KENT – Itinéraire d’un artiste (particulièrement) doué
Kent, jeune gône lyonnais, écrit et dessine des Bd et c’est d’ailleurs grâce à ses talents que le premier album de Starshooter a vu le jour. En effet, alors qu’il traîne dans une maison d’édition pour placer ses dessins, il rencontre alors Philippe Manoeuvre. Et il réussit à lui placer: «euh, j’ai un groupe de Rock, vous voulez une K7?» Manœuvre acquiesce, l’affaire est lancée.
Des mots, des images et du Rock – Histoire d’un gône lyonnais
Le premier album sort chez Pathé en 1978 et très rapidement, un hit s’en détache: Betsy Party.
Betsy Party ici en version Beruriers Noirs. Ultra-rare!
Un début de carrière prometteur qui donnera à ce groupe le parfum d’une aura de légende, malgré une courte durée de vie. Quatre années et quatre albums suffiront à épuiser définitivement Starshooter. Leur dernier album sortira en 1981 chez CBS, porté par ce titre qui en dit déjà long… Pas Fatigué.
Kent – Le début d’une carrière solo
L’après Starshooter pour Kent démarre à partir de mars 1983, avec un mini-tube, Partout c’est la merde, issu de l’album Amours propres.
Partout c’est la merde
«En réalité, j’ai réalisé cet album quand Starshooter existait encore. Pour moi, c’était seulement des vacances, de la rigolade. Mais comme Partout c’est la merde marchait bien, on a retardé la sortie de l’album. Finalement, il est sorti au moment où on annonçait : Starshooter, c’est fini.»
Mais le passage au statut de chanteur en «solo» n’est pas simple.
«Se retrouver sans manager, c’est extrêmement dégradant. Venir avec des maquettes, clamer: regardez comme je suis beau, écoutez comme je chante bien. Je me suis retrouvé dans la position d’un vendeur de tapis.»
Le second album Embalao sort en 1985, porté par le titre On veut des héros. Y figure un cover de Paul Weller de The Jam ( si, si !!): Un avion pour l’Angleterre.
Kent – Un avion pour l’Angleterre
Les albums s’enchaînent: Le mur du son en 1987, A nous amours en 1990.
A noter que les paroles du titre éponyme varient au fil des années: «tout est permis, de jean marie à Khomeiny» se transforme en live en: «de Charles Pasqua à Bernard Tapis »…
Kent – A nos Amours – Live
Mais c’est en 1991 que les choses vont vraiment bouger, avec l’album de Kent Tous les hommes.
« Pour ce disque, j’avais plus du tout envie de travailler de la manière classique en commençant par la batterie, la basse, avec une idée Rock de la chanson, quoi. Je me suis dit, on fait guitare-voix, et puis on met ce qui manque autour. Je suis entré en studio, j’avais mon micro 1-2-3-4, on faisait le morceau avec les musiciens. Ensuite, on allait écouter dans la cabine, ça sonne, ça sonne pas, on le refait, et ainsi de suite. On a enregistré tout l’album comme ça, c’était passionnant »
Ce titre permet à la carrière de Kent de vraiment démarrer. Les albums s’enchaînent avec un pic de popularité dans les années 90:
D’un autre occident ( 1993), Kent en scène ( 1995), Nouba (1996), Métropolitain (1998), Enfin seuls (1999), Cyclone (2000), Je ne suis qu’une chanson (2002), Bienvenue au club (2005), L’homme de mars (2008), Panorama (2009), Le temps des âmes (2013), La grande illusion (2017).
Notez qu’un intégral est paru récemment, à un prix plus que modique. Si vous voulez (re) découvrir Kent, c’est le moment…
Dernier production en date : LA GRANDE EFFUSION
Sortie le 13 Avril 2018. Ce disque a été enregistré le 7 novembre 2017 au Café de la Danse à Paris. Kent fêtant ainsi ses 40 ans de carrière, se permet de revisiter la totalité de son répertoire, depuis l’époque Starshooter. Seul ou accompagné de son groupe, les réinterprétations sont parfois surprenantes, parfois bluffantes… pour les afficionados, un disque essentiel.
Maintenant, et pour terminer, l’une des plus tendres chansons de Kent. Destinée aux «vieux mariés…». Quel chemin parcouru depuis Starshoot‘!
