The BLACK CROWES – Olympia 2022
The Black Crowes dans le temple de la musique live parisienne, l’Olympia, ça faisait deux ans qu’on l’attendait. Initialement prévu en octobre 2020, repoussé en novembre 2021, octobre 2022 nous les livre (enfin !) guitares aux poings liées.
Avant de narrer l’épopée, finissons-en avec les prémices et remarquables non-événements. Généralisable à l’ensemble des concerts, outre les types de deux mètres qui viennent négligemment se placer devant vous, une nouvelle race est apparue (?) : les « chapeautés » (un lien avec Shrek ?). Le Stetson peut s’entendre, mais le bonnet ?! Messieurs, avec vos couvre-chefs, vous passez le mètre quatre-vingt. On pense « communauté » ou « individualisme » ? Autre accessoire « parasite » : le sac à dos. La fosse ne doit pas devenir une « défausse ». Les prestations live vécues « assis » ? Ah, ah, ah ! La bonne blague ! L’ambiance on la vit debout, au milieu des siens, sueur et chants mêlés.
L’objet du délit vient repousser, ou faire plus communément « chier », le spectateur postérieur à celui ou celle qui le porte. Le chroniqueur, râleur professionnel ? Et encore ! Abordons le sujet des téléphones qui viennent vous barrer l’horizon au prétexte de filmer les « gnomes » s’ébrouant sur scène. « Gnomes » ? Eh bien oui, à moins d’avoir un méga zoom …
… Bon. Sans eux, il n’y aurait pas de traces sonores de l’événement, qui plus est disponibles dans l’heure qui suit. Le chroniqueur, râleur, mais objectif.
On aborde Dewolff, le chauffe-salle ? Des moments ennuyeux, d’autres stimulants pour un rock typé 70’s parsemé, çà et là, d’un psychédélisme antérieur. Un organiste (Hammond), un guitariste (collectionneur, il change d’outil à chaque morceau) et un batteur (redoutablement efficace !) nourrissent la sono. Problème, centre salle, la guitare et sous-mixée ce qui voile les broderies de manche. Par contre, l’orgue, bien qu’intelligent, est envahissant. En studio, certainement plus mordant que vivant ; pour le moins ce soir-là.
Et The Black Crowes dans tout ça ? Les voilà !
The BLACK CROWES – Seeing Things (Olympia 2022)
Plantons le décor. A droite, une façade de maison en bois et en briques. Sur la véranda viennent se positionner deux choristes. A gauche, un comptoir de bar derrière lequel un barman reste planté tout au long du show, même si personne ne vient s’y désaltérer. Au centre, derrière la batterie, une porte fenêtre qui donne sur une sombre ruelle d’Atlanta – Géorgie. Lorsque les lumières s’éteignent, un juke-box reçoit une pièce de dix cents. S’élève alors « Shake Your Moneymaker », d’Elmore James (1960). La tournée ayant pour titre Shake Your Moneymaker Tour 2022, tout semble à sa place et le concert peut démarrer.
Intro + Twice as Hard (Olympia 2022)
L’album éponyme, Shake Your Moneymaker (1990), est joué intégralement. Un bonheur ! Les musiciens sont soudés autour de leur chanteur, Chris Robinson, Rich, son frère guitariste, en chef d’orchestre. Lorsqu’on sait que ces deux-là ne se sont pas adressé la parole pendant sept longues années, on se dit que la musique rassemble les hommes. Seule exception, la fratrie Gallagher, mais ceux-là sont irrécupérables et une bolée d’Oasis nous est à jamais interdite : till the end of time.
Chris est-il en voix ? S’est-il définitivement débarrassé de ses addictions ? Après deux morceaux où un doute survient quant à la santé de ses cordes vocales (centre arrière salle), le mixage général est revu et son splendide organe s’épanouit tous azimuts. L’extraordinaire enchaînement de « Wiser Time » et « Thorn In My Pride » en est témoin.
The BLACK CROWES – Wiser Time (Olympia 2022)
Quid ? « Wiser Time », trône sur Amorica (1994) et « Thorn In My Pride » sur The Southern Harmony and Musical Companion (1992). N’était-il pas question de Shake Your Moneymaker ? Et alors ?! Si les géorgiens souhaitent revoir leurs « classiques », ça dérange qui ? Certainement pas nous ! Bien au contraire ! Une version de « Sting Me » à décrocher la Lune et un « Remedy » canon en conclusion nous retrouvent en pâmoison.
Sting Me (Olympia 2022)
Outre un blues rock / soul rock de toute beauté, relevant de l’interaction des « sept mercenaires » dans leur écrin scénique, Mr Robinson sénior mérite une médaille. Non seulement il chante divinement bien mais il bouge, danse, tape des mains, incite, participant ainsi pour beaucoup à l’osmose qui unit groupe et public. A noter, il sait également manier l’harmonica, dixit le pont central et instrumental de « Thorn In My Pride », tornade encadrée de solos guitaristiques guerriers.
A l’issue de la soirée, un seul souhait : « Qu’ils reviennent, vite ! ». Ce que se sont dit toutes celles et tous ceux qui étaient-là ainsi que, par défaut, celles et ceux qui n’y étaient pas.
The BLACK CROWES – Remedy (Olympia 2022)
Pour le chroniqueur, le plaisir d’assister à un concert des Black Crowes ne s’est jamais démenti, il s’est toujours agi d’une réussite : Zénith 1995, Cigale 2013 et celui-ci.
Un peu « longuet » comme compte-rendu de concert ? On a ce qu’on mérite.
Thierry Dauge