Kat Onoma – Les arcanes de la création
Billy The Kid est sorti en 1992 et il s’agit du troisième album de Kat Onoma, un groupe vraiment à part dans la sphère du rock indé français. Le groupe historique de Rodolphe Burger signe ici un album conceptuel inspiré d’un poème écrit en 1958 par Jack Spicer. Telle une étoile filante dans le sillage de la vie, le poète est mort à 40 ans de son alcoolisme. Il s’inscrit dans la veine de Rimbaud et son œuvre reste aujourd’hui encore objet de fascination pour l’ensemble des admirateurs passionnés, dont le chanteur de Kat Onoma fait sans nul doute partie.
Atmosphère expérimentale
Une musique si singulière qu’on n’ose évidemment la comparer à aucune autre. Kat Onoma nous entraîne dans une longue balade d’une cinquantaine de minutes, traversant le Far West légendaire. Chemins poussiéreux et incertains, ambiances fiévreuses où rôde le mystère… Ici, la réalité historique se heurte à l’imaginaire musical débridé de cette bande d’ovnis instrumentaux, explorant sans relâche les arcanes de la création. La voix rauque et profonde de Rodolphe Burger ajoute une dimension envoûtante, amplifiant cette atmosphère intense, presque palpable.
Une signature vocale magnifiée en tous points, notamment dans l’excellent et insondable Le Désert. Un titre qui, malgré les années, demeure immuablement le point central de cet album, bouleversant de mystère et de profondeur. Comme une oasis dans un paysage aride, il capte l’essence même de ce voyage sonore, où chaque écoute révèle une nouvelle facette, une émotion enfouie, un secret encore à déchiffrer.
Kat Onoma – Le Désert
L’album, dans son ensemble, est une traversée des sens. Les guitares, tantôt rugueuses, tantôt mélancoliques, dessinent des horizons lointains. Les rythmes évoquent sans peine les pas d’un voyageur solitaire. Et puis, il y a cette alchimie entre les instruments, cette manière qu’ils ont de se répondre, de s’entrelacer, comme pour créer la carte sonore d’un territoire à la fois réel et rêvé.
Plus qu’un disque, Billy the Kid est une expérience immersive où chaque titre semble être la scène d’un film intérieur où le spectateur devient à son tour acteur. Une œuvre qui, des décennies après, continue de fasciner, de questionner, de hanter.
En Français dans le texte …
On déplorera l’utilisation de la langue française sur deux titres seulement (c’est peu), Le Désert et Memo. Quel dommage, le résultat est tellement approprié à la voix de Burger que l’envie nous prend évidemment d’en espérer plus. Mais Kat Onoma ne fait rien comme personne. Burger et son équipe offrent une traduction en français dans le livret… L’intention portée au texte est totale.
Toujours en quête d’expérimentation, Kat Onoma nous livre avec Billy the Kid un troisième album magnifique, une odyssée sonore initiatique aux confins du rock, du rhythm’n’blues, teintée d’intentions country et même, par moments, d’accents jazzy. Peu importe l’étiquette musicale, le voyage est parfait, envoûtant comme une traversée sans fin où chaque note résonne comme un pas de plus vers l’inconnu.
C’est une œuvre qui respire l’audace, où les guitares crissent tel des éclairs dans un ciel orageux, et les mélodies s’étirent au pieds d’horizons infinis. Rodolphe Burger, avec sa voix rauque et envoûtante, nous guide à travers ces paysages sonores, tantôt arides, tantôt luxuriants. On y sent la poussière des routes du Far West, le souffle chaud du désert, mais aussi l’ombre froide des nuits où rôde le danger.
Billy the Kid est plus qu’un album, c’est une expérience, une plongée dans un univers où la musique devient récit, chaque instrument racontant sa part d’histoire. Kat Onoma ne se contente pas de jouer : ils explorent, défrichent, inventent. Et nous, à l’écoute, devenons les compagnons de route de cette aventure, emportés par une créativité sans limites.
Auguste Marshal
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