LÉONDI – Mea Culpa
En musique, on est souvent à la recherche de ce qu’on n’a pas ou de ce qu’on n’a plus … sans que cela soit tout à fait définitif. Il est plus juste d’écrire que, la plupart du temps, on recherche des artistes « à la manière de », pour retrouver un plaisir d’écoute précédemment chéri. Cependant, parce qu’une once d’originalité, un inattendu « déclic », est toujours susceptible de satisfaire nos aspirations éternellement inassouvies, une once de « nouveauté » ne nous déplaît pas non plus. En matière de « chaînon manquant », Léondi intègre à sa dernière production la somme de tous ces paramètres : Mea Culpa (sorti en avril 2022).
LEONDI – Mea Culpa
Titrer son album Mea Culpa peut sous-tendre une éventuelle erreur ou une faute à pardonner. En l’occurrence, si l’on se base sur le visuel, le repentir s’adresse à Mère Nature. Nonobstant, partir des textes pour valider cette hypothèse n’est pas si simple. Une certaine « sombrosité » latente rend leur décryptage malaisé. Laissant l’auditeur libre de les interpréter, les chansons de Mea Culpa prennent cependant les chemins de notre temps. La musique étant avant tout une question de ressenti, l’aspect introspectif de Léondi trouve grâce tant auprès de ses followers que des nouveaux convertis.
Silence en Souffrance
Quelque part entre Noir Désir, Luke ou Eiffel, sur leurs versants les plus énervés, et en français, Léondi n’a pourtant rien à se reprocher. Mea Culpa éteint les velléités critiques du « copier / coller », découpe les langues vipérines du « c’était mieux avant », déchire les tympans du « déjà entendu », lieux communs des analystes sauvages en manque d’arguments.
Être originaire de Cusset, dans l’Allier (02), loin d’un handicap, offre une visibilité « élargie » au groupe, tant sur Lyon et sa banlieue que sur Clermont-Ferrand, Limoges ou Saint-Etienne via le sommet du Massif Central ; un coup à réveiller les volcans !
LEONDI – Ma Peau
Le rock de Léondi est tellurique, puisé au plus profond de l’écorce terrestre, au cœur des minéraux, constituants fondamentaux originels. L’écoute de Mea culpa fait cet effet-là, en contact direct avec les émotions tapies dans notre cerveau reptilien, nos racines. Mais loin du Précambrien, période antédiluvienne de notre planète, sa contemporanéité l’associe aux formations rock les plus exposées, macrocosme anglophone compris.
Ton Absence
Les guitares dégorgent de riffs carnassiers, suivies comme une seule entité par un duo basse/batterie affamé. En termes d’efficacité, on entend souvent dire que le trio identifie la formation rock idéale. Pourtant, le quatuor, avec deux épéistes servant de concert des accords assassins, assure la possibilité d’un cataclysme sonore jubilatoire. Dans cette configuration Léondi répond précisément à la définition.
Au micro, les mélodies suivent les contours d’une voix mâle et affirmée, pas très éloignée de celle usité au sein des Têtes Raides. Autre point commun avec le rock underground AOC J.B. Molière, loin du jeu de mots « Les on-dit » pour Léondi, le propos emprunte davantage la sériosité que l’humour décalé.
LEONDI – Apparences
On peut cultiver la rudesse sans négliger pour autant la délicatesse, l’un pouvant apaiser l’autre ou l’annoncer, les deux associés au service de la qualité. Réunis au pied du totem, il est rare que ce type d’incantation ne porte ses fruits. Outre le muscle et la sueur, Léondi pratique élégamment cette formule savante où les fleurs agitent leurs corolles lorsque le vent forci.
Larmes Sèches
Vous l’aurez compris, Léondi cultive les décibels d’un rock riche en rugosités. Et comme c’est au cœur de l’orage que tonne Mea Culpa, vous allez adorer vous laisser foudroyer.
Thierry Dauge