All Mod Cons : The Jam – Le disque attendu !
Souvenez-vous, début 1978, le groupe british The Jam vient de sortir son deuxième album intitulé: This is a modern world. Un disque peu inspiré, sorti bien trop rapidement, seulement quelques mois après le succès du 1er opus In the City. L’accueil est plus que mitigé, notamment de la part des critiques qui n’hésitent pas à le descendre en flèche. Le groupe est évidemment déçu par cet échec et épuisé par une très grosse tournée au Royaume Uni, en Europe et aux Etats-Unis. Il leur faudra quelques mois de répit avant de revenir sur le devant de la scène.
La maison de disque programme un retour en studio en mai 1978, mais les batteries sont à plat. Paul Weller étant en manque d’inspiration, on renvoie le groupe. Vacances imposées dans l’espoir de réactiver cette sacro-sainte créativité musicale. La légende raconte que le chanteur des Jam, alors en pleine déprime, se serait isolé cet été avec pour seul bagage, une référence absolue, le Something Else des Kinks. Les légendes ayant toujours un pied dans le rêve et l’autre dans la réalité, c’est sans surprise que nous nous délecterons d’une magistrale et explosive reprise du David Watts des Kinks, sur ce troisième album des JAM.
The Jam – David Watts
All mod Cons, troisième album de The Jam, sort en novembre 1978 en Angleterre et s’impose rapidement comme le disque attendu. On ressent l’admiration de Weller pour Ray Davis, jusque dans la structure des morceaux. Cet album beaucoup plus Mod’s, transgresse l’énergie punk des débuts. Mais la touche Jam reste efficiente. Paul Weller, savant génie de la composition, ne se contente pas de plagier sa nouvelle idole, il transcende le David Watts des Kinks, et apporte un éventail de compositions jusque là sans pareil, alliant énergie Punk et influences Mod’s ! Un pur régal…
Réussite technique et succès commercial, l’album culmine à la sixième place des Charts British. Parmi les pépites absolues, l’insidieux et acerbe Mr Clean, mais également Down In The Tube Station At Midnight, lugubre histoire de meurtre ancrée sur la rythmique syncopée de la basse Bruce Foxton.
Down in the tube station at midnight
Si All Mod Cons donne son titre à l’album, la divine surprise reste l’énigmatique English Rose. Une ballade au travers de laquelle, Weller étale avec grâce et tendresse, toute la délicatesse de son talent de songwritter. Une chanson d’amour qu’il hésita longuement à insérer dans l’album. Grâce lui est rendue d’avoir osé ainsi se dévoiler…
No matter where I roam
Qu’importe où j’erre
I will return to my english rose
Je reviendrai vers ma rose anglaise
For no bonds can ever keep me from she
Aucune obligation ne peut me détourner d’elle
The Jam – English Rose
Album de transition pour The Jam et retour à la case succès tant attendue, All Mod Cons est un concentré de joyaux bruts. Il marque l’évolution de The Jam vers un style plus abouti, qui sans desservir cette nervosité électrique, laisse libre place à la verve mélodique de Paul Weller. A tout juste vingt ans, ce dernier pose déjà les bases de son indomptable talent de compositeur, doté d’un sens inné de la mélodie et d’une troublante virtuosité à équilibrer guitares scintillantes et mélodies pop, sans jamais laisser place à une quelconque apathie.
All Mod Cons : un album brûlant d’une fougue habillement maîtrisée… à conserver au rang des joyaux du british rock.