Palmiers
Parcourir les deux Faces de ce premier Lp éponyme nous entraîne vers des musiques anglophones. On pense à CSN, Neil Young version folk, une langue de lap steel venant parfois fleurir la partition. Au-delà de l’appétence générée par les deux singles disponibles, c’est tout le long format qui bénéficie très rapidement d’un engouement profond. Une sensation de bien-être et de félicité vous gagne. D’ailleurs : « Vite ! », les 45 déjà à portée de saphir, où se procurer Beau Dommage, l’album à présent convoité ?
BEAU DOMMAGE – Le Picbois
Au moins une fois dans leurs existences, rares sont celles et ceux à ne pas avoir subi le désagrément de se faire « larguer » ; beau dommage. Pourquoi ? « La complainte du Phoque en Alaska » apporte un début de réponse à un certain nombre : « Ça n’vaut pas la peine de laisser ceux qu’on aime pour aller faire tourner des ballons sur son nez » … On convoite ce qu’on n’a pas avant de regretter ce qu’on n’a plus.
Thierry Dauge