Etienne FLT
KENT – Notre amour
Qui l’eut cru mon amour, que l’on irait si loin
Tant d’autres à mi-parcours se sont lâché la main
Fatigués de se voir, lassés de se connaitre
Ils vident mes tiroirs enjambent la fenêtre
Qu’avons-nous, mon amour, pour résister autant
Quand d’autres se déchirent ou vivent en s’ignorant?
Peut-être avons nous fait le chemin à l’envers
Qui sommes nous, mon amour, pour ne pas être amers?
Vu d’avion notre amour pour ceux qui le survolent
Ressemblent à une plaine, un bien paisible atoll
Nous nous contenterions d’une mièvre romance
Sans avoir jamais eu de zones de turbulences
Pourtant nous avons eu des glaciers, des déserts
Des éboulements de ciel, des tensions d’avant guerre
Et le doute nous traque encore au fil des ans
Mais ravive en nos corps l’envie de confluant
Qu’avons-nous, mon amour, qui coule dans nos veines
Pour n’avoir jamais cédé au champ de haine?
On les entend partout, on les entend pourtant
Nous ne sommes ni sourd ni saint ni mort ni morts-vivants
Nous n’avons jamais cru tout deux au grand amour
Celui des rêves bleus sous la lune glamour
Tu ne fais jamais mienne et je ne fus que moi
Libres d’être nous mêmes est notre seule loi
Qui l’eut cru mon amour que l’on irait si loin
Si loin
Si loin
Tant d’autres à mi-parcours se sont lâché la mai
Citations Kent :
Dans les 80’s j’ai eu l’honneur d’être un has-been jeune et la chance d’avoir pu m’évader du grenier. Un magazine d’époque que l’on qualifiait de branché m’avait rangé dans la liste « out » des personnalités à éviter. C’est le sort souvent réservé aux ex-quelque chose qui ont la prétention de continuer d’exister. Il fait le tri dans le carnet d’adresses, il nous apprend l’humilité et la pugnacité, il nous fait perdre nos illusions et c’est tant mieux. Attention, ne pas confondre perdre ses illusions et être désillusionné. Dans le premier cas, le regard se dessille, dans le second, il s’obscurcit. Ne plus avoir d’illusions est une force dans le monde d’aujourd’hui bâti uniquement sur le paraître. La réalité s’étale au grand jour, bête et indémodable. On l’arrange selon ses humeurs et ses convictions. (2008)
ll y a de l’imprévu dans la création, imprévu que les recettes éradiquent, que les raccourcis évitent. L’imprévu nous révèle à nous-mêmes. C’est de lui surtout que jaillit la nouveauté. L’imprévu est un million de fois plus grisant que l’artifice. (2009
Je suis vachement content d’avoir vécu une existence de groupe entre 1977 et 1981 parce que c’était le meilleur moment. Tout était permis, tout était possible, personne ne savait nous diriger. Aucune maison de disques ne savait comment nous prendre. (1987)
Le plus beau cadeau qui reste pour un chanteur, c’est au moins une chanson qui lui perdure. On finit par être une chanson quand des années plus tard, la chanson est toujours là et nous plus.
L’HOMME DE MARS est une œuvre transversale, comme on se plaît à dire aujourd’hui. Je suis ravi de l’accueil qui lui est fait dans les webzines, ce nouvel underground qui est en train de rendre obsolète à vitesse grand V les caciques médiatiques classiques. Ceux-là même qu’il faut traiter en prince pour qu’ils daignent s’intéresser à vous. Qui se demandent dans quelle catégorie traiter un tel objet, disque ou livre, rock ou variété, chasse, pêche ou traditions. (2008)
L’impudeur est en passe d’être une qualité. À la télévision, lorsqu’on refuse de répondre à une question indiscrète, on passe pour un pisse-vinaigre. (2008)
Ne positivez pas ! Ne positivez plus ! Le positivisme est une forme perverse de résignation. N’oubliez jamais que c’est Carrefour® qui a lancé ce barbarisme pour vendre sa camelote. Revendiquez l’amertume, la puissante, la renégate, celle qui fait bien comprendre que l’économie mondiale spolie des acquis sociaux et non des privilèges. Aujourd’hui l’amertume n’est pas de mise. On vous la reproche. C’est ringard d’être amer. Je dis Hopopop ! C’est comme le doute, il faut savoir s’en servir à bon escient. Sans doute ni amertume pas de débat ; sans débat pas de liberté. (2009)