Jessie LEE And The Alchemists – Let It Shine
Avec Let It Shine, Jessie Lee and The Alchemists assument une flagrance, un statut musical comparable à celui de Beth Hart versus Joe Banamassa. Au-delà du blues et de la soul, l’album nous entraîne vers un son californien, jazzy / funky et épicé AOR. Et c’est comme si des praticiens affiliés s’étaient donné rendez-vous en studio. Toutes proportions gardées, The Black Crowes meets Extreme et Stone The crows. Des cuivres rutilants s’associent au groove, évanescence du rythm and blues des Blues Brother épris de saillies heavy, de celles qui animent l’unique album du groupe anglais CWT (1973). Le blues viscéral de Muddy Waters croise « Black Velvet » d’Alannah Myles. Mais plus que tout ça encore, Jessie Lee and The Alchemists proposent une signature musicale qui leur est propre.
Jessie LEE And The ALCHEMISTS – Sometimes
Une écoute attentive des prouesses vocales de Jessie Lee la différencie de sa « frangine » californienne. Au sommet de l’Everest élevé par ses « compadres » : Alexis aux solos, Stéphane et Laurent à la cadence et au groove, Laurian aux claviers, la chanteuse, objet de toutes les concupiscences, ronronne ou incendie des mélodies enjôleuses. Le Brass Band et les chœurs typiquement « soul » qui l’accompagnent adjoignent brillance et profondeur aux assauts.
Let It Shine
« Solos » ? Vous avez dit « solos » ? Si les rythmiques adoptent le « pointillisme », assemblages de touches en « positions » plutôt qu’en accords barrés, les solos tempêtent le client ! Peux avares de leur talent, bavardes impénitentes, les six cordes amènent l’auditeur à s’enfoncer dans des délices « in mobile », des lianes de notes en mouvement.
Jessie LEE And The ALCHEMISTS – You Gotta
Internet rendant accessible le moindre pet de mouche enregistré, qu’est-ce qui fait qu’on accroche ou pas aux artistes médiatiquement exposés ? Difficile à déterminer. Il semble qu’un mécanisme extra musical entre dans la cascade d’éléments qui mène au choix : « J’aime / j’aime pas ».
Contrairement aux relations amoureuses où les phéromones jouent pour beaucoup, mais restent sans impacts dans le domaine musical (en odorama ? « Grattez la pochette ! »), les « sensations », les « vibrations » sont des notions à considérer. Ecouter Let It Shine de Jessie Lee and The Alchemists provoque ça. Du bien-être, des envies d’encore, l’arrêt de toute autre activité pour ne plus qu’écouter, signe d’intensité.
Get Out Of My Head
Dans un contexte de sollicitations sur exhaustives qui conduisent à la saturation, émettre un simple : « Agréable », apparaît déjà comme la possibilité d’une relation suivie. Si, de plus, les airs restés ancrés dans le subconscient rejaillissent inopinément, c’est quasiment gagné !
« Laisse » ou « Laissez-le briller » ? Sans risque ni péril, laissez-vous envahir, laissez-vous rutiler. Lorsque des Alchimistes et leur prêtresse décryptent la pierre philosophale musicale telle qu’ils le font, surtout, ne pas résister …
Thierry Dauge
Jessie LEE and The ALCHEMISTS
Let It Shine – Label DixieFrog
Sortie le 7 mai 2021