FOO FIGHTERS – Wasting Light to Sonic Highways
Wasting Light to Sonic Highways, c’est un peu le « coming out » d’un musicien / groupe : Foo Fighters, qui, ce faisant, affiche clairement son appétence aux Beatles plutôt qu’aux Stones.
En 1995, Dave Grohl sort du deuil où le « suicide » de Kurt Cobain l’a plongé. Il propose une somme de chansons qu’il a entièrement composées, jouées et enregistrées sous le nom de Foo Fighters ; son premier album solo. Deux ans plus tard, à l’occasion de la parution de The Colour And The Shape, Foo Fighters devient un groupe. Quatre albums suivent jusqu’à Wasting Light en 2011. Si ce double 33-Tours, à jouer en 45-Tours, suit son aîné de quatre ans, deux ans plus tôt Grohl s’est associé à Josh Homme et John Paul Jones pour créer Them Crooked Vultures (2009), le groupe et l’album.
L’expérience fait office de détonateur. Le multi instrumentiste, de retour à la batterie pour l’occasion, y puise des structurations musicales nouvelles. Quelque chose s’est incontestablement produit. Depuis, son propos s’est libéré, a mûri. Exit le grunge, bonjour l’expression libérée de son inspiration.
FOO FIGHTERS – Bridge Burning
Cette « ouverture » musicale se traduit par l’injection de « pop » dans le rock dru et cru que Foo Fighters délivrait jusque-là. Et si Wasting Light affiche un profil très heavy, plutôt métallique, Sonic Highway adopte des mélodies moins radicales.
What Did I Go / God As My Witness
En Face A, de « Something From Nothing » qui démarre timidement pour monter crescendo vers un heavy rock brutal, de « The Feast And The Famine » au final punk / coup de poing jusqu’à « What Did I Go / God As My Whitness » au final très « I Want You » d’Abbey Road, via « Congregation » de facture power pop, la palette est large. En Face B, les quatre titres alternent moments cristallins et bourrasques, un peu à la manière d’un Green Day, base heavy lorgnant vers un big rock U.S. « I Am a River » qui clôt Sonic Highways illustre parfaitement cette tendance.
FOO FIGHTERS – The Feast and The Famine
Une étape supplémentaire est franchie sur Concrete And Gold (2017), un pas de plus vers une pop heavy sonnant Lennon / McCartney. Doit-on blâmer Mr Grohl pour autant, crier au retournement de veste, lui lancer l’anathème ? La musique de Foo Fighters reste mordante et … agréable à écouter. Et si le qualificatif « d’agréable » peut choquer les puristes, celles et ceux dont les oreilles sont immanquablement orientées en direction de Nirvana, il a de quoi satisfaire les amateurs, si ce n’est d’éclectisme, pour le moins de « variété ». Le monolithisme sied aux menhirs, les amateurs de rock savent louvoyer.
T-Shirt / Run
Bien sûr, il existe une large frange d’aficionados qui pratique le groupe par son versant le plus « raide ». Sachant se montrer abrupte, la voix de Dave Grohl y fait pour beaucoup. Sa capacité à hurler, à se déchirer la gorge, booste la moindre phrase « heavy popy » qui garnit ses dernières productions (auparavant également ?). Reste que ces amateurs de « bruit » pourraient bien suivre sous peu un régime amaigrissant …
FOO FIGHTERS – White Limo
Que dire de Medicine At Midnigfht (2021) et son premier single « Shame Shame », aussi déstabilisant à la première écoute qu’a pu l’être Villains (2017), le dernier opus en date de Queens Of Stone Age ? Que l’auteur / compositeur / interprète et démiurge de Foo Fighters continue d’évoluer ? « Ce qui ne tue pas rend plus fort », les rockeurs en ont vu d’autres en matière de résilience …
Shame Shame
« La honte ! ». Dans ce qu’on pouvait musicalement attendre de la part des Fighters en 2021, même les esprits les plus fous n’avaient osé s’aventurer jusque-là. Doit-on s’en réjouir ou en pleurer ?… Allez, après tout, soyons Foo !
Thierry Dauge