BLACK METAL – L’évolution du Culte
Avec BLACK METAL – L’évolution du Culte, Dayal Patterson, auteur britannique spécialisé dans la « sidérurgie » lourde, journaliste à Metal Hammer, réalise un passage en revue exhaustif du genre musical identifié ; religion impie, abyssale et (lapalissade) métallique. Originellement paru en 2013, l’ouvrage bénéficie enfin d’une traduction française via l’Editeur qui véhicule le rock !, Camion Blanc / Les Publications du Crépuscule. En fait, pour se procurer ce « beau » livre à l’insondable noirceur : format 21,5 x 29,5cm – 2kg – 626 pages bénéficiant d’un insert de 32 pages de magnifiques photos en couleur, couverture satinée et papier gaufré, il faut passer par la VPC et Les Publications du Crépuscule. Sur les plateformes « classiques » de vente par correspondance, il n’est disponible qu’en anglais.
MAYHEM – Freezing Moon
Le sujet étant traité par un adepte du Black Metal, confère le look et le port de l’auteur en quatrième de couverture, le lecteur est en droit de se questionner sur l’objectivité des propos. Dès l’introduction, les craintes sont levées. La prose est élégante, ponctuées de termes choisis sans qu’aucun avis personnel ne soit émis. De fait, le livre propose d’innombrables témoignages et points de vue de musiciens œuvrant au cœur du mouvement.
En matière de racines du « mal », Black Sabbath pour la « sombre lourdeur » accordée au traitement de ses chansons et Motörhead via l’aspect « extrême » de sa musique, la marche sonore et sonique qu’il fait franchir au rock à la fin des 70’s, font l’objet d’un plébiscite. A la sortie de la table de mixage, c’est Venom qui ouvre la voie (1979). Le trio démoniaque est suivi comme son ombre par d’autres combos encore plus sombres, musiciens grimaçants accélérant l’inexorable chevauchée vers l’Enfer.
VENOM – Buried Alive / Raise the Dead
Extra musicalement, outre les tenues cuir et clous potentiellement empruntées à Judas Priest, pendant à l’absence de couleurs à l’acception du noir, et éventuellement le rouge « hémoglobine » tel que Gene Simmons l’a toujours vomis avec Kiss, on note le « corpse paint ». Pour ce maquillage, yeux largement charbonnés sur fond de teint blafard, La quête éternelle des origines identifie deux pistes possibles. Soit King Diamond, chanteur du groupe de heavy metal danois Mercyful Fate, soit Dead, lorsqu’il endossa le rôle de chanteur au sein des norvégiens de Mayhem. Les Danois ayant émergé sur la scène internationale avant leurs collègues … et les suisses de Hellhammer alors ?! Ou les suédois de Bathory ?
BATHORY – The Return of Darkness and Evil
Pour en savoir plus, pour un tour complet du sous-sol méphitique où sévissent Black Metal et looks outranciers, trompettes de la mort septiques et putrides, êtres malveillants, mimiques insécures / menaçantes, emparez-vous de l’ouvrage, embarquez sur le Styx, baignez-vous dans les sérosités sataniques qui l’empoissent.
Mais je vous sens brûler du désir d’aborder la Légende par sa face médiatisée, les églises incendiées, le meurtre d’Euronymous par Varg Vikernes, d’autres crimes à l’arme blanche et dégradations d’institutions chrétiennes. Alors, plongez-vous au cœur du grimoire ! Destinés tant aux « fondus » qu’aux curieux ou nouveaux venus, ses runes vous posséderont.
Varg Vikernes – Mayhem – Venom – Mercyful Fate
Pour les profanes, comment distinguer le doom metal, le death metal ou le thrash metal du black metal ? Qu’il soit assaisonné d’indus, de hard core ou parfumé d’esprit progressif, viking et/ou symphonique, suivez le Guide !
Ce livre permet de s’y retrouver, nuance ses commentaires en fonction des formations disséquées. Autre élément, il indique par quel chemin non balisé, d’une démarche initiale cultivant le metal extrême, les acteurs basculent dans une idéologie satanique, blasphématoire, sacrilège et propice à une criminalité débordante.
EMPEROR – I Am the Black Wizrads
Dernier point, le phénomène, même s’il trouve son terreau en Angleterre via Venom, même s’il a essaimé à travers tous les continents, reste essentiellement centré sur les pays nordiques et plus particulièrement la Norvège. Pourquoi ? En dehors du cliché identifiant les Vikings comme terrifiants, indomptables, sanguinaires et sans pitié, hommes sauvages sanglés dans des peaux d’ours et bardés d’acier, leurs dieux musculeux : Odin, Thor ou Loki, prônant un esprit guerrier, rien n’y prédestinait. Cependant …
BURZUM – War
Vous en voulez plus ? Vous savez déjà tout ça mais souhaitez vous y replonger ? Que ce soit par curiosité ou par addiction, n’hésitez pas, procurez-vous l’Ouvrage. Il est attirant, bien rédigé, explicite et mystérieux.
Lorsque Alice Cooper, se démaquillant dans sa loge, quitte son avatar pour redevenir Vincent Damon Furnier, il rejoint la réalité. Lorsque les musiciens « démoniaques » effacent leurs corpse paint, reprennent-ils possession de leurs identités ?…
Thierry Dauge
BLACK METAL, L’évolution du Culte – Dayal Patterson – Editions du Camion Blanc / Les Publications du Crépuscule – 626 pages – 49€