Guitariste : Brian, Malcolm, Ritchie, Mick et les autres …
Brian May – Malcolm Young – Ritchie Blackmore – Mick Ronson
Le guitariste et sa guitare, une belle histoire. Il faut remonter au lycée, lieu de toutes les découvertes, de toutes les audaces, à cette période où, quittant le miroir aux alouettes, l’adolescent souhaite passer de sa chambre à la scène.
Après les barils de lessive-drums, la guitare flamenco et le micro du magnéto, il est temps de pratiquer sur de « vrais » instruments. En manque de moyens, le « chanteur-guitar-hero », celui qui ne doute de rien et veut cumuler tous les rôles (« Les autres sont des nazes ! »), se tourne vers le marché de l’occasion. Une vague connaissance revend un ampli dont il se sert pour gonfler le son de sa clarinette. 150 Frs le meuble, un Gherson 30 watts à lampes. Pas une tune ! « Hey, les poteaux, vous pourriez m’avancer la maille ? ». C’est à ce prix qu’on monte sur le ring pour reprendre « Speed King ».
DEEP PURPLE – Speed King (live)
Trois fois 50 Frs à rembourser, trois dimanche matin à bosser sur les marchés. Et la guitare ? « Papa, maman, j’ai vu un truc … 950 Frs au mur du magasin de musique, à Sartrouville ». Ils cassent leur tirelire … Merci ! Une Eagle, copie Les Paul made in Japan. Bon, va falloir apprendre à jouer …
Carlos Santana – Rick Parfitt
Maintenant : le son. Il importe que ça déchire, que ça griffe les murs, que ça perce les tympans. Comme les lampes du Gherson sont fatiguées, lorsqu’on met le volume à fond, ça sature naturellement. « M’enfin, je ‘joue’ de la guitare, pas de la clarinette ! ». Il en faut toujours plus à l’apprenti mégalo. « Une pédale d’effet ! Il me faut une ‘disto’ ». Retour au magasin … la pédale la moins chère … la Tora, là, elle est sympa ! Voilà le « musicien » paré pour maltraiter des reprises, tricoter des pavés.
AC/DC – Walk All Over You
Première « boum », dans un garage (quarante ans plus tard, les voisins s’en souviennent encore …). Tous les accords sont joués en barrés à deux doigts, l’index et l’annulaire. A la fin du « concert », la trace des cordes est incrustée dans la pulpe, pas encore de corne aux bouts des doigts. Forcément, à les glisser de haut en bas du manche … Entre « TNT », « Live Wire » et « Touch Too Much », « Walk All Over You » a récolté tous les suffrages. Pari gagné ! Le bruit qui sortait de l’ampli a conquis les potes de lycée. C’était plus compliqué sur « The Jean Genie » et « Sympathy For The Devil » mais à cœur vaillant, rien d’impossible ! « Tu as déchiffré les partitions ? », « Qué partitions ?! L’oreille, mec, tout à l’oreille ! ».
David Bowie And The Spiders From Mars – The Jean Genie (live)
https://www.youtube.com/watch?v=tP7kHp7yQqs
Le temps passe …
Pour la plupart, ses héros jouent sur des Gibson. Même s’il bosse, le compte en banque aura du mal à s’en remettre. Il n’empêche, le guerrier ne sait toujours pas plaquer une suite d’accords et encore moins aligner un solo. Son « truc » : plaquer des accords barrés et rien d’autre. Certes, à présent, il utilise tous les doigts et c’est dans cet état qu’il se retrouve chez Hamm, rue de Rennes. Une Les Paul Standard sunburst noir et miel capte son regard : « La même que Jimmy Page ! ». Il faut l’essayer. Par chance, un type qui passe s’en empare et la pratique en solo. « It’s a good guitar ». « J’achète ! ». Au fait, il a joué quoi le mec ?
Carlos SANTANA – Samba Pa Ti
Well, le Gherson ne suffit plus, la Gibs’ nécessite plus velu, plus soutenu. Un magasin de musique vient d’ouvrir à Bezons. Première visite. Là ! Une légende ! Un Vox AC 30 d’occasion ! Vox Populi !
Tout ça, c’est parfait sauf que le combo Vox n’a pas de distorsion intégrée. Alors ? Go to Montparnasse chercher celle qui va alimenter l’aristocrate anglais. Essai. Ce coup-ci, le postulant guitariste s’en occupe personnellement et … « Aaaaaargh ! ». La voilà ! La pédale Boss, une Metal Zone MT2, l’emmène exactement à l’endroit où il souhaite « distortionner ». Décriée par certains, elle lui plait bien. Alors, pour le meilleur et pour le pire, elle s’immisce entre deux « jacks » pour faire cramer les rideaux.
Jimmy Page – Ted Nugent
Tout va bien ? Non. Le vieux Vox « buzzz » telle un taon coincé sur le dos. Il faut trouver d’autres haut-parleurs à déformer. Cette fois-ci, direction rue Victor Massé où un JCM 600 Marshall décroche le job. Oui, s’il ne supporte que les vinyles sur sa platine, il en va de même pour les amplis : Vintage ! Le post ado n’allume que des lampes et rien d’autre. « Ça fait sonner les barrés ! »
STATUS QUO – Rain
Flûte ! A l’usure, les répétitions succédant aux répétitions, le son semble trop … monolithique, trop « gras ». Changer, oui, mais pour quoi ? Ted Nugent ? Il accouple sa Byrdland à un Fender. Qu’à cela ne tienne, on y retourne ! Pigalle ! L’Ampli à Lampes présente un choix « d’amplificateurs » assez conséquent. Et pourtant, premier essayé : c’est bouclé ! Avec ce Fender Blues Deluxe Reissue : « Envoyez les groupies ! Descendez des radios tout ce qui grésille, le Caligula du riff arrive : me voilà ! ». Un peu tardivement peut-être … il a cinquante ans maintenant.
Ted NUGENT – The Great White Buffalo (live)
Une Les Paul Custom « Black Beauty » ainsi que sa cousine, une « Blonde Beauty », série limitée, viennent compléter le rêve aux côtés d’une Flying V rouge et d’une Double Cut TV Yellow ; « Faded ». Pourtant, l’à présent « déplumé » ne sait toujours pas jouer ! De fait, il s’en fout. Parce qu’aux bouts de toutes ces années, il a compris qu’il ne jouait que pour lui … le guitariste. « Et si j’essayais une Red One … ? ».
QUEEN – Death On Two Legs
« Je fais toujours de grosses erreurs quand j’essaie de revenir sur mes premières idées ou de plaire au public. Mon travail est toujours meilleur lorsque je le fais de manière égoïste »
David Bowie (Magazine The World – 2003)
Thierry Dauge