Justine BLUE – True, l’Album
©Jym Bo
Si les sirènes sont des monstres, alors Justine Blue en est un délivrant sa « vérité » au sein d’un monstrueux album : True. Cela dit, afin de circonscrire au mieux la silhouette de l’attirante créature, jouons au jeu de pistes.
En pendant masculin de True, citons She (1994), la face soul / jazzy, rhythm and blues / funky d’Harry Connick Jr. Comme chez le néo-orléanais, les partitions de True voguent entre les genres tout en conservant des rythmes soyeux, groovy, entêtants. Sans complexité outrancière, le chemin de notes est serein, éprit de simplicité, de plaisirs partagés. A l’identique de l’image que Justine donne d’elle-même sur ce visuel « chlorophylé », on devine des fossettes de part et d’autre de son sourire alors qu’elle délie ses mélodies.
Justine BLUE – No Filter
A la poursuite identitaire du diamant français, anglophone et sans accent, nous parvenons à un croisement où s’ébauchent quelques esquisses. Afin de détourer plus précisément l’aquarelle, agrémentons notre palette de plusieurs couleurs.
Yellow Moon
Sur les trois quarts de Chesapeake (2011), Rachael Yamagata émet une sensualité proche de celle dont Justine fait preuve. Ajoutons lui une touche du Tapestry (1971), œuvre majeure de la talentueuse Carole King. C’est mieux mais insuffisant. Faisons sinuer notre pinceau entre les titres de Feels Like Home (2007), chansons feulées par Norah Jones, et, sur la feuille de Canson, les motifs se forment. Testons un camaïeu orangé, celui pratiqué par Claudia Lennear sur Phew ! (1973). Oui ? Non ? En matière de tessiture, il est fort possible que la vaporisation d’un trait de Diana Krall ravisse les teintes. Pour la musique, indiscutablement, les pigments utilisés prennent racines dans le divin Lady Soul (1968) de la « Reine » Aretha Franklin.
Justine BLUE – Rock Me Baby
Il n’y a pas qu’Adèle ou Amy Winehouse qui sachent ensorceler. Il n’y a pas non plus besoin de s’époumoner dans un micro, forcer la démonstration : « Look how powering I am ! », pour affirmer sa voix. Justine adopte la juste puissance ou le feulement nécessaire à l’interprétation des histoires qu’elle nous conte.
©Arbre E. Saldana – ©Juha HD
Des chorus de saxophone, d’orgue et de guitare sur bouquets de cuivres ou de piano traversent les chansons, jamais narcissiques, en situation. Au-dessus, tel un vent portant, la voix de Justine anime la formation jusque dans ses silences.
Willie and the Hand Jive
Avouons, en toute franchise, que cette chronique a pour objectif de vous inciter à tendre l’oreille vers True. Juste une oreille ? Oui, parce dès que vous l’aurez « posée » sur ces chansons et cette voix, même transversalement ou de façon aléatoire, vous serez foutus. Vous y plongerez et maintiendrez l’apnée. Métaphoriquement tel Jacques Mayol au bout de son rêve de Grand Bleu, vous vous immergerez dans son immensité.
Special Guest : Bravo aux musiciens !
Thierry Dauge
Justine BLUE – True – Sortie le 20/12/2022
Pour plus d’infos, CF Kebra’s Records