NAGAS – 2ème Regard
Lorsqu’on évoque Verdun, reflex pavlovien, on imagine des tranchées, des cratères d’obus érodés autrefois recouvert d’herbe rouge, synonyme de « Grande Guerre » ; comme si une guerre pouvait être « grande ». Depuis le 4 mars 2022, et un peu plus en vérité, Verdun sonne rock grâce à Nagas. En effet, le groupe verdunien a sorti son quatrième album : 2ème Regard, il y a quelques jours. Y-est-il question d’un déluge de métal hurlant ? Pas vraiment … mais quand même. La taloche est rugueuse, ébavurée mais suffisamment érosive pour vous « claquer le beignet ». On pense à un Matmatah énervé, un Luke en colère, un désir noirci à la flamme, à un Naga sortant des eaux depuis une nappe pétrolifère pour embraser les esprits et les corps de ses saillies musculeuses.
NAGAS – Excité
Nagas ? Ce sont des êtres mythiques issus de l’hindouisme, moitié homme, moitié Squamates Carnivores, des serpents. Pas étonnant, alors, qu’ils s’insinuent en vous dès la première écoute, enroulant leurs anneaux autour de vos psychés, dardant leur venin addictif au cœur de vos synapses. Particularité, un synthé insère minutieusement ses ivoires entre les cordes des guitares saturées. Paradoxalement organique, il inscrit des copeaux de fruits givrés gustatifs et savoureux au menu du festin « bruitistique ». A titre d’exemple, une chanson comme « Beautiful James » de Placebo véhicule la même sensation.
Instacrame
Nagas n’en n’est pas à son coup d’essai. En parcourant la machine à remonter le temps musical, on note trois premiers forfaits respectivement en 2007, 2009 et 2015. Le sujet ? Sur Symbiose, l’initiateur, l’alternance de climats piano / fortissimo s’impose. Sur Un Autre Jour, la seconde marche, idem. Enfin, avec A La Lueur Du Temps, change-t-on une formule réjouissante qui charme son monde ? Non.
Les trois albums signent une continuité d’esprit et de sons, un petit côté Eiffel en fond d’écran. Ne vous y trompez pas, il n’est nulle question de resucées ou d’auto plagiait. Droit dans leurs chaussures sportwears, les cinq musiciens : Greg / basse, Hugo / guitare, Rod / chant – guitare, Gautier / clavier et Tano / batterie tracent un route qu’ils bitument eux-mêmes. Et si ces voies suivent un cap similaire, c’est qu’en matière de rock qualifié, tous les chemins mènent à Nagas.
NAGAS – Mon Amour
En Gaule, ça n’est pas les groupes qui manquent, ni leur capacité à élaborer des tournures musicales originales. C’est un public capable d’apprécier des textes, qui plus est, chantés en français. Prendre la peine d’écouter un groupe comme Nagas met l’auditeur en sueur et en joie. Affûter sa curiosité, pointer son nez et ses oreilles, « radariser » l’hexagone. Nul doute qu’après découverte, Nagas vous fidélisera. Représentants de toutes ces formations qui essorent les scènes ouvertes, ses musiciens affichent le port altier de parfaits guerriers.
Daytona
Bousculons nos fausses certitudes, ne nous contentons pas d’un coup d’œil alentour, posons un 2ème Regard sur le rock d’ici. Au-delà de ceux qui réussissent, les Skip The Use ou Ko Ko Mo, Nagas, génies des richesses souterraines, n’attend que vous pour détonner au plus haut niveau. Le Moaï, en couverture, l’a bien compris, qui siège sur les fumées de la déflagration qui vous est promise.
Thierry Dauge