DYE CRAP – Life is Unfair
Photo – Charlotte ROMER©
Depuis une rue secondaire sinuant entre deux gratte-ciels, nous débouchons sur une artère un peu plus large. Le particularisme architectural environnant rendant la visibilité quasi nulle, et ne voulant pas nous précipiter aveuglément dans une avenue au risque de collision, nous progressons prudemment. Innocemment, une bicyclette nous passe sous le nez accompagnée du chuintement léger de ses pneus sur le pavé. Soudain, un énorme camion de chantier déboule dans un bruit effrayant, moteur et klaxon hurlant tels des chiens de l’Enfer ! Au passage, le souffle brûlant du véhicule nous carbonise sourcils et tympans. La musique de Dye Crap produit cet effet-là : zéphyr obliquant souffle desquamant !
DYE CRAP – Good Days Again
Sans vouloir réduire le quatuor a une resucée de ses aînés, des formations punk ou skate rock anglophones, une première écoute de Life is Unfair provoque des résurgences sonores chez l’auditeur. Via la structuration des morceaux alternant guirlandes de notes désaturées ou monosyllabiques et agression caractérisée, on pense à Lit, Good Charlotte ou Weezer. Et lorsque ça sursature, le coup de pompe au dargeot traumatise les sphincters, on souille ses sous-vêtements !
Damned ! Dye Crap balafre les platitudes quotidiennes. Caféine et codéine tournant glaces au citron, Life is Unfair devient l’étalon cocaïné d’un remontant adrénergique.
Homesick
En 2021, un premier album éponyme, davantage post punk à notre oreille, guitare peuplée d’effets « smith-iens », mariait énergie brute et résurgences grunges. Sur Life is Unfair, le propos tutoie la prise directe, « ravage » inscrit en gros sur l’étendard roidement levé. Outre, parfois, un trait de punk rock plus mélodique les « jours verts », les refrains adoptent souvent l’esprit Rancid lorsqu’il se fait « Oï ».
DYE CRAP – Live à la brasserie Spore (2021)
Si la pinte de houblon, tiédasse, « moussonne » et bulle péniblement, l’amateur d’étincelles passe son chemin. Si elle postillonne, il l’étreint. Alors, ouvrez bien grand vos bras, amies et amis du « bruit », parce qu’avec cet album Dye Crap nous la sert bien serrée, sans faux-col et débraillée. Lorsque vous aurez écouté l’album, nul doute qu’il garnira vos nuits blanches. Que demander de plus à la musique que de nous tenir éveillés ?
Thierry Dauge
DYE CRAP – Life is Unfair – Labels : Le Cèpe Records, Kids are Lo-fi, Time Room Records – Disponible le 20 octobre !