Testaments de stars et célébrités
Une collection insolite… et des témoignages historiques
Les dernières volontés des grands noms sont souvent source de révélations. Pour un collectionneur d’autographes (voir notre article La collection d’autographes), un testament est la pièce ultime car, dans le cas présent, il ne peut s’agir d’un faux. Important, quand on sait que la plupart des célébrités font réaliser leurs photos dédicacées par leurs secrétaires !
Lorsque l’on se penche sur les testaments, dossiers post mortem, des stars et célébrités, notamment des XIXe et XXe siècles, on est appelé à se poser de curieuses questions sur la véritable personnalité de ceux qui ont fait l’actualité.
Etranges questions… ? Pas tant que ça !
Dans le monde de la politique aussi bien que dans celui du show business, le mensonge est monnaie courante. Pour le premier cas, ce sont des questions d’électoralisme qui sont en jeu. Pour le second, c’est l’image de la star.
Un miroir à double face
L’image que donne tout personnage public est, le plus souvent, calculée, et ne correspond pas obligatoirement à la réalité. A plus forte raison dans le monde du spectacle et de la politique où le mensonge et le « paraître » prédominent sur la réalité. En revanche, face à la mort, l’être humain, même célèbre, se doit d’être sincère. Lorsqu’il songe à rédiger ses dernières volontés, il se place dans la position virtuelle de quitter le monde des vivants . D’où l’intérêt d’étudier son testament pour véritablement cerner sa personnalité.
La mort pour mieux cerner la vie
Farfouiller dans les archives testamentaires, attendus judiciaires et autres rapports d’autopsie des célébrités disparues, s’agit-il d’une perversion ? Non car le collectionneur de testaments n’est ni nécrophile, ni médecin légiste, pas même curieux morbide. En un mot comme en cent, il est davantage chercheur que collectionneur.
En chercheur tatillon, il veut des faits, des vrais, des bétonnés
Encore faut-il aller les chercher là où personne ne va jamais fureter. Avec la précision maniaque d’un entomologiste passionné, le chercheur décrypte, dissèque, amasse, rapporte, sans se soucier du « qu’en dira-t-on ». S’acharner à exhumer dates, chiffres et indices, c’est pour mieux éclairer – de l’intérieur, pourrait-on dire – des sagas populaires qu’on croyait connaître par cœur. C’est juste que la légende, celle que les glorieux décédés ont parfois eux mêmes propagée, ne peut suffire à un historien… voire à un » archéologue » de la politique ou des cultures populaires que sont le rock ou le cinéma.
L’histoire du show business regorge de mythes fabriqués de toutes pièces et sur mesure. On pourrait citer à la pelle ces faux détails croustillants dont des générations d’amateurs et de journalistes se repaissent tranquillement.
Des dossiers post mortem qui posent des questions parfois dérangeantes
– Lady Di, qui a tant fait pour les bonnes œuvres… Pourquoi n’a-t-elle pas légué un centime à des œuvres caritives ?
– L’étude graphologique de la pseudo-lettre d’adieu de Kurt Cobain semblerait pour certains prouver qu’il s’agit d’un crime maquillé en suicide
– Que Janis Joplin, nympho bouleversante et diva chancelante, ait probablement songé à se suicider, voilà une éventualité qui risque de ne pas plaire à tout le monde…
– Pourquoi Freddie Mercury, homosexuel notoire, a-t-il légué le plus clair de sa colossale fortune à… une femme ? Réponse dans notre article
– Où sont passés les 5 avions, les 210 motos et les 55 voitures de sport de Steve McQueen, tombé entre les mains d’un charlatan qui soignait son cancer à coup de piqûres de concentré de… jus d’abricot?
– Que Victor Hugo, homme politique influent et écrivain renommé ait achevé son testament par la formule « Victor Hugo, sans profession » témoigne-t-il d’une grande humilité ou bien de son souhait de consacrer le reste de sa vie à… l’Art d’être grand père ?
– Où ont bien pu passer les millions amassés par le manager de Jimi Hendrix sur son dos et dont il n’a pas vu la couleur (il avait à peine en poche de quoi se payer un taxi) ?
– Six mois avant de mourir, dans quel état se trouvait Elvis Presley, qui parvient à peine à apposer sa signature, s’y reprenant à deux fois ?
Et celui d’Edith Piaf !
Jamais testament de célébrité ne fut rédigé avec autant d’indigence : pas de notaire, juste quelques lignes griffonnées un dimanche, un “13” de surcroît. S’est-elle senti mourir (effectivement, elle décèdera quelques mois plus tard, très exactement le 10 octobre). Etait-elle superstitieuse, craignant de mourir un “13” ? (étrange prémonition, elle mourra en octobre, le vendredi 11, précédant, effectivement, un autre dimanche 13). « Piaf fut membre de la Rose-Croix.. Donc attentive aux signes et aux chiffres sans doute » nous apprend Phil Kirl…
Dans quel état était-elle à cet instant, pour avoir fait une faute d’orthographe sur son prénom (elle signe “Edithe”, et omet d’achever sa phrase) ?
Dans sa forme plus que dépouillée, l’humble document présage de ce dont se doutait
« Piaf est ruinée », clamait la rumeur depuis plusieurs mois.
Rien d’étonnant à cela : gravement malade, il tenait du miracle qu’elle parvienne à boucler un tour de chant sans s’évanouir ou sans trou de mémoire.
Elle n’était plus que l’ombre d’elle-même.
Elle lègue “tout ce qu’elle possède” à son dernier mari, Théo Sarapo
Mais que reste-t-il à léguer, en cet instant ?
De l’avis de certains, des dettes, en grande partie. Pourtant, ses disques continuaient à se vendre et, c’est indiscutable, le show business est très lucratif. Les esprits retors ajouteraient qu’ils se vendraient plus encore après sa mort !
Piaf a vécu sa vie dans un tourbillon, sans prendre soin de son équilibre ni de sa santé.
Sans prendre soin non plus de ses finances !
Lorsqu’elle changeait d’amant, elle renouvelait entièrement sa garde-robe. Et lorsqu’elle était sans amant, son appartement s’ouvrait tout grand à quiconque, des foules d’amis mais, également, de parasites qui vivaient à ses crochets. On peut dès lors se demander ce qu’il restait, en héritage, après qu’elle ait été, toute sa vie, dépouillée par des armadas d’escrocs.
Toute sa vie, Piaf avait truqué la réalité
Elle n’allait pas changer sa ligne de conduite au seuil du trépas !
Son dernier mariage est arrangé pour séduire les médias
Ironie du sort, son dernier succès populaire, “A quoi ça sert l’amour”, en duo avec Théophile Lamboukas, surnommé “Théo Sarapo” (car S’agapo signifie Je t’aime en grec) répond comme un tragique écho à “L’hymne à l’amour” qu’elle interprétait, douze ans auparavant, en pensant à Marcel Cerdan, seule véritable passion d’une vie aventureuse.
La graphologie nous vient en aide
Une fois étudié un dossier post mortem (contenu du testament), on peut ensuite continuer l’étude en faisant réaliser l’analyse graphologique. Et l’on s’envole ensuite vers une collection d’autographes, également passionnante à tous points de vue.
Daniel Lesueur – Culturesco