Starshooter : Pin-up blonde / Quelle crise, baby
Starshooter fait partie des premiers groupes rock français à avoir eu le courage et l’audace de poser des textes provocateurs dans la langue de Molière. A l’époque de l’émergence en France de groupes majeurs comme Trust ou Téléphone, Starshooter a su apporter son lot d’originalités. Punk, ils l’étaient sans même le savoir, du moins avant qu’un journaliste de Rock’n’folk ne les qualifie ainsi. Il émanait de leur musique une énergie extrêmement sauvage, assez proche de la trempe du Clash en Angleterre.
Le groupe se compose de Jello (guitare), Mickey Snack (basse), Phil Pressing (batterie), et Kent (guitare et chant).
« C’était une époque un peu plus simple, raconte le chanteur Kent, où les maisons de disques envoyaient des groupes en studio, sans savoir ce qui allait en sortir. »
Le premier 45 Tours Pin-up blonde/Quelle crise, baby sort en 1977. Il est suivi de nombreux concerts avec des premières parties notamment des Damned ou de Jacques Higelin. Mais Starshooter va définitivement entrer dans la légende en 1978. Un coup de provoc’ magistral les propulse dans les médias avec la sortie en 45 Tours de l’irrévérencieux mais génial Get Baque, pamphlet du fameux Get Back des Beatles. C’est satirique, énervé, drôle, punk et théâtral à la fois. La vidéo qui suit donne l’esprit bordélique et amusante de la chanson. Le texte n’est que pure provocation, satire du groupe et de ses fans, moquerie d’un système, excellent moment de rigolade…
Starshooter – Get Baque
« On veut plus des Beatles et d’leur musique de merde, bonne à faire danser les minets. Les radios nous bassinent pour assurer leurs salaires, j’en ai rien à foutre qu’ils crèvent! Get baque, get baque, get baque tou ouaire iou ouance bilongu. »
Devant le scandale, EMI également détenteur du catalogue des Beatles, retirera rapidement le single des ventes.
« Nous n’avions pas demandé l’autorisation de la reprise aux Beatles. L’auraient-ils donné ? » – Kent
A peu près à la même période que Téléphone, le groupe s’impose un temps comme un phénomène du Rock français. Le premier album de Starshooter – 1978 – est très bien accueilli par la critique. On y retrouve notamment Betsy Party et 35 tonnes, mais le fameux Get Baque est évincé (dommage).
Mode – Deuxième album
1979 le deuxième album Mode arrive sur le marché dans une atmosphère mitigée. Le groupe sorti de ses caves de répétitions lyonnaises, à parcouru les scènes du pays et les influences beaucoup plus Pop, voir limite New-Wave laisseront définitivement le groupe aux oubliettes des fans de la première heure. Même la pochette qui se voulait provocatrice ne sera pas comprise. Un débat s’installe alors dans le milieu Rock: pour ou contre Starshooter. Au festival d’Orange en 1979, le concert se termine par une bagarre générale dans l’amphithéâtre…
En 1980 Starshooter sort un nouvel album intitulé: Chez les autres. Cette fois le style est homogène et résolument rock. Il faut croire que la scission engendrée par la précédente galette aura eu raison du succès. Le disque se vend mal, malgré deux titres qui deviendront des classiques Louis Louis Louis et Machine à laver !
Starshooter – Machine à laver
Pas fatigué : dernier album !
Starshooter signe chez CBS en 1981. La maison de disque désire faire passer le groupe en tête de ligne. Moyens médiatiques importants, producteur anglais (Mick Glossop): tous les ingrédients d’un disque réalisé avec la pression de la réussite.
Le chanteur KENT, par ailleurs dessinateur de Bande dessinée réalise la pochette de l’album. La critique est bonne, le groupe s’envole pour une méga tournée, mais en dehors du succès du single, les ventes s’avèrent une fois de plus décevantes. 1982: le groupe vivra assez difficilement cette tournée consécutive à l’album. Starshooter est fatigué, l’énergie n’est plus au rendez-vous… Lassitude et épuisement sonneront le glas de la fin de l’histoire.
Un album Live sauvé pour les fans
A noter également ce Live sorti en 2004, unique témoignage live du groupe. L’enregistrement date de la dernière tournée de 1982. Un enregistreur pluggé à la console à la sauvette par l’Ingé Son, sans aucun micro d’ambiance pour le public. Un enregistrement réalisé à la base pour une écoute du groupe, retrouvé quelques années plus tard et mise en boîte pour les Fans : un document !
En 2005, Emi publie une très belle compilation avec des inédits intitulée: Inoxydable.
La suite…
Depuis 1983 Kent mène une carrière solo avec à son actif une vingtaine d’albums dans un style éloigné du punk des débuts et du rock de la fin. Kent, c’est un chanteur atypique, talentueux sur scène (pour l’avoir vu plusieurs fois), magicien des mots, compositeur avéré, poète et écrivain, dessinateur. Un virage du Rock à la chanson française à textes, aussi surprenant que brillamment réussi.
» Le plus beau cadeau qui reste pour un chanteur, c’est au moins une chanson qui lui perdure. On finit par être une chanson quand des années plus tard, la chanson est toujours là et nous plus. «
Le website de Kent fait la synthèse de l’étendue de ses talents. Chanteur, compositeur, écrivain, poète, dessinateur… un artiste à mon sens bien insuffisamment reconnu.
KENT: un sacré personnage !
Auguste Marshal