Vingt ans du Post Rock de Mono
Le Quatuor Japonais En Mode Ebullition
Après avoir eu le privilège de chroniquer ce qui est, pour l’instant et à l’unanimité, le meilleur album de Mogwaï, il y a quelques semaines, voici que débarque un des meilleurs albums de Mono, quatuor japonais (ou presque, le batteur a changé, il est devenu américain depuis le dernier enregistrement du groupe), un des étendard du post rock à son plus haut sommet.
Mono fête ses vingt années d’existence en 2019, à Londres, quand il y avait encore du public (ils ont eu chaud, c’était le 14 décembre). Pour cela, il récidive en convoquant un nouvel ensemble orchestral, The Platinum Anniversary Orchestra, additionnés de Jo Quail et de A. A. Williams sur certains titres. Après la réussite totale d’un premier live à New York avec The Wordless Music Orchestra enregistré neuf ans plus tôt, le groupe avait envie de récidiver et l’idée était carrément excellente.
Mono – Meet Us Where the Night Ends
Voici donc avec Beyond The Past (titre déjà de leur dernier EP), en douze titres, deux rappels compris, près de deux heures de musique en apesanteur où ce qu’on appelle désormais le post rock s’intègre dans nos cerveaux comme une succession d’impression qui dépasse l’imagination. Les temps calmes sont anxieux mais légers, les envolées lyriques sont foudroyantes de beauté et d’angoisse. Entre le paradis et l’enfer, il doit bien exister quelque chose. C’est là que Mono veut nous emporter afin de voir avec eux s’il existe un au-delà correct ou tout au moins une autre vie possible apaisée quoique tourmentée. Les contradictions sont là, présentes, à l’image de l’emblématique « Ashes In The Snow » où le fond apocalyptique final s’accorde avec une mélodie répétitive mais développée au fil de la progression du titre. Au total seize minutes d’extase qui renverse tout.
Mono – Nowhere, Now Here (Live)
Evidemment on n’oubliera pas la beauté pure de « Meet Us When The Night Ends » ou de « Nowhere, Now Here » et le final en forme de désintégration intégrale de « Com( ?) », morceau récent par ailleurs, et ses dix-neuf minutes hallucinantes.
Le post rock a de belles années à vivre d’autant que débarque le prochain maître du genre, les canadiens de Godspeed You ! Black Emperor. Trois chefs-d’œuvre en trois mois, l’année est déjà terminée ou presque.
Pour votre chroniqueur timide mais engagé qui vient de publier humblement (si, si, malgré tout mon talent, je sais rester modeste) un livre sur le sujet (http://www.camionblanc.com/detail-livre-le-post-rock-de-mogwai-a-godspeed-you-la-rage-et-la-beaute-1276.php), c’est que du bonheur.
Mono – Beyond The Past (Live, 2 Cd)
Pelagic Records
Patrick Bénard