The Limiñanas – Faded

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The Limiñanas : Faded

Liminanas

CinemaScope, Fuzz et Gloires Fanées

Elle s’est faite belle Jane.

Pour emmener sa sœur à la plage par cette journée ensoleillée. Bon, faut admettre qu’elle a un peu forcé sur le rouge à lèvres et le rimmel. La chaleur commence à faire couler de vilaines rigoles noirâtres de khôl le long de ses joues ravinées. Mais elle s’en fout Jane. Elle est heureuse comme elle est, là, avec Blanche, sa frangine, devant l’océan Pacifique. Blanche. Elle n’a pas toujours été gentille avec elle, Jane, c’est vrai. Alors aujourd’hui c’est sortie au grand air iodé. Pour se faire pardonner. Ca va la requinquer, Blanche, elle qui passe ses journées enfermée sur son fauteuil roulant, à regretter le bon vieux temps, quand ses jambes l’emmenaient où bon lui semblait.

Elles sont bien installées maintenant.

Blanche allongée sous sa couverture et Jane, assise dans sa belle robe. Sa robe qui ressemble à celle qu’elle portait à l’époque du succès. Quand le monde l’adorait. L’enfant star d’Hollywood. La petite prodige du cinématographe. Baby Jane. Qui savait tout faire, chanter, danser, jouer la comédie. Et puis le pire qui puisse lui arriver est… arrivé… Elle a grandi Jane. Fini les sunlights. Bye bye la gloire. Au rencard la petite chouchou du rêve amerlock. Blanche aussi elle avait fait l’actrice. Sa carrière était bien lancée. C’était même parti pour durer longtemps. Plus longtemps que Jane… Talentueuse Blanche. Plus que Jane peut-être bien… Jusqu’au jour de l’accident. Paralytique au royaume du glamour ? Tu ne colle plus avec le décor ma grande. Alors elle a troqué la limousine contre la petite chaise. Poor Blanche…

… Qui ne dit pas grand chose depuis tout à l’heure,

de dessous sa couverture qu’elle n’a pas quitté malgré le soleil qui tape dur. Ca n’a pas l’air de la préoccuper, Jane. Elle est aux anges. Une légère brise amène à ses oreilles le doux bruit des vagues. Elle n’a bien sûr pas oublié d’amener sa pelle et son seau. Alors elle s’amuse comme une petite folle à faire de jolis pâtés, bien ronds, bien lisses, avec le beau sable fin de Malibu. D’ailleurs ils sont tellement réussis qu’un groupe de baigneuses et de baigneurs s’approchent, certainement pour les admirer et la féliciter. Alors, pour les remercier, Jane se lève et se met à leur chanter une chanson. Sa chanson, celle de la grande époque que toute l’Amérique reprenait en choeur. Ils doivent sûrement la connaître tous ces jeunes gens …

Jane chante.

Jane danse. Virevoltant maladroitement sur ses jambes usées.
Le groupe des jeunes gens s’est rapprochés de la forme, immobile, qui gît sous la couverture.
Et Jane chante. Et Jane danse, virevoltant maladroitement sur ses jambes usées…

Esquisserait-elle…

… un entrechat  sur les sons des Limiñanas ? Y a des chances. Car quelque part, ça pourrait parler aussi un peu d’elle, sur ce nouvel album, tout frais sorti, au titre intriguant : « Faded »…

Liminanas
Crédit photo : Mathieu Zazzo

« Faded ».

Désuet, estompé, effacé, oublié. A l’instar de la pochette qui nous montre, ou plutôt ne nous montre pas une collection de visages féminins comme découpés par des ciseaux impitoyables. Minois de stars déchues, ou en passe de le devenir, que le passage des années, voire des décennies, n’a pas épargné. « Time Waits For No One » comme le constataient naguère les Stones… Et comme le musicalise maintenant les Limiñanas tout au long de ce fil conducteur qui nous guide sur les quatre faces vinylisées de rouge.

Liminanas
Dessin : Poup

Contrairement à « De Pelicula »…

… leur précédent opus, qui se voulait construit comme un véritable film, avec un début, un milieu et une fin, chaque chanson de « Faded » est indépendante et vit son petit scénario sur fond de tranche de vie, souvent cruelle et désabusée. Par contre on retrouve bien les obsessions cinématographiques de Marie et Lionel, grands fans devant les écrans cinémascope d’un cinoche millésimé, accros aux westerns ambiancés par Ennio Morricone et aux polars ricains ou frenchy de l’âge d’or des Trente Glorieuses.

The Limiñanas – Faded

Période bénie à leurs oreilles…

… car la recette musicale, reconnaissable au premier coup de tympan, reste toujours aussi efficace, toute en boucles hypnotiques avec ce mélange unique de garage psyché, de musique de film, de Pop Yéyé gainsbouroïde et de trouvailles « maison ». Mais foin d’une nostalgie poussiéreuse, les amours d’antan de Madame et Monsieur ne les enferment pas pour autant dans un passéisme gâteux. Au contraire il les malaxent jusqu’à leur donner une forme bien actuelle.

The Limiñanas – Tu viens Marie ?

Autre plaisir garanti…

… à chaque nouvelle livraison des deux cabestanyencs : les invités.
Les Limiñanas, amateurs de bonne becquetance partagée entre potes, conçoivent aussi leur disques comme une conviviale ventrée sonique où la porte du studio est grande ouverte à qui veut tenter l’aventure.

Liminanas

Et ils sont nombreux, les morfales…

… à se bousculer à l’entrée…
Pascal Comelade, le vieux complice.
Bobby Gillespie des Primal Scream.
L’Explosé du Blues Jon Spencer aux roucoulades délicieusement malsaines zé gloussements intensément cosmiques sur les déjantés « Space Baby » et « Degenerate Star ».
Bertrand Belin, autre acolyte de longue date, qui revient, crooner synthétique à la mèche électrisée, sur « J’Adore Le Monde », petit bijou de paroles à tiroirs.
Keith Streng, en petite virée hors Fleshtones, qui délivrent sa science six-cordesque sur « Louie Louie », efficace tribut au Garage originel hanté là par Suicide
Rover, orfèvre en matière Pop.
Anna Jean, du groupe Juniore.
Silvia Palmerini pour une délicate reprise d’  » Où Va La Chance  » de la grande Françoise Hardy.
Penny, jeune chanteuse anglaise qui, du haut de ses 23 printemps, nous met les poils par son interprétation de  » Faded « .
Le fidèle Alban Barate aux guitares et le compositeur David Menke aux claviers.

The Limiñanas – J’adore le monde avec Bertrand Belin

The Limiñanas – Où va la chance ?

Pas dégueu le plan de table…

…Peuvent être fiers, Lionel et Marie.
Marie qui, non contente de baratter sur sa batterie minimaliste un beat monolithique désormais estampillé « Limiñanas Trademark », pose cette fois-ci son organe sur trois chansons dont l’entêtante « Autour de chez moi », superbe ode tribale à la différence.

The Limiñanas – Prisoner of beauty avec Bobby Gillespie

Le soleil descend sur la plage de Malibu.

Surfeuses et surfers ont décampé vers les drive-in lorsque les flics ont déboulé. Ne reste sur le sable encore chaud qu’une couverture, un seau, une pelle et un pâté à moitié écroulé tel un Flanby apathique.
Qu’est-il arrivé à Baby Jane ?
Faded ?

Baby Jane

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