The ROLLING STONES – Some Girls

Faisant suite à Black and Blue (1976), Some Girls (1978) est le deuxième album des Stones après Mick Taylor, avec Ron Wood.
S’il est communément admis de désigner Exile On Main St. (1972) en tant que dernier grand album du groupe, de citer, au choix, Beggars Banquet (1968), Let It Bleed (1969) ou Sticky Fingers (1971) comme leur meilleur – les fans historiques, projecteurs braqués sur les années 60, peuvent trouver à y redire –, qu’en est-il de Some Girls ? S’agit-il d’un « bon » album des Rolling Stones ou, à défaut, d’un « bon » album tout court ?
Certitude, Black and Blue, la précédente livraison des anglais, vilipendé à sa sortie, bénéficie de nos jours d’une réévaluation positive. Celle-ci fait suite à la publication d’un beau coffret où la « bête » est remastérisée. Bref, faire du neuf avec du vieux. Dans cet esprit, cette réévaluation ne consiste-t-elle pas à fourbir des arguments pour booster les ventes ?
Evaluer la qualité d’une production à partir de critères reposant sur le « goût », tous les goûts étant dans la nature, n’explore que l’avis du commentateur. Qu’en faire ? Pour ma part, j’ai toujours apprécié cet album. « Oui, mais Some Girls boudiou ! », s’impatiente-t-on.
The ROLLING STONES – Some Girls
Pour tous ceux qui découvrent les Stones via « Miss You », le titre phare extrait de l’album, il va sans dire que la chose est entendue, il s’agit d’une super chanson. Il en va certainement de même pour « When The Wips Comes Down », « Respectable », « Shattered », « Far Away Eyes », « Some Girls » ou « Beast Of Burden ». En tout, sept titres sur dix font donc l’affaire des nouveaux adeptes.
Miss You
En 1978, dans le milieu du rock, tous genres confondus, la concurrence est rude, on compte une pléthore d’albums remarquables. Néanmoins, pour Somes girls, identifier les ¾ de son contenu comme tout à fait recommandable représente un joli score, le désignant factuellement comme un bon album. Sous peu, au sein des long-formats, on ne comptera plus qu’un single quatre étoiles entouré de deux ou trois friandises au cœur d’un gruau indigeste. Mais il s’agit d’une autre histoire…
The ROLLING STONES – Beast Of Burden
« Bon » album, la démonstration va dans ce sens, mais peut-on le qualifier de « bon » album des Rolling Stones ?
« Miss You » présente un petit rythme pépère de batterie signé Charlie Watts, quasi disco, allegro ma non troppo – avez-vous remarqué qu’il ne joue pas les temps sur sa cymbale charleston lorsqu’il frappe sa caisse-claire ? – et que tourne l’open tuning du sieur Richards. Quelques phrases d’harmonica viennent fleurir les vocalises de Mr D – Mick Jagger – alors que la ligne de basse manigancée par Bill Wyman rappelle celle du hit de Rod Stewart sorti la même année, « Da Ya Think I’m Sexy ». A la fin des 70’s, le contexte est à l’insouciance et ces chansons collent parfaitement au profil du temps.
Respectable
Alors, que reproche-t-on au juste à Some Girls ? Ne serait-ce pas les mêmes critiques que celles accordées au dernier album du quintette, le plébiscité ou détesté Hackney Diamonds (2023) ? C’est-à-dire son jeunisme ? A chaque nouvel album des Rolling Stones, les fans amoureux de ce qu’ils ont pu produire au cours d’une décennie : 60’s, 70’s, 80’s…, attendent du groupe qu’il reproduise le fruit de leur désir. D’aucun souhaite qu’ils bissent Aftermath (1966), d’autres Goats Head Soap (1973) – ceux-là sont moins nombreux, certes –, ou Steel Wheels (1989), voire Bridges To Babylon (1997). Or, ce n’est pas le cas. A l’image de leurs collègues vieillissants, ils se mettent « à la page », se glissent dans l’air du temps.
The ROLLING STONES – Far Away Eyes
Some Girls, avec « Miss You », bifurque sur un chemin inattendu de la part de ses concepteurs, se « commercialise ». C’est qu’en 1978, The Glimmer Twins, le duo Jagger / Richards, n’ont pas encore atteint la quarantaine. Depuis leur pseudo disco, ils ont bien le droit d’inviter le public à « guincher » en leur compagnie ! A « fouetter » la foule, qu’elle se bouge ! V’savez Quoi ? Au final, ils ont réussi.
When The Wips Comes Down (live)
Thierry Dauge